C'était devenu un secret de polichinelle que L'Equipe s'est empressé de confirmer : Teddy Riner sera le porte-drapeau de la France lors des Jeux Olympiques de Rio, du 5 au 21 août 2016. Le judoka, au palmarès incroyable, succède à l'escrimeuse Laura Flessel et a été préféré au perchiste Renaud Lavillenie et à Tony Parker, un de ses proches. Le soir de la cérémonie d'ouverture, c'est donc Teddy qui mènera les 409 athlètes français qui s'illustreront dans 30 sports durant cette 31e Olympiade.
Le nom de Teddy Riner a "été annoncé par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), vers 20h sur les Champs-Elysées, juste après le troisième couronnement de l'Anglais Chris Froome, nouveau roi de la Grande Boucle", écrit l'AFP.
Riner était tellement favori qu'il était partout dans la presse ce week-end. L'Equipe magazine lui consacre même un numéro entier, qui revient sur tout son parcours, de sa jeunesse à ses titres mondiaux, pour lequel il pose en couverture avec ses potes Thierry Henri et Tony Parker.
Dans ce numéro spécial, il est beaucoup question des proches de Teddy Riner et plus particulièrement de ses parents. C'est Thierry Henry qui ouvre le bal en déclarant : "Au football, si tu es un peu moins bien, le mec à côté peut te couvrir pendant vingt minutes. Au judo, tu es seul, et je pense que son coach est encore plus important que le nôtre. Il devient son team-mate, son meilleur pote, son confident. Sur un terrain, je recherche un peu moins le regard de mon coach. Lui, sur un tatami, un petit signe des doigts, un regard suffisent." Et Teddy Riner, ce grand nounours de 2m04 pour plus de 100kg, de rebondir : "Je vois plus souvent mon entraîneur que mon père. Parfois, le simple fait de l'apercevoir quand je suis un peu moins bien, ça me relance."
En mars dernier, L'Equipe Mag' a profité de la Coupe Davis organisée en Guadeloupe pour rencontrer les parents de Teddy Riner. Moïse, son père postier, et Marie-Pierre, sa maman. Une mère aux petits soins pour son grand sportif de 27 ans, huit fois champion fois du monde : "S'occuper des kimonos, c'est ma partie à moi. (...) J'ai une manière de laver ses kimonos, de les étaler parterre, de regarder chaque tache. Derrière un kimono blanc, il y a l'athlète blessé qui saigne. Et le sang, si on utilise un mauvais produit, le kimono est 'gâté' à vie. À force, en cinq minutes les sacs de Teddy était faits. Jamais l'équipe de France n'a téléphoné pour dire que Teddy avait oublié quelque chose", s'enorgueillit sa maman, grand-mère d'un petit Eden que son fils a eu le 1er avril 2014 avec sa compagne Luthna.
Dans ce large dossier consacré au champion des tatamis, son père révèle par exemple qu'il était plus doué en football lorsqu'il était petit. Il partage également l'un de ses plus mauvais souvenirs : "J'ai quand même un souvenir terrible. On montait souvent dans les arbres, raconte Moïse. Et Teddy est tombé un jour, sur des tessons de bouteille. Le genou coupé à vif. Il devait avoir 7 ou 8 ans. Il a toujours la cicatrice."
Une chose est certaine, le champion peut compter sur ses parents pour le mettre sur la bonne voie. Son père Moïse se montre même très pragmatique : "Sportivement, il a des résultats. Il pourrait très bien faire plus travailler ses méninges. Un homme accompli, c'est quoi ? Si vous n'avez que le judo, que du sport, sans penser à autre chose, bonjour les dégâts. On voit d'ailleurs des gens à qui l'on donne des sommes astronomiques mais ils ne savent pas lire, et ils sont couillonnés de droite à gauche. C'est pour ça que je m'occupe un peu de ses affaires. J'aime un peu les papiers, j'aime un peu les chiffres. J'aime aussi comprendre ce qu'on dit. Avoir un avocat, bien s'entourer, c'est important."
Ses revenus, Teddy Riner en parle avec ses copains Tony Parker et Thierry Henri. En tant que basketteur, star de la NBA, et footballeur, ils en ont amassés des millions. Le judo est un sport moins exposé et Riner n'a touché "que" 2 millions en 2014 : "Je suis content de ce que je gagne, dit-il dans L'Equipe Magazine. Je ne suis pas envieux, ni jaloux [des revenus de ses amis, NDLR]. Ce que je gagne me suffit." Et la suite, il y pense bien sûr : "J'ai vite compris que chaque sou gagné allait me permettre demain d'être mon propre patron. Un jour j'ai dit à mon père : 'Papa, je vais te ramener le bac, mais je n'aurai pas besoin de diplômes pour faire ce que je veux faire.' (...) Demain, je veux m'occuper de ma famille et profiter (...) Ce que je veux, à la fin, c'est me poser, profiter." Mais avant, Teddy Riner à une nouvelle page de l'histoire du sport tricolore à écrire à Rio 2016. Toute la France est derrière lui.
L'Equipe Magazine, en kiosques le 23 juillet 2016.