Chanteur grande gueule à qui, fut un temps, une certaine scène française a servi de punching-ball (Bénabar en tête), Benjamin Biolay a littéralement mis de l'eau dans son vin. Rarement épargné par les médias, il a commencé très fort avec Rose Kennedy, avant de ramer pas mal jusqu'à La Superbe, formidable succès publié en 2009. À quelques jours de la sortie de Vengeance, un disque plus pop, lumineux, kaléidoscopique, Biolay revient sur l'apprentissage de la célébrité, ses travers, pas toujours compris par sa fille Anna et la société dans laquelle elle grandit.
"À mes débuts, j'avais déjà bénéficié d'un accueil assez unanime. Beaucoup de gens que j'admirais, comme Françoise Hardy, étaient devenus mes attachés de presse, c'était incroyable. Ensuite, les choses se sont un peu gâtées. Disons que, de mon côté, il y a eu pas mal de vices de procédure dans la communication", reconnaît Biolay dans Les Inrockuptibles. Il y a les coups légitimes et il y a la rumeur. En 2010, Carla Bruni est à l'Élysée. Benjamin Biolay, ce tombeur, aurait tombé la première dame. Forcément, ils ont travaillé ensemble... Cela tient à peu de choses. Dans Paris Match, le chanteur se souvient avoir mal vécu cette période : "Moi encore, j'en ai vu d'autres... Mais pour mes proches, ma fille, ce n'était vraiment pas drôle. J'aurais aimé un geste de Carla envers moi. Il n'est jamais venu." En 2010, Biolay est déjà séparé de Chiara Mastroianni. Leur fillette, prénommée Anna, a aujourd'hui 10 ans. Elle est la première à souffrir de la célébrité de ses parents : "Quand quelqu'un m'aborde dans la rue et que nous sommes ensemble, elle le vit assez mal, raconte Biolay. Personne n'ose déranger sa grand-mère [Catherine Deneuve, NDLR] parce qu'elle est bien plus impressionnante."
Dans une longue interview que lui consacre Télérama, Benjamin, qui soutient François Hollande, s'inquiète des dérives islamophobes et antisémites du pays. Il se dit très inquiet et décrit Anna comme une petite fille déjà sensible à ces questions : "La société est en miettes. Ma fille, Anna, a 10 ans et une conscience déjà assez aiguë de cela ; elle a été très choquée par l'affaire Merah. J'ai dû la rassurer. Si ce quinquennat doit laisser une trace, c'est bien de ressouder, réconcilier les communautés religieuses."
En attendant la réconciliation, Benjamin Biolay soigne ses propres crises dans la musique. Il envisage la quarantaine avec sérénité, avec le sentiment d'avoir crevé les abcès dans ses cinq albums publiés depuis dix ans. Le sixième, c'est ce Vengeance incroyable, où l'on retrouve sa "chanteuse française préférée" Vanessa Paradis, les rappeurs Oxmo Puccino et Orelsan (c'est un dingue de hip hop) ou encore Carl Barât. Désormais, Anna lui fait "découvrir des trucs", tandis qu'il lui fait écouter les premiers disques d'Henri Salvador. Et Biolay se verrait bien continuer comme ça ad vitam aeternam. Dans Les Inrocks, il glisse : "J'aimerais jusqu'à mon dernier souffle enregistrer ma voix qui chante, même si plus personne ne m'écoute."
Benjamin Biolay - "Vengeance" - attendu le 5 novembre.
L'artiste est cette semaine en couverture des "Inrockuptibles" et de "Télérama", et en interview dans "Paris Match".