C'est l'événement média du jour, la grande interview accordée par Johnny Hallyday au magazine Télérama. Alors qu'on l'attend sur scène à Paris avec les Vieilles canailles et que son nouvel album, Rester vivant, doit sortir le 17 novembre, le rockeur s'est longuement confié, avec sincérité et générosité. De son coma qui lui a donné l'envie de repenser sa carrière à ses blessures les plus intimes liées à ses parents, c'est avant tout Jean-Philippe Smet (son vrai nom) que Télérama nous donne à lire dans cette interview. Un grand moment.
L'absence de son père est sans aucun doute la première et la plus sérieuse blessure de Johnny. Léon Smet a abandonné sa femme et la future idole des jeunes quand elle n'avait que 6 mois. Mannequin cabine, la maman de Johnny ne peut l'élever seule et le confie alors à Hélène Mar, la soeur de Léon. Hélène, ancienne cantatrice en Belgique, a épousé un prince éthiopien. Le couple a deux filles, danseuses. La famille ne fait que voyager et le petit Jean-Philippe suit : à Londres, en Espagne, à Genève, en Italie, au Danemark... Une vie d'artistes. Mais si le rockeur est élevé avec beaucoup d'amour, avoir été abandonné par son propre père restera à jamais douloureux. Dans Télérama, on apprend que Léon Smet jouait la comédie, était aussi réalisateur à la télé, mais ce n'est pas ce que retient Johnny : "Il était surtout alcoolique, séducteur, incontrôlable, raconte Johnny. De lui, je n'ai connu que les pires aspects. L'abandon petit, puis les factures ou les frais d'hôpitaux à régler, la déchéance. On le trouvait ivre mort, écroulé au milieu de la rue. C'était dur, douloureux de n'avoir que ça de lui. Le manque de père a hanté ma vie." Le rockeur, qui pose sur la couverture de Télérama avec une cigarette électronique, a déjà évoqué ses propres abus. Dans les bonus de l'interview publiés sur Télérama.fr, il balaye ce sujet avec recul : "C'est une question d'époque aussi. Il y avait un vrai phénomène de mode autrefois. Et beaucoup sont tombés dans l'excès juste pour être dans le coup, alors qu'ils n'en avaient pas réellement besoin. Et encore moins la constitution. (...) Mais c'était un temps où le monde du rock était coupé de la réalité. (...) Au fond, la seule substance qui ne s'est jamais démodée est l'alcool."
En 1989, Léon Smet meurt. Johnny Hallyday se souvient des funérailles : "J'étais seul. Pas une femme qui l'aurait aimé, pas un ami. Juste moi, son fils, qui ne l'avait pas connu. J'étais confronté à la solitude absolue : celle non pas de vivre seul, mais de mourir seul." Quant à sa mère, il a fallu un jour qu'ils se retrouvent. La vie s'est chargée de les réunir : "Je n'ai jamais pu dire 'maman' à ma mère avant l'âge de 55 ans, lorsqu'elle est venue habiter chez moi, à Paris. Son mari me l'avait confiée, parce qu'il sentait qu'il allait lui-même crever. Elle était paralysée, ne pouvait plus bouger, alors on s'en est occupé avec Laeticia. Cela m'a permis de rattraper le temps perdu."
Enfant de la balle, Johnny, plus que tout autre, a longtemps eu du mal à se poser, à s'attacher matériellement aux choses ou à un lieu. Il n'a pas peur non plus de la solitude : "Elle est ma meilleure amie depuis toujours. Ça ne m'empêche pas d'être heureux, aujourd'hui, avec ma famille." Marié depuis 18 ans avec Laeticia, Johnny a deux fillettes - Jade (10 ans) et Joy (6 ans) - dont il s'occupe chaque jour. Conscient de ne pas avoir toujours été là pour David et Laura, le rockeur ajoute pudiquement : "Avec mes filles, c'est la première fois que je m'établis un peu plus."
Télérama, en kiosques le 29 octobre 2014.