Sandrine Bonnaire parle, avec sincérité et pudeur à la fois, de l'amant de sa mère...
Publié le 28 avril 2010 à 21:13
Par Samya Yakoubaly | Rédactrice
Cinéphile, elle adore regarder des bande-annonces et des moments historiques à la télévision. Le prochain James Bond ou le discours d’investiture de Barack Obama lui donnent les mêmes frissons.
Sandrine Bonnaire, en couverture de Psychologies Magazine du mois de mai 2010 Sandrine Bonnaire, en couverture de Psychologies Magazine du mois de mai 2010
Sandrine Bonnaire
Le soleil me trace la route, conversations avec Tiffy Morgue et Jean-Yves Gaillac (aux éditions Stock)
William Hurt
La suite après la publicité
Sourire radieux, charisme indéniable, Sandrine Bonnaire captive l'attention avec sa beauté franche et son talent inné. De nature discrète et pudique, la comédienne française s'est toutefois livrée à travers un témoignage touchant, abordant des sujets délicats comme son agression ou l'avortement. Ce livre s'intitule Le Soleil me trace la route, conversations de Sandrine Bonnaire avec Tiffy Morgue et Jean-Yves Gaillac. Nombreux ont été les magazines à l'interroger sur cette décision d'ouvrir son coeur. C'est au tour de Psychologies Magazine de jouer au divan pour cette actrice passionnante. Extraits.

Elevée dans une famille de onze enfants, Sandrine a très tôt affronté les responsabilités mais cela lui a permis de gagner en énergie et en sens du devoir. Néanmoins, à l'époque, les relations n'étaient pas forcément évidentes avec sa mère, souvent absente : "Quand votre mère connaît l'amour avec un autre homme que votre père, forcément, vous ne pouvez pas vous empêcher de la juger, de vous dire qu'elle a tort." Témoin de Jéhovah, sa mère impose les réunions des Témoins mais la comédienne n'en est pas traumatisée : "C'était juste très chiant." Aujourd'hui, avec le recul de l'âge et l'expérience d'être mère à son tour, Sandrine a tiré des leçons : "Etre mère ne suffit pas pour être heureuse, il faut aussi rester femme."

De cette histoire d'amour entre sa mère et un autre, l'actrice va en tirer un film. Ce n'est pas sa première expérience en tant que réalisatrice puisqu'elle a déjà signé un documentaire sur sa soeur, autiste, Elle s'appelle Sabine mais elle a également réalisé un court-métrage contre le racisme, Le Dessin de Paul. A présent, elle s'attaque à un long métrage inspiré de l'histoire d'un homme que sa mère a aimé et qui l'a aimée : "Finalement, le thème n'est pas tant celui d'un amour entre un homme et une femme qu'entre cet homme et un enfant de cette femme. [...] Il était l'amant légitime de notre mère, puisque c'était celui qu'elle avait connu avant notre père et avec lequel elle aurait dû se marier."

Des années plus tard, elle a croisé cet homme devenu SDF : "Il s'était laissé mourir de l'intérieur parce qu'il ne se remettait pas de son amour pour ma mère." Pour incarner ce personnage, la réalisatrice a choisi son ancien compagnon William Hurt, père de sa première fille, Jeanne, âgée de 16 ans (elle est désormais mariée au scénariste Guillaume Laurant avec qui elle a eu une seconde fille, Adèle, 5 ans).

Si la séparation avec Hurt a été douloureuse, elle a fait d'ailleurs de l'hypnothérapie, elle entretient avec lui de très bonnes relations aujourd'hui : "C'est génial de se dire : je suis fière de ce mec, même si la relation de couple s'est arrêté, j'ai eu raison de l'aimer et d'avoir un enfant avec lui. C'est rassurant de voir que l'on a fait les bons choix, que l'on ne s'est pas trompé." Elle ajoute : "Quand Bill [William Hurt] vient à Paris, on dîne tous ensemble. [Guillaume et William] s'entendent bien. J'ai deux enfants et cela me paraît essentiel que le père de l'une accepte celui de l'autre."

Durant son entretien, elle aborde de nouveau l'agression qu'elle a subie lors du tournage du film C'est la vie avec Jacques Dutronc. Alors qu'elle était en pause de quelques jours à Paris il y a dix ans, elle a été victime d'un terrible passage à tabac. Elle n'aborde pas l'agression elle-même mais ce que cela a entraîné : "Je pense que cela m'a renforcée. D'abord, je connais mieux mon corps, j'en ai plus conscience. Ne serait-ce que parce que j'ai des dysfonctionnement physiques maintenant. [...] Je ne suis pas devenue plus méfiante, simplement, je sais que ce genre de choses ne m'arrivera plus."

Bientôt, c'est à Cannes qu'on pourra la croiser puisqu'elle est marraine du pavillon des Cinémas du Monde, en compagnie du réalisateur cambodgien Rithy Panh.

Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans Psychologies Magazine du mois de mai 2010.
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