Qui est vraiment Jamel Debbouze ? À 38 ans, il n'est plus l'humoriste turbulent qui fait les quatre cents coups à la radio, la télévision et au cinéma. Aujourd'hui, il demeure un artiste, mais qui est désormais un acteur multimillionnaire (merci Astérix), producteur, homme d'affaires impliqué dans la société et influent jusqu'en politique et époux de la journaliste-productrice Mélissa Theuriau, la mère de ses deux enfants Lila et Léon. Ses yeux sont toujours aussi brillants mais derrière ce visage enjoué, se cache un homme en proie à la surchauffe dans un univers complexe et fourmillant que le magazine M du Monde a exploré. Mêlant interviews de Jamel lui-même et de ceux qui le connaissent très bien dans le milieu, cet article passionnant nous en dit davantage sur ce qui repose sur les épaules de l'une des personnalités les plus populaires de France, qu'on retrouvera bientôt dans le film engagé, La Marche.
Autour de Jamel
Autour de Jamel Debbouze, il y a tout un monde. Il y a son ami Django, qui fait irruption pendant qu'il donne son interview au magazine M, un fidèle de Trappes qui dit sortir de garde à vue. Il lui amène un objet en terre cuite qui vient du Maroc, de quoi lui rappeler toute son enfance : "Il me fait du bien parce qu'il est en connexion avec le dur." Jamel ne veut pas oublier d'où il vient, qu'il habite dans un appartement de l'île Saint-Louis à Paris ou pas. Pour ses discussions philosophiques et sociétales, il a choisi le journaliste Slimane Zeghidour de TV5 Monde et avec lui, il refait le monde d'ailleurs. De leurs échanges surgissent des réflexions sur l'état de la France : "Jamel arrive à la conclusion qu'il ne faut pas réagir. Qu'il faut attendre que le racisme anti-arabe soit déshonoré de lui-même. L'alchimie intégratoire fait son travail. Il faut laisser faire l'histoire."
Homme à talents et à projets
Jamel Debbouze a rapidement choisi de s'investir pour dénicher des talents et tendre la main comme on lui en a tendu une à ses débuts. Il y a le festival Le Marrakech du rire et surtout le Jamel Comedy Club évidemment. Dans cet antre de l'humour, on gagne un cachet de 120 euros pour 5 minutes de stand-up. Jamel y a investi 300 000 euros personnellement et quand l'un de ses poulains perce, c'est lui que cela rend le plus heureux. Thomas Ngijol, qui réalise son premier film (Fast Life), ou encore Fabrice Eboué en sont d'illustres exemples. L'artiste a aussi une boîte de prod : Kissman Productions, basée à Saint-Denis. Bernard Zekri, ancien rédacteur en chef de Nulle Part Ailleurs qui vient de quitter l'agence Capa, remplacé par le grand reporter Pascal Manoukian, devrait rejoindre sa société. Il devrait tenter de rationaliser tous les projets de Jamel et se concentrer sur la réalisation de son film. Selon son manager et alter ego Mohamed Hamidi, la direction que prend Jamel est le cinéma, ni plus ni moins. On attend avec curiosité son projet fou de film d'animation au budget de 20 millions d'euros, adapté de l'oeuvre de Roy Lewis Pourquoi j'ai mangé mon père.
"On lui presse beaucoup le citron"
Car Jamel semble sous l'eau, tant il a des envies, tant il dit oui à tout et à tout le monde. Alain de Greef, ancien ancien directeur des programmes de Canal+, dira : "Il a tout à coup changé de vie avec beaucoup d'argent gagné et, en même temps, des responsabilités écrasantes." Bertrand de Labbey, son agent artistique, explique que son métier de producteur lui prend trop de temps. Son "papy" Alain Degois, qui lui a donné l'amour du théâtre et de l'impro, dira qu'il est fatigué : "On lui presse beaucoup le citron. Il fait vivre tout le monde." Il sort de quinze jours d'hôpital pour une bronchite et des calculs rénaux. Il fait de l'asthme et son bras droit, rangé continuellement dans sa poche, lui provoque des douleurs persistantes. Mais que pense-t-il, lui, de sa vie tourbillonnante ? "Je me bats comme un fou pour faire respecter mon espace vital. Sauf que seul, c'est pourri, la vie. Prendre un jet privé seul, c'est pourri. T'as pas de témoins. J'ai enfilé les gens comme des perles au fil des années. J'engage et je me mets dans la merde. Alors il faut aller au charbon." C'est ainsi que, s'il a abandonné au dernier moment les Dalton et le rôle de Joe, il a déployé beaucoup d'énergie pour financer La Marche, qui aborde la manifestation organisée en 1983 pour sensibiliser la France sur la condition des immigrés.
Ne pas être instrumentalisé
En matière de politique, il sait qu'il peut être instrumentalisé en deux secondes, alors il a préféré choisir d'autres chemins. C'est dans cette optique que s'inscrit sa collaboration avec Marc Ladreit de Lacharrière, propriétaire de théâtres, producteur de Johnny Hallyday, Patrick Bruel..., homme d'affaires et mécène. Il a lancé sa Fondation Culture et Diversité et remet un prix de l'audace culturelle et artistique. Une récompense que Jamel a remise avec lui à l'Élysée, en présence bien évidemment de François Hollande. Participer au film Né quelque part et, surtout, faire concrétiser le film La Marche correspond aussi à sa "démarche" : faire un film à la fois historique et populaire pour mettre la lumière sur une page de l'histoire contemporaine française méconnue. Cette manifestation d'il y a trente ans, il l'a vue à Paris depuis les épaules de son oncle : "Ça a progressé mais pas assez. Être arabe, c'est dur... On aime tellement ce pays, on aimerait tellement qu'il nous aime. [...] On n'a jamais été autant stigmatisés qu'aujourd'hui."
Être un grand acteur
Que lui reste-t-il à accomplir aujourd'hui, si ce n'est de ne pas se perdre dans toutes ses envies et ses projets ? Selon Guillaume Durand, l'un de ses mentors pendant sa période Canal+ : "Il ne s'est pas encore transcendé en grand acteur. Ce n'est pas Daniel Auteuil." Faire rire, il sait le faire comme personne, mais devant la caméra, il n'a pas tout réussi comme le rappelle Alain de Greef : "Dans Angel-A de Luc Besson, il a été dévasté par sa prestation. Il a eu l'impression de piquer de l'argent à ses fans." Être un imposteur, c'est l'angoisse ultime de Jamel Debbouze qui semble être effrayé à l'idée qu'on lui reproche d'être là où il est aujourd'hui.
"La Marche", en salles le 27 novembre, fait l'objet de plusieurs avant-premières en présence de l'équipe du film, dans toute la France.
Retrouvez l'intégralité de l'article dans le magazine M du Monde.
Jamel Debbouze, passionné, engagé et fatigué : Frôlerait-il la surchauffe ?
Publié le 6 novembre 2013 à 08:00
Jamel Debbouze lors de la Fête de l'Humanité à la Courneuve, le 15 septembre 2013© BestImage
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