Björk sort le 10 octobre son projet le plus abouti : Biophilia. Composé d'un album, d'une série d'applications pour iPad, d'essais, de conférences et d'un spectacle, Biophilia questionne le songwriting et le met en parallèle avec ce qui compose notre univers, nos étoiles, l'espace, la vie... À l'occasion de cette sortie attendue - annoncée par deux clip stupéfiants : Crystalline de son complice Michel Gondry, et Moon de ses fidèles collaborateurs Inez & Vinoodh et M/M -, l'artiste islandaise reçoit nos confrères Libération dans un hôtel parisien.
Malgré l'aridité de ses récents projets (la B.O. du film arty Drawing Restraint 9, l'album uniquement vocal Medúlla, l'explosif Volta), Björk conserve un statut de popstar planétaire. Libé l'interroge là-dessus, sur ce star system qui l'a longtemps encombrée : "J'ai appris à m'en accommoder. Il y a des choses que je ne fais plus : aller seule dans un club ne serait pas une bonne idée, par exemple. Je vis à moitié à New York, à moitié en Islande, dans des quartiers où personne ne me harcèle. Je peux me rendre à la piscine ou dans les boutiques sans souci, aller chercher ma fille à l'école...." Björk est la maman de Sindri, un garçon de 25 ans né de son idylle avec le musicien islandais Thór Eldon avec qui elle formait le groupe Sugarcubes. Avec l'artiste américain Matthew Barney, auteur de Drawing Restraint 9, Björk a une petite fille prénommée Isadora. Elle vient de fêter son neuvième anniversaire.
Björk connaît ses premiers succès internationaux avec le groupe Sugarcubes, mais ce n'est rien comparé à ce qui l'attend avec la sortie de son premier album solo, intitulé Debut, en 1993. Björk est alors installée en Angleterre, engagée à fond dans la club culture, mais elle vit très mal cette soudaine renommée : "Au début, j'ai pu me vivre en victime, voire me plaindre de mon sort, mais ça a évolué et je me suis reprise en main. J'ai quitté Londres, car je ne voulais plus de paparazzi dans mon jardin. Si des gens peuvent être importunés, ce sont plutôt mes amis, ma famille - comme ma mère qui, partie un jour faire du camping, a trouvé un fan cinglé dans son lit." Björk a connu bien pire. En septembre 1996, avant de se suicider, un admirateur lui envoie un colis piégé à l'acide. Les enquêteurs retrouveront une vidéo de 18 heures dans laquelle le déséquilibré fabrique la bombe, la poste, se rase le crâne puis se suicide face caméra. Ce traumatisme pousse la chanteuse à quitter le Royaume-Uni...
Elle trouvera la paix paumée au fin fond de l'Espagne, où elle composera, sans doute son plus bel album à ce jour, le fantastique Homogenic sorti en 1996.