Des parents "outrés et effarés", une opinion publique sous le choc. La mort de Nicolas, l'adolescent de Poissy (Yvelines) qui s'est suicidé le 5 septembre 2023 après s'être plaint de harcèlement, a été suivie par la divulgation d'une lettre du rectorat de Versailles accablant les parents qui auraient "remis en cause" l'attitude des personnels de l'établissement, quelque temps avant que leur enfant ne mette fin à ses jours. Face à ce scandale, le ministre de l'Education nationale Gabriel Attal a promis un "électrochoc à tous les niveaux".
Outre un audit sur la gestion des cas de harcèlement de septembre 2022 à septembre 2023 dans chaque académie, afin que des moyens humains soient dégagés en fonction des résultats, et une enquête administrative qui doit rendre ses conclusions sous 15 jours, le successeur de Pap Ndiaye a annoncé l'essai d'une méthode venue des pays nordiques si souvent montré comme exemple en matière d'éducation.
Gabriel Attal veut lutter contre le harcèlement scolaire avec des mesures coercitives et répressives mais également à la source, et pour ce faire, il aimerait tester les cours d'empathie. Un concept existant dans les pays nordiques (Finlande et Danemark) qui est inédit en France. Le but est d'apprendre aux enfants à reconnaître les sentiments de leurs camarades, indique le site du Figaro : "Ces exercices permettraient, à terme, d'apprendre le "respect de l'autre" et d'empêcher, autant que faire se peut, les comportements violents."
Comment ces leçons sont-elles organisées ? Au Danemark, l'empathie est enseignée de 6 à 12 ans, sous forme de jeux et d'échange. Il faut aussi apprendre aux enfants à reconnaître leurs propres émotions - colère, jalousie, joie - avec l'auto-empathie. "Il faut que les très jeunes connaissent leurs émotions, leurs besoins par rapport à ses émotions et qu'ils apprennent à les formuler de manière bienveillante", explique Vanessa Esma Saban, enseignante à Bruxelles au Figaro. Puis en grandissant, la professeure propose des jeux de rôles pour que chacun réalise comme il réagirait à certaines situations et que certaines réactions peuvent bouleverser l'autre. L'objectif est d'en finir avec un système, un jeu de pouvoir où le harceleur se sent tout puissant. Ce dernier peut d'ailleurs lui-même être victime de harcèlement dans une autre sphère de sa vie et pense que faire peur ou ridiculiser apporte le pouvoir.
Une leçon d'un genre nouveau qu'il faut donc accompagner d'un autre discours, d'après la psychologue et clinicienne Isabelle Miguet qui encourage à être conscient des forces aussi "négatives" qui sont en nous pour mieux les appréhender, et qui font que souvent les autres élèves ne défendent pas un individu harcelé de peur d'en devenir un, soit une "pulsion d'autoconservation pure". Apprendre à coopérer avec les autres pour résoudre les problèmes est une piste pour détruire le cercle vicieux du harcèlement.