Le football français n'avait évidemment pas besoin d'une nouvelle affaire, à l'approche d'un Euro que ne disputera pas le buteur du Real Madrid Karim Benzema, non-sélectionné par Didier Deschamps. Encore moins concernant, justement, le champion du monde France 98 et actuel chef d'orchestre des Bleus... Le Journal du dimanche, dans son édition ce 17 avril 2016, jette un pavé dans la mare.
Selon le JDD, Didier Deschamps, qui prône l'exemplarité dans les rangs tricolores, serait "soupçonné d'un éventuel recel d'abus de biens sociaux" dans le cadre de l'enquête sur les transferts douteux de l'Olympique de Marseille, club dont il fut l'entraîneur de 2009 à 2012, et ferait l'objet d'une "ordonnance de commission d'expert" signée en décembre dernier par le juge Guillaume Cotelle, en charge du dossier. Ouverte dès 2011, l'information judiciaire a déjà donné lieu à des vagues de perquisitions, d'auditions et de gardes à vue ainsi que plusieurs mises en examen (dernière en date, en janvier, celle du directeur général de l'OM, Philippe Pérez). Concernant cette nouvelle cible, le juge demande à un expert près la Cour de cassation de "dire quel a été le salaire perçu annuellement par M. Deschamps lorsqu'il exercait les fonctions d'entraîneur" du club phocéen et d'établir "quelle a été l'évolution de ce traitement et quel a été le montant de l'indemnité de départ versée" suite à son départ de la Canebière le 2 juillet 2012 pour prendre une semaine plus tard les commandes de la sélection nationale.
Le magistrat s'intéresse à "toutes les relations financières" entre les deux parties à cette période et souhaite savoir si Didier Dechamps, qui, selon les informations du JDD, était contractuellement lié à l'OM jusqu'en 2013, a été "amené à verser des indemnités de départ" comme le prévoyait l'accord en cas de départ anticipé de son fait, ou s'il est au contraire parti avec des fonds : "Deschamps, au lieu de verser l'indemnité qu'il aurait dû verser, est parti avec de l'argent", affirme une source du journaliste Laurent Valdiguié présentée comme "liée à l'OM". Dans la suite de son article, celui-ci précise que Jean-Claude Dassier (ancien président de l'OM) et Antoine Veyrat (ancien directeur général) ont "semblé confirmer ces interrogations" lors de leur passage devant le juge Cotelle ; il rappelle par ailleurs les déclarations de l'actuel président Vincent Labrune, au cours de son audition en tant que témoin assisté : "Didier Deschamps est parti avec tout son staff et la somme de 900 000 euros selon le protocole transactionnel qui stipule qu'il ne s'agit pas d'une démission, mais d'un accord de rupture puisque Deschamps ne voulait pas démissionner", avait-il indiqué, signalant n'avoir pas participé aux négociations.
Guillaume Cotelle est désormais dans l'attente des résultats chiffrés de l'expertise judiciaire qu'il a commanditée. A quelques semaines de l'Euro et en plein remue-ménage dans un OM officiellement à vendre, l'histoire pourrait faire des remous...