Une année royale en soixante minutes. Réducteur pour certains, un peu hagiographique pour d'autres, le grand documentaire - Aret med Kungafamiljen - que consacre systématiquement, début janvier, la chaîne publique suédoise SVT à la famille royale pour retracer l'année écoulée a été diffusé le mardi 5 janvier 2016.
Une fois de plus, la journaliste Sara Bull, également productrice de ce document qui propose une plongée inédite dans l'intimité du clan du roi Carl XVI Gustaf de Suède et dans les coulisses de ses activités, a suivi le souverain, son épouse la reine Silvia ainsi que leurs enfants et les conjoints de ceux-ci pendant douze mois, en 2015. Dans ce millésime, point de scandale, souligne la chroniqueuse du quotidien Expressen Malin Collin en référence à certaines affaires passées (la biographie scandaleuse du monarque, l'encombrant épisode nazi du père de la reine, les antécédents sulfureux de la chérie du prince Carl Philip), sinon celui du manque de place accordé, selon sa consoeur Britta Svensson, au fort engagement social des membres de la famille royale.
Mais puisqu'il s'agit de pénétrer, avec son aimable autorisation, dans la vie privée de la première famille du pays et de la dépeindre, le contrat est parfaitement rempli. Et ce, d'autant qu'il y avait de la matière avec cette année marquée par le mariage royal du prince Carl Philip et de la princesse Sofia, la naissance du deuxième enfant de la princesse Madeleine, le prince Nicolas, et son baptême, ou encore les grossesses quasi simultanées de la princesse Victoria et de sa nouvelle belle-soeur.
La caméra s'invite dans l'envers du décor, saisissant au vol une foule de petits moments privilégiés. Loin des cérémonies officielles comme la remise des prix Nobel ou les voyages diplomatiques comme celui du couple héritier en Amérique latine, le documentaire événement, visible en replay sur le site de SVT jusqu'au 4 février, s'ouvre sur des images du roi Carl XVI Gustaf en pleine partie de pêche, de l'eau jusqu'aux genoux au milieu d'une rivière, devant sa cabane en Laponie, puis allongé dans l'herbe, très détendu, lors d'un bivouac avec ses camarades. Le ton est donné.
Comme prévu, le prince Carl Philip et la princesse Sofia, qui se sont mariés le 13 juin 2015 et attendent leur premier enfant pour avril 2016, ont la part belle dans ce film qui contient naturellement des images splendides de leurs noces. Un vrai "mariage de conte de fées", comme il s'accorde à le dire dans une interview exclusive accordée à Sara Bull, bonnet sur la tête, lors de leur visite officielle dans la province de Dalarna, en octobre dernier. Ces deux journées, marquées par le retour de la princesse Sofia (née Hellqvist) dans sa ville natale d'Älvdalen, furent particulièrement émouvantes pour elle, incapable de réprimer ses larmes en voyant la chaleur de l'accueil réservé par ses compatriotes. "J'étais bien sûr un peu nerveuse en revenant à Älvdalen, se remémore l'intéressée. J'étais très émue à mon arrivée et quand j'ai réalisé que tant de gens s'étaient rassemblés pour me voir dans un rôle différent, ça a beaucoup compté à mes yeux." Devant la foule, au sein de laquelle se trouvaient des amis d'enfance, elle a ensuite prononcé un discours extrêmement touchant, témoignant bien de son attachement à la région.
Mais Sara Bull a également suivi Sofia à des milliers de kilomètres de là, au Cap, en Afrique du Sud, où elle fonda avec son amie Frida Vesterberg en 2009, soit bien avant de devenir princesse et avant même de connaître le prince Carl Philip, son association : Project Playground. Le documentaire était une occasion en or pour elle de montrer sur le terrain le travail de son organisme, dédié à améliorer le quotidien et les perspectives d'avenir des enfants défavorisés des faubourgs de la mégalopole sud-africaine.
Et de fait, le reportage était programmé de longue date, mais le tournage aurait bien pu être contrarié par des manifestations, comme le raconte la productrice, qui avoue avoir craint pour la sécurité des protagonistes : "L'Afrique du Sud est vraiment une terre de contrastes, et c'est devenu particulièrement évident lorsque nous avons quitté le centre du Cap pour aller dans le quartier de Langa, où la princesse Sofia et Frida Vesterberg ont lancé Project Playground. Tout a failli être annulé en raison de violentes manifestations dans le secteur, à cause d'un chantier de complexe résidentiel à quelques pâtés de maison de la base de loisirs de l'association qui a suscité un vif émoi dans la région. Heureusement, elle a pu calmer la situation juste à temps pour que nous puissions filmer." Ce qui a permis à la journaliste d'observer le "charisme chaleureux" de la princesse et la sincérité de son engagement.
Le documentaire retrace ensuite la rencontre de la reine Silvia et de la princesse Madeleine, ferventes protectrices des droits des enfants, avec le pape François au Vatican, la participation de la princesse Victoria à une régate, le mariage royal et le baptême du jeune Nicolas de Suède, entre autres.
Et contre toute attente, l'autre star du long reportage n'est pas tant l'héritière du trône que son mari, le prince Daniel. Intelligent et charismatique, l'ancien patron d'une chaîne de salles de fitness est devenu l'atout incontestable de la couronne dans les secteurs du sport, de l'entrepreneuriat, de l'innovation technologique... A juste titre, la SVT lui octroie un temps d'écran éloquent, à l'aune de l'importance qu'il a prise au sein du clan royal, cinq ans après son mariage avec Victoria et à quelques semaines d'accueillir, en mars, leur second enfant.
Maintenant, place à la rentrée des royaux !