Cela aurait pu être un simple clash, court mais intense, avec le sniper Eric Zemmour, comme il y en a tant sur le plateau de l'émission de Laurent Ruquier sur France 2, On n'est pas couché. C'était la vision de Zemmour du prochain téléfilm de Yamina Benguigui où il considérait qu'elle donnait une version un peu "plus belle la vie" et "bobo de banlieue", dans ce nouvel épisode d'Aïcha diffusé sur France 2 le mercredi 2 mars. Toutefois, pour Yamina Benguigui, réalisatrice et adjointe à la Mairie de Paris en charge des droits de l'homme et de la lutte contre les discriminations, les choses ont pris, depuis son passage à la télévision, une évolution très inquiétante : elle est victime de menaces depuis le week-end dernier, au point d'avoir eu recours à une protection policière, relate le Parisien de ce jour.
Jointe ce matin par nos soins, Yamina Benguigui nous a déclaré : "Avec la vie que j'ai eue, je n'ai jamais eu peur de rien. Pour la première fois, j'ai peur." Des propos graves qui résultent de l'arrivée, dès le lundi 21 février à la mairie de Paris, de mails très menaçants. Puis, dans son bureau, son assistante a reçu des appels encore plus menaçants disant, pour ne citer qu'un effrayant exemple : "On va vous défigurer, on va vous exploser la gueule"...
Ces attaques visent son assistante, mais aussi Farida Khelfa et Saïda Jawad (compagne de Gérard Jugnot), les deux comédiennes qui étaient avec Yamina Benguigui chez Laurent Ruquier pour la promotion de son téléfilm Aïcha. "Si le fait de voir trois femmes arabes (jolies, intelligentes, qui ont réussi et défendent les questions sensibles ndlr) ensemble à la télévision déclenche des insultes, c'est inacceptable. Depuis dix-sept ans que je travaille sur ces sujets-là, je n'ai jamais eu de telles réactions".
Yamina Benguigui se veut toutefois très claire par rapport à son altercation verbale avec Eric Zemmour, chroniqueur controversé qui vient d'être condamné dans une toute autre affaire pour provocation et incitation à la discrimination raciale : "Je ne lui en veux pas, je ne le tiens en aucun cas responsable de cela. C'est une frange de la société qui se défoule sur les femmes d'origine maghrébine. De plus, les tensions actuelles dans le monde arabe provoquent des inquiétudes et certains cherchent des boucs émissaires", nous a-t-elle déclaré. Elle met l'accent toutefois sur le fait que ce genre de réaction, ces insultes à l'encontre de femmes d'origine arabe, est un "phénomène nouveau et très inquiétant".
Par la mairie de Paris et le préfet, elle a obtenu (sans n'avoir rien demandé) la protection d'un agent de sécurité, voire d'un second jusqu'à ce que la situation se calme : "Ils connaissent mon adresse et celle de ma société de production," a t-elle déclaré au Parisien. Les mails et les appels font l'objet d'une enquête de la police : "Ces individus abrutis vont être retrouvés", nous a assuré la réalisatrice.
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