À 27 ans et une belle carrière sur les planches, Sara Giraudeau marche dans les pas de ses parents, Bernard Giraudeau et Anny Duperey.
Cinq ans après avoir remporté le prix Raimu et le Molière de la révélation féminine pour La Valse des pingouins de Patrick Haudecoeur, sa deuxième expérience au théâtre, la comédienne continue de jouer avec les mots de Jean Anouilh dans L'Alouette, où elle incarne une Jeanne d'Arc "qui a du chien".
Interviewée par Paris Capitale, Sara Giraudeau avoue pourtant ne pas avoir rêvé de cinéma étant plus jeune : "J'ai longtemps souhaité devenir vétérinaire, mais mon niveau en maths était insuffisant. Puis, pour avoir toujours vu ma mère coudre et se confectionner ses vêtements elle-même, j'ai très sérieusement pensé à devenir styliste. Là, nouvelle déception : le monde de la mode n'était pas le mien."
Car avant de parvenir au sommet, l'actrice traverse une sombre période : "L'école était pour moi une vraie souffrance. Je m'étais construit une bulle de protection qui était ma famille ; le week-end et chaque dimanche soir me rendaient physiquement malade. Je ne pouvais envisager de quitter mes parents, ne serait-ce que pour partir en vacances. J'ai fini par faire une dépression, mais mes parents, qui eux-mêmes n'avaient pas fait d'études, ne se rendaient compte de rien." Lorsqu'elle doit redoubler sa seconde, elle décide de tout quitter. Quinze jours plus tard, elle essaie une nouvelle école moins rigide qui lui redonne goût aux études et lui permet d'obtenir son baccalauréat avec mention.
Parallèlement à ses études au cours de théâtre de Jean-Pérominy, Sara Giraudeau souhaite s'émanciper de ses parents et devient postière (elle déchirait les tickets à l'entrée de la salle) à la Gaîté-Montparnasse pendant deux ans. "Ma mère me demandait, 'Mais pourquoi fais-tu cela ?' Je lui répondais que je ressentais le besoin d'être dans la vraie vie, de gagner mon propre argent."
Disparu en 2010, son père Bernard Giraudeau était le premier à craindre pour elle lorsqu'elle s'est lancée dans la comédie : "Mon père transposait beaucoup sur moi. Il a préféré réagir par le silence. Il connaissait trop les hauts et les bas, la douleur et la souffrance de cette profession. (...) Je me souviens que mon père m'avait dit : 'Il ne faut pas que tu l'aies, ce Molière, car après, ça va être l'enfer !' Il voulait dire qu'à chaque fois qu'un acteur obtenait un prix, cela devenait très dur pour lui. Que le téléphone ne sonnait plus, tout le monde le croyant trop occupé. C'est exactement ce qui s'est produit pour moi."
Loin d'être découragée, Sara Giraudeau a attendu que sa victoire aux Molières passe et que les projets reviennent. Celle qui se définit comme une personne "très mélancolique qui pourtant n'a pas la tête dans les nuages" avoue que sans son métier, sa vie serait "une bataille de tous les jours". Néanmoins, elle a trouvé une nouvelle forme de bonheur avec sa fille Mona, née en mai 2011, soit deux mois après la mort de son père Bernard Giraudeau. "Donner la vie, c'est quelque chose d'indispensable et qui ne s'arrêtera pas là. Je ne compte pas en rester là !"
Retrouvez l'interview de Sara Giraudeau dans 'Paris Capitale', juin-juillet 2012.