Sa volonté de défendre son mari malgré la gravité des faits qui lui étaient reprochés a interpellé, parfois même choqué. Près de six ans après le scandale du Sofitel qui a éclaté un soir de mai 2011 à New York – et dont il a été blanchi –, Anne Sinclair s'en explique aujourd'hui dans une interview accordée à Vanity Fair, à quelques jours de la sortie de sa Chronique d'une France blessée (le 1er mars prochain aux éditions Grasset).
Pourtant réfractaire à l'idée de revenir sur la fin mouvementée de sa relation avec Dominique Strauss-Kahn – "Cette histoire va donc me poursuivre jusqu'à ma mort ?", "Est-on vraiment obligé de revenir là-dessus ?" –, la toute récente ex-directrice éditoriale du Huffington Post accepte finalement de se confier à la journaliste Sophie Des Déserts. Celle qui a présenté l'émission politique 7 sur 7 et a longtemps préféré se murer dans le silence plutôt que de faire face au cataclysme déclenché par son mari – alors qu'il occupait encore le poste de directeur général du Fonds monétaire international – revient sur les cicatrices de son passé. Sa démission inévitable était intervenue quelques jours plus tard, le 18 mai 2011.
J'ai eu des doutes
Si Anne Sinclair, 68 ans, dit avoir lu tout ce qui se disait sur elle à l'époque, elle certifie n'avoir jamais eu connaissance des écarts scandaleux de son mari, seulement quelques doutes. "Je vous le dis, je ne savais rien, je suis stupide, naïve, sans doute, je ne savais rien, je fais confiance, je ne fliquais rien", assure-t-elle à Vanity Fair. Pour sa défense, la journaliste invoque l'amour qui rend aveugle et un mari très doué pour balayer les soupçons. "Quand j'avais des doutes, car j'en ai eu, des doutes, Dominique me donnait toutes les assurances", confie-t-elle, alors même que certaines de ses proches amies la jugeaient sous emprise.
Incapable de croire que celui qui partage sa vie depuis tant d'années ait pu commettre un viol sur une femme de chambre, Anne Sinclair décide de se battre à ses côtés, mettant en jeu sa fortune – bâtie notamment grâce à son grand-père Paul Rosenberg, marchand d'art –, "son honneur, sa santé" comme le rappelle Vanity Fair.
La prise de conscience d'Anne Sinclair survient après le nouveau dérapage médiatisé de Dominique-Strauss Kahn, l'affaire du Carlton en mars 2011. Les oeillères de la femme aveuglement amoureuse disparaissent lorsqu'elle découvre "les SMS compulsifs de son mari, la réalité d'une double vie organisée. Les parties fines, les prostituées, Dodo la Saumure", énumère Vanity Fair. C'est au cours du printemps 2012 qu'Anne Sinclair prend la décision de de séparer de son mari accablé, réglant toutes les formalités de leur divorce en une journée. "Je me demande parfois si vingt ans de ma vie ont été vingt ans de mensonges", s'interroge Anne Sinclair.
L'intégralité de l'interview d'Anne Sinclair est à retrouver dans Vanity Fair en kiosques le 21 février 2017.