Affaire Zahia - Abou se défend : ''Je n'ai pas les épaules d'un proxénète''

Ce lundi 20 janvier s'ouvre le procès de l'affaire Zahia, dans laquelle Franck Ribéry et Karim Benzema sont accusés d'avoir fait appel aux services d'une prostituée mineure, la fameuse Zahia Dehar. Au coeur du procès, outre les deux fameux internationaux tricolores, le beau-frère de Ribéry, les deux frères qui géraient le Zaman Café et un certain Abousofiane Mostaïd, aka Abou, ancien candidat de l'émission La Nouvelle Star et animateur du Abou Show...

"Pas les épaules d'un proxénète"

Renvoyé devant le tribunal correctionnel de Paris pour "proxénétisme aggravé", Abousofiane Mostaïd risque jusqu'à sept ans de prison et 150 000 euros d'amende. Aujourd'hui, le jeune homme de 34 ans est prêt à raconter non pas "sa" vérité, mais bien "la" vérité, comme il l'a confié au site Internet de L'Express. Car Abou est pressé d'en finir, lui qui se voit être placé, depuis que l'affaire a éclaté en 2010, au centre d'un réseau de proxénétisme. Il en a assez qu'on "traîne [s]on nom dans la boue, que [il n'a] pas de travail, ni de compagne".

Alors, devant la 16e chambre correctionnelle du Palais de Justice de Pris, Abou va parler et tenter d'expliquer au magistrat qu'il n'a jamais été le proxénète de qui que ce soit. "Je n'ai pas le physique, ni la mentalité ni les épaules d'un proxénète. (...) J'ai été victime d'une injustice. Je ne suis qu'un petit jeune de banlieue qui avait soif de reconnaissance et de notoriété", confie-t-il à L'Express.

Nouvelle Star, Abou Show et Zahia

La notoriété, c'est l'émission La Nouvelle Star qui va la lui apporter. Malgré quatre échecs lors des sélections, sa persévérance et sa personnalité séduisent. Abou arrive à Paris et se retrouve à la tête d'un show, le Abou Show, durant quatre ans pendant lesquelles il reçoit du VIP et de la star de télé-réalité. Le monde de la nuit s'offre à ce jeune homme qui dans son enfance rêvait de devenir commissaire de police...

Et c'est là que début 2008, il va faire la connaissance de la jeune Zahia. Il est persuadé qu'elle vient d'avoir 18 ans, elle n'en a que 16. Le courant passe tout de suite et le duo devient très complice. Lui la fait entrer dans les boîtes select de la capitale, son physique à elle leur ouvre les portes des carrés VIP. En 2009 après le Festival de Cannes, ils se perdent de vue et ce n'est qu'en janvier 2010 qu'ils se retrouvent, Zahia lui ayant fait la surprise de réapparaître pour son anniversaire. Puis à nouveau la séparation, jusqu'à ce que les enquêteurs de la Brigade de répression du proxénétisme, après l'avoir placé en garde à vue, lui parlent de "son amie" dans le cadre de l'enquête sur l'affaire Zahia.

Simple ami ou proxénète ?

Pour le juge d'instruction, cela ne fait aucun doute. Abou a joué les entremetteurs, les proxénètes pour Zahia. Des soupçons en partie confirmés par la jolie blonde aujourd'hui à la tête de sa propre marque de lingerie, qui affirme devant les policiers qu'il lui présentait au moins un client par semaine. Tout en niant qu'il ait été son souteneur. Abou a été mis en détention provisoire pendant six semaines à Fresnes et interdit de séjour à Paris après sa sortie ainsi que soumis à un contrôle judiciaire.

Zahia assure en effet qu'il n'y a rien d'organisé, qu'il arrive qu'elle lui fasse des cadeaux lorsqu'il lui présente de très bons clients. Abou savait ce qu'elle faisait et n'hésitait pas à donner ses coordonnés lorsqu'on les lui demandait. On est loin des relations entre une prostituée et son proxénète. Mais les magistrats pensent l'inverse et sont persuadés, écoutes téléphoniques à l'appui, qu'Abou est au coeur d'un réseau de prostitution, recrutant les filles au Zaman Café – dont les deux gérants sont eux aussi poursuivis pour proxénétisme aggravé – et les présentant à ses clients.

"Zahia et moi, nous étions amis. On sortait, je lui présentais des gens, mais ça s'arrêtait là. Cette fille, elle faisait la différence : avec elle, tout le monde me parlait, m'invitait à sa table, on ne passait pas inaperçus", ajoute-t-il. Tout juste admet-il que Zahia l'a dépanné financièrement en 2008 lorsqu'il était en difficulté. Rien à voir avec les commissions et pourcentages qu'il avait reconnu avoir touché devant les enquêteurs avant de se rétracter.

Abousofiane Mostaïd espère donc que la justice fera la part des choses et qu'on lui rendra sa dignité, lui qui a quitté la France pour le Maroc où il est installé depuis l'été. "Aujourd'hui, la gagnante, c'est Zahia. C'est elle qui a profité de moi", conclut-il, amer.

Ribéry et Benzema devant la justice

Le procès, qui s'est ouvert cet après-midi en l'absence des principaux protagonistes, devrait durer quatre jours. Franck Ribéry et Karim Benzema sont soupçonnés d'avoir eu recours aux services de Zahia, prostituée mineure au moment des faits, en 2009 à Munich pour le premier, et en 2008 à Paris pour le second.

Franck Ribéry a toujours affirmé qu'il pensait que la jeune femme était majeure, alors que Karim Benzema réfute l'idée même d'avoir eu une relation avec Zahia. Cette dernière a pour sa part reconnu avoir menti sur son âge et assuré être majeure.

L'avocat du joueur du Bayern Munich, passé tout près du Ballon d'or au début du mois, Me Carlo Alberto Brusa, rappelait avant l'ouverture du procès que Zahia n'était plus partie civile et que le parquet avait requis un non-lieu en faveur des deux joueurs. En juin 2013, le procès avait été renvoyé après une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par Me Brusa sur l'imprécision des textes réprimant le recours aux services d'une prostituée mineure, QPC finalement rejetée fin août.

Si on avance confiant du côté de la défense des joueurs, il en va de même du côté de Zahia. Son avocat, Me Daniel Vaconsin, précisait qu'"elle ne demand[ait] rien" si ce n'est la relaxe des deux footeux. Outre les deux joueurs et le beau-frère de Ribéry, poursuivis pour sollicitation de prostituée mineure, ils sont cinq personnes à comparaître pour proxénétisme aggravé devant le tribunal.

Toutes les personnes citées sont présumées innocentes des faits qui leur sont reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.