Une grande carrière et un grand coeur... Voilà la phrase qui pourrait rapidement résumer Michel Drucker. Dans son livre paru en octobre 2013, le célèbre animateur est revenu sur le moment où il a connu le creux de la vague. À 55 ans révolus, son émission Champs-Elysées prend fin et il n'a pas d'autres projets vraiment concrets. C'est alors que son collègue Jacques Martin déserte le petit écran pour raisons de santé. Le coeur lourd, le monde de la télévision apprend qu'il ne reviendra pas, sa convalescence étant trop longue et surtout "délicate". Le patron de France 2 contacte alors Michel Drucker pour savoir si ce dernier souhaite remplacer le malade.
Gêné, le mari de Dany Saval tient absolument à demander l'approbation de Jacques Martin avant de prendre sa décision. Les deux hommes organisent une rencontre qui n'aura malheureusement jamais lieu... "Il annule notre premier rendez-vous. Puis le deuxième. Le troisième, aussi. Il est fatigué, la convalescence est délicate... Au fond, je comprends qu'il ne veut pas me voir parce qu'il ne veut pas que je le voie. Diminué sur son lit, il n'a pas envie de recevoir le type plus jeune, valide, à qui on propose de le remplacer en son royaume. Constater que le monde continue de tourner sans vous doit être insupportable...", raconte-t-il.
Pour prouver sa bonne foi, Michel Drucker envoie donc un gourmand présent à l'animateur alité. Mais son cadeau ne plaît pas, bien au contraire. "Ne sachant plus quoi faire, je lui envoie une grosse boîte de chocolats. En retour m'arrive un mot que j'ai conservé – et qui a filtré à l'époque dans la presse : 'Je ne savais pas que Michel Drucker avait assez d'humour pour envoyer des chocolats à un diabétique'. Comme ça. Grinçant et sec. Lapidaire", explique-t-il ensuite.
Finalement, Michel Drucker accepte la succession mais ne cessera jamais de culpabiliser. "J'ignorais évidemment que les chocolats lui étaient interdits. Cette affaire a commencé à devenir un de mes regrets professionnels. J'aurais voulu que nous nous parlions, en tête à tête, qu'il officialise cette succession et que je m'y sente autorisé par lui. (...) Hélas, nous ne nous sommes jamais vus", déplore-t-il en conclusion. Moins d'un an plus tard, Jacques Martin décède finalement des suites d'un cancer généralisé...