Sujettes à une polémique qui ne devrait pas désenfler de sitôt, les Victoires de la Musique sont parvenues à donner partiellement tort à ceux qui avaient parié sur leur totale consensualité.
Charlotte Gainsbourg était ainsi annoncée en triomphatrice, avec trois nominations à mettre au crédit de l'album IRM, mais, malgré la présence de son compagnon Yvan Attal dans les gradins du Zénith, antre de cette 25e édition des plus prestigieuses distinctions musicales nationales, elle n'a pas eu le bonheur de monter sur scène pour autre chose que pour y chanter au cours d'un étrange medley hommage à Michael Jackson.
Benjamin Biolay, a contrario, a bien converti les trois citations reçues pour La Superbe, acceptant avec un panache dans lequel la provocation est un art subtil les Victoires d'Interprète masculin et d'Album de chansons de l'année.
Olivia Ruiz, Miss Météores en 2009, est... miss 100% en 2010 : deux nominations, deux sacres, qui nous ont valu des sanglots très contagieux et une déclaration d'amour aussi inattendue que flamboyante à son compagnon Mathias Malzieu, présent dans la salle parisienne. A noter que Biolay et Ruiz étaient les deux interprètes encensés par les récents Globes de Cristal.
Par bonheur, un p**ain de baril de poudre punk est passé dans cette soirée à la présentation bien trop hétérogène pour être et crédible et divertissante : Izia Higelin, qui, à 19 ans et avec son tout jeune premier album, se mêle au podium avec deux Victoires - Album rock et Révélation scène (tu m'étonnes, Simone).
Dans le sillage des effusions d'Olivia Ruiz, la dernière (last but not least) lauréate de la soirée a également offert une belle preuve d'amour à son compagnon. Choisie par les suffrages du public au détriment de Biolay, Calogero et Helmut Fritz, la Québécoise Coeur de pirate, tous tatouages dehors dans sa toilette Chanel (comme Izia), s'est vue décerner... trois Victoires pour la Chanson originale de l'année (auteure, compositrice, interprète) : "Merci à mes ex-copains de m'avoir larguée, ce qui m'a permis de pouvoir écrire de bonnes chansons", s'est-elle notamment amusée en guise d'acceptance speech, avant de reprendre place au piano pour livrer une seconde fois, en cette soirée du 6 mars, son titre Comme des enfants. "Je t'aime, Fabrice", prononcera-t-elle très intelligiblement en prologue... Une déclaration qui trouvera un écho quelques minutes plus tard, lorsque la jeune femme, en toile de fond du générique de la laborieuse soirée, embrassera langoureusement son bien-aimé...
Plaisant, certes, mais quelle désolation que seuls les messages personnels et les prestations des artistes sauvent d'un ennui affligeant (la léthargie du public du Zénith en est un symptome fort) une soirée qui, en fait de feu d'artifice, évoque plus ces sachets de pétards insipides que chacun allume dans son coin...