Acteur populaire et en même temps critiqué, Christian Clavier est un paradoxe. Il est à ce jour l'acteur comique français vivant ayant fait le plus d'entrées en salles avec cinq films à plus de 10 millions d'entrées, tout en ayant par ailleurs subi les affres de la critique, les moqueries et des insultes en cascade. Pourtant, faisant partie des rares acteurs à prendre des risques pour la comédie française, Christian Clavier s'avère plus précieux qu'il n'y paraît. Des Visiteurs au Bon Dieu, en passant par L'Opération Corned-Beef ou bien sa propre réalisation, On ne choisit pas sa famille, l'ex-membre du Splendid qui se dit "pudique" a toujours voulu dénoncer en engageant son public sur des sujets qui le touchent et le concernent. Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu et ses 12 millions de spectateurs en salles (sans parler du joli succès rencontré à l'étranger) en est le dernier mais aussi le plus bel exemple. Ce film, qui "ne présente pas une société de Bisounours" est une fierté pour l'acteur issu d'une famille bourgeoise, parce que le scénario se veut respectueux tout en allant loin dans l'humour dénonciateur et "sans langue de bois". En voulant dénoncer "une des maladies de la société française", le Bon Dieu a remporté un succès inespéré.
Pourtant, si Clavier a accumulé les succès, il se prend également quelques claques et la critique en profite. On ne choisit pas sa famille, son premier long métrage en tant que metteur en scène, prend pour décor l'homoparentalité et Clavier y incarne un homophobe macho. "J'ai été laminé par la critique pour d'autres raisons que le film", croit savoir l'acteur, pointant du doigt le mariage pour tous. Mais au-delà du cinéma, le comédien de 62 ans a été victime d'un procès qui ne concerne plus l'artiste qu'il est, mais l'homme public. Lui qui exprime son dégoût des "procès en sorcellerie d'amitié" a été rejeté pour son amitié publique avec Nicolas Sarkozy. C'en est trop pour Clavier qui s'exile de l'autre côté de la Manche. "On me reprochait mes relations, avance-t-il à TéléObs. J'ai eu envie de me mettre à distance de ce qu'on appelle les mauvaises ondes." Il en est sorti revanchard.
Christian Clavier ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Après le Bon Dieu, il y a eu Une heure de tranquillité en décembre dernier et le voilà qui a rempilé pour Les Visiteurs, 3e du nom. Avec toujours le même désir : "Évoquer la France de la manière la plus provocante possible ", assure-t-il, parce qu'il se sent "très à l'aise là-dessus".