Sa pâtisserie-boudoir éphémère a des allures de Versailles. Zahia Dehar serait-elle une Marie-Antoinette des temps modernes ? Celle qui se fait appeler "Mademoiselle" et se déplace toujours avec volupté, comme si le temps s'arrêtait, s'est confiée dans son salon poudré à l'occasion d'une discussion singulière avec l'écrivain Anne Berest pour le magazine Grazia. Révolution arabe, cupcakes et passé d'escort... Il était une fois Zahia !
Zahia aime la femme. La femme libre à la féminité affirmée. "Je les regarde et je suis triste. Triste parce qu'elles vont faner", indique l'ex-escort girl devenue créatrice de mode. Zahia a peur de cette notion de temps : "Ce qui me fait peur, c'est la vieillesse et la mort."
"Être désirée ne veut pas dire que l'on est soumise"
A 21 ans, Zahia prône la liberté de la femme. Et lorsqu'on lui demande si l'image de "femme gâteau" n'est pas un peu trop réductrice, la jeune femme répond : "Pour être prise au sérieux, il faudrait se couper les cheveux et porter des pantalons ? Je ne suis pas d'accord. Il faut aimer ce que représentent les femmes pour les défendre."
Elle poursuit : "Je n'aime pas la propagande contre la féminité. Et être désirée ne veut pas dire que l'on est soumise."
"J'aurais pu être une hippie dans les années 70"
Si Zahia semble vivre dans une bulle rose poudré à l'image de sa superbe pâtisserie boudoir éphémère qui se tient à L'Éclaireur (75008), détrompez-vous, elle est en constante observation du vrai monde. Elle évoque d'ailleurs, non sans surprises, l'actualité et plus précisément la révolution arabe, un sujet qui touche particulièrement la jeune femme née en Algérie à Ghriss. "Je trouve très bien ce qui s'est passé avec Morsi. Le peuple égyptien a viré les extrémistes, il nous montre qu'on peut être arabe et vivre sa vie comme on la souhaite. Tous ces peuples à qui l'on a volé la vie, le droit de rigoler et de regarder des images...", explique la belle. Zahia continue ensuite sur l'Afghanistan, le sauvetage de la France au Mali, les barbus... A 21 ans, elle affiche une aisance sur l'actualité des plus impressionnantes.
Observatrice du monde qui l'entoure, la jeune créatrice lance : "J'aurais pu être une hippie dans les années 70."
"J'ai été humiliée. Tout cela s'est passé malgré moi"
Quand elle revient sur son passé d'escort, celle qui racontait récemment son enfance très "dure" confie : "Oui, j'ai été humiliée. C'est pour cela que je n'avais pas d'autre choix : réaliser mon rêve. Être styliste. Faire un salon de thé comme ici." Avant d'ajouter : "Tout cela s'est passé malgré moi. Il fallait que je fasse avec. Maintenant, c'est moi qui décide pour moi." Une belle revanche pour Mademoiselle Z.
Rappelons que le très attendu procès de l'affaire Zahia s'est ouvert mardi 18 juin devant le tribunal correctionnel de Paris, avant d'être finalement renvoyé après une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par l'avocat de Franck Ribéry.
La pâtisserie-boudoir éphémère de Zahia Dehar est ouverte depuis le 1er juillet et se tiendra à L'Éclaireur jusqu'au 15 juillet.