Cela fait une décennie que les fans de Téléphone attendent une reformation du groupe au complet : Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, Richard Kolinka et Corine Marienneau. Mais les relations entre les quatre membres sont très complexes et ont été notamment révélées lors de différentes interviews des artistes. Les propos de la bassiste du groupe sont particulièrement durs, peut-être liés à la place compliquée d'une femme dans une formation musicale où les histoires d'amour n'ont pas simplifié les choses non plus. À l'occasion du 71e anniversaire de cette rockeuse, retour sur les conflits qui minent leurs retrouvailles.
Téléphone s'est séparé en 1986, et depuis, chacun a tracé sa route. En 2012, Le Monde avait enquêté sur la guerre interne qui avait lieu entre les quatre anciens compères. Corine Marienneau accusait notamment Jean-Louis Aubert, qui fut son compagnon après qu'elle a été l'amoureuse de Louis Bertignac, d'avoir encaissé en solo le premier chèque de la Sacem destiné à Téléphone. Ce que l'intéressé avait démenti dans VSD, précisant au passage qu'il avait signé huit des neuf chansons de leur premier album et que les gains avaient été divisés par quatre.
Ça a mal tourné
En 2015, les trois hommes du groupe se sont décidés à se retrouver pour des concerts, prenant le nom de "Les Insus", une façon selon la bassiste de limiter le groupe à cette gent masculine. "C'est une manière subliminale de récupérer la marque et de m'effacer", avait-elle affirmé dans L'Obs en septembre 2015, assurant avoir rêvé de rejouer avec eux la même année dans les colonnes du Parisien. Dans un article du Figaro, le biographe du groupe, Daniel Ichbiah, racontait que les quatre membres du groupe s'étaient vus en 1999 dans l'optique d'un come-back : "Jean-Louis Aubert craignait la pierre d'achoppement avec Corine Marienneau, Louis Bertignac avait dit qu'il en ferait son affaire. Avec Richard Kolinka, les quatre membres s'étaient alors retrouvés pour en discuter lors d'une réunion. Celle-ci a mal tourné... À peine cinq minutes après que Bertignac s'est échappé pour répondre à un coup de fil, la foire d'empoigne avait commencé entre Aubert et Corine. Les noms d'oiseau ont volé jusqu'à 6 heures du matin."
J'étais là par amour.
Corinne Marienneau estimait dans L'Obs en 2015 que sa place au sein de Téléphone ne s'expliquait par un désir de féminisme : "Je passais pour une femme courageuse, libérée, révolutionnaire, une sorte d'aventurière (...) En réalité, j'étais un objet. J'étais là par amour." Elle devait également composer avec les groupies, "une humiliation totale pour la femme". Pour Jean-Louis Aubert qui s'était attardé sur le sujet pour Europe 1 en 2020, c'était effectivement une place compliquée malgré le signe d'égalité et de libération que cela véhiculait. Toutefois, il s'interrogeait : "Mais est-ce que, à l'intérieur d'elle-même, il n'y a pas quelque chose de compliqué aussi ? Je pense que oui." Pour avoir l'avis plus précis de la musicienne sur son vécu qui semble ne pas avoir été ressenti de la même façon de part et d'autre, il faut alors lire l'autobiographie de Corine Marienneau sortie en 2006, Le Fil du temps (éditions Flammarion).