Rarement Vanessa Paradis aura été si présente sur les écrans de cinéma en l'espace de quelques mois. Avant Cornouailles le 18 avril 2012, elle sera à l'affiche des envoûtants Dubaï Flamingo le 11 janvier et Café de Flore le 25 janvier.
C'est pour ce dernier qu'elle se retrouve dans les pages de Numéro, entre deux photographies en noir et blanc. Alors que Café de Flore vient de rencontrer un beau succès au Canada, terre natale du réalisateur Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y.), l'actrice revient sur son désir de se jeter dans ce rôle fort : "J'aimais beaucoup le travail de Jean-Marc Vallée mais à la lecture du scénario, j'ai été complètement séduite, chamboulée. C'était un rôle que je n'avais jamais joué, très fort. Je ne me suis pas posé un tas de questions : je voulais incarner cette femme (...) Pour Jean-Marc, en revanche, ce n'était pas si évident : au départ, il ne me voyait pas tant que ça dans le rôle !"
Café de Flore est de ces films quasi-impossibles à décrire, plus proche de l'expérience que du divertissement. À partir d'un détail mystérieux, le scénario relie à travers les époques et les océans une mère célibataire dans le Paris des années 60, résolue à élever son fils trisomique pour lui assurer un avenir normal, et un DJ dans le Montréal contemporain, séparé de la mère de ses enfants et à nouveau amoureux.
Depuis sa présentation à Venise, Café de Flore poursuit discrètement mais sûrement son bout de chemin. Vanessa Paradis y trouve l'un de ses plus beaux rôles, loin de son aura glamour : "À la fois pour le personnage et à cause de ce que je véhicule, il fallait gommer toute séduction. (...) Par étapes, on a élagué de plus en plus : tous les artifices, tous les attraits. On a foncé mes cheveux pour me durcir le visage, je n'ai pas de maquillage, pas même de fond de teint."
À 38 ans, l'actrice, compagne de Johnny Depp (avec qui elle a deux enfants), chercherait-elle à se réinventer au cinéma avec des rôles forts ? "J'ai toujours eu envie de ça. Mais je pense que le fait d'avoir un autre métier par ailleurs joue : ma vie ne tourne pas autour des rôles que je peux avoir ou pas. (...) Si j'étais "uniquement" comédienne, l'envie de tourner avec tel ou tel cinéaste pourrait être un moteur suffisant. Mais là, je n'ai le temps que de faire des films pour lesquels je m'enflamme."
À l'approche des fêtes de Noël, Vanessa Paradis ouvre enfin une petite page nostalgie et revient sur son amour de la comédie musicale, ces films qu'elle "buvait littéralement des yeux" le soir à la télévision. Un âge d'or hollywoodien aujourd'hui disparu, qu'elle a effleuré dans Atomik Circus, le film déjanté des frères Poiraud où elle chantait dans un trou paumé. De quoi rêver de tourner avec Christophe Honoré, le cinéaste français le plus musical du moment depuis Les chansons d'amour et Les bien-aimés ? "Ce sont plus des films en chansons que de la comédie musicale. Mais j'aime son cinéma et j'adorerais jouer et chanter dans un de ses films. Il suffirait qu'on y danse encore peu plus, et cela serait vraiment parfait." À bon entendeur.
Retrouvez l'interview de Vanessa Paradis dans Numéro, décembre 2011.