À 28 ans, Richard Gasquet est l'éternel espoir du tennis français. Celui qui aurait dû devenir le premier français numéro 1 mondial à l'ATP de l'histoire du tennis français. Mais lui s'en fiche. L'esthète du tennis joue pour le plaisir et n'accorde que peu d'attention à ce que l'on peut bien dire de lui. Dans un entretien accordé au quinzomadaire Society, le Français n'élude rien, de la cocaïne à sa supposée homosexualité en passant par Nicolas Sarkozy et ses embrouilles avec les anciens joueurs français...
Cocaïne et "boucherie"
Celui qui occupe aujourd'hui la 21e place mondiale et qui fut un temps le 7e meilleur joueur du monde revient notamment sur l'épisode cocaïne. Contrôlé positif en 2009, Richard Gasquet a vécu une saison cauchemardesque après avoir été lynché médiatiquement. "Je me suis fait massacrer, raconte-t-il dans les colonnes de Society. C'était horrible. Tu allumes la télévision, tu te vois tout le temps. Je pars acheter L'Équipe Magazine, et je vois en titre Miami Vice. Une boucherie."
Résultat, le joueur de tennis se méfie de tout et contrôle tout, de ses couverts aux bouchons de bouteille, tout doit être vérifié : "Je me disais que quelqu'un aurait pu mettre un truc dedans. J'allais au restaurant, un pote commandait ce que j'allais manger et moi, son plat... Cette parano a duré toute la saison, jusqu'au début 2010." Une année charnière pour Richard Gasquet, qui a appris le contrôle positif de la bouche de son agent. "Je me suis dit : 'Putain, je ne suis pas bien. Qu'est-ce qui va se passer ?' J'ai appelé ma mère", poursuit le jeune homme qui se souvient également du jour où le contrôle à la cocaïne est devenu public, "un samedi" où il était chez son entraîneur d'alors, Eric Deblicker. "Tu sais que ça va arriver dans la minute. Une déflagration. Elle a bien plu, cette histoire...", se souvient-il avec un petit sourire.
Innocenté par la suite, Richard Gasquet recevra les excuses d'un Henri Leconte qui l'avait pourtant sévèrement critiqué. "Ouais, il a eu une réaction complètement conne. J'avais vraiment envie de le tuer sur le coup. Aujourd'hui, ça va, on s'est expliqué. Il sait qu'il a dit une connerie", révèle-t-il.
Sarkozy, Noah et impôts
Tout au long de son interview, Richard Gasquet balance quelques taquets à certains joueurs français qu'il ne nomme pas forcément. Et notamment lorsque vient la question de la politique, lui qui "jusqu'à la fin de [s]a vie" votera pour Nicolas Sarkozy, "par sympathie et par opinion, mais quand même plus par affinités", tous les deux partageant l'amour du Paris Saint-Germain et du tennis. Tous de droite, les joueurs de tennis ? Apparemment, non. "Ouais, il y en a, même des joueurs de Coupe Davis, qui votent à gauche. Vivant en Suisse, en plus", balance-t-il.
Mais politique et sport ne font pas bon ménage selon lui : "Certains parlent politique et je les trouve ridicules, comme Yannick. Sincèrement, je les trouve pitoyables de démagogie et de connerie. (...) Le sportif ou l'artiste qui parle de politique, ça m'énerve. C'est viscéral. Que chacun reste à sa place." Yannick Noah, chanteur engagé qui n'a jamais hésité à prendre parti ou à s'opposer à certains hommes politiques, appréciera...
Autre sujet de discorde qui touche également les joueurs de tennis, leur installation en Suisse. Richard Gasquet assume et les critiques ne le touchent pas. La Suisse, c'est pour les impôts. "Comme tous les joueurs français, répond-il. J'assume. (...) Quand j'aurai fini ma carrière, je rentrerai, comme ça, on arrêtera de me gonfler... Sincèrement, ça ne me dérange pas de me faire taper dessus pour ça. Je ne dis pas que je suis irréprochable ou quoi. Je n'ai pas de leçons à donner. Ni à recevoir."
Richard Gasquet, un entretien à retrouver dans les pages de Society du 15 mai 2015