Jusqu'à ce que que Guy Ritchie arrive avec ses ralentis et sa pyrotechnie explosive, Sherlock Holmes squattait les vieilles ondes de la télévision avec une loupe et une pipe. Révélé dix ans auparavant avec le polar branché Arnaques, Crimes et Botaniques et médiatisé depuis son mariage avec Madonna, le réalisateur anglais métamorphose l'enquêteur tranquille en détectice survitaminé dans un blockbuster tonitruant, carton phénoménal de l'année 2009.
Avec 530 millions de dollars amassés à travers le monde pour un budget de 90 millions, Sherlock Holmes n'aura attendu que quelques années avant de revenir sur nos écrans. Pourtant, Guy Ritchie confie à Studio Ciné Live : "Nous avons beaucoup réfléchi avant dans nous lancer. (...) Nous devions nous renouveler. Retrouver, autant que possible, l'effet de surprise du précédent épisode." Résultat : malgré des chiffres en deçà de ceux du premier film, Sherlock Holmes : Jeu d'ombres, qui sortira en France le 25 janvier, cumule déjà 172 millions de dollars sur le territoire américain, 222 à travers le monde.
Pourtant, à une époque où Transformers et Spider-Man rapportent gros, le pari d'un détective vieillot n'avait rien de gagné. Pointure du blockbuster, Joel Silver (Matrix) avoue : "Je me souviens avoir reçu un appel des studios me demandant si j'allais bien. Un film sur un héros victorien ? Avec un Américain au faux accent anglais ? Et un cinéaste dont aucun film n'a dépassé les 50 millions au box-office ? Mais j'étais sûr qu'il y avait une combinaison qui pouvait faire des étincelles."
Plutôt habitué aux petites frappes modernes, Guy Ritchie apporte avec lui une sacrée dose d'effets spéciaux, de glamour et d'humour. Il insiste même pour zapper le célèbre chapeau de Sherlock Holmes et la réplique culte "Élémentaire mon cher Watson ?", histoire d'offrir une nouvelle jeunesse au duo.
Car malgré le charme de Rachel McAdams, Kelly Reilly et la nouvelle venue Noomi Rapace, c'est bel et bien Sherlock Holmes et John Watson qui mènent le récit, et plus si affinités, si on écoute le réalisateur : "Ils sont clairement amoureux l'un de l'autre. Mais deux amis très proches peuvent être amoureux, cela ne signifie pas nécessairement qu'il y ait passage à l'acte".
De son côté, Robert Downey Jr. confirme que le sous-texte homosexuel de la relation est assumé : "Au début du film, Holmes, travesti en femme, balance Mary, que Watson vient tout juste d'épouser, hors du train en déclarant au pauvre époux : 'Il fallait le faire'. Vingt-cinq secondes plus tard, il invite celui-ci à s'allonger sur lui. Disons que Holmes est du genre possessif (rires). Et qu'avec Jude (Law), nous avons adoré joué sur cette ambiguïté. Qui est, par ailleurs, complètement de notre époque où les moeurs évoluent." De quoi offrir une toute nouvelle perspective aux amateurs de blockbusters.
Retrouvez le dossier et les interviews de Sherlock Holmes : Jeu d'ombres dans Studio Ciné Live, février 2012.