Nouveau coup de filet à l'OM. Deux mois après l'interpellation de plusieurs dirigeants passés et actuels dans le cadre d'une enquête sur des transferts frauduleux, c'est José Anigo, l'ancien directeur sportif, qui se retrouve en garde à vue. Aujourd'hui recruté en Afrique pour le club marseillais, il est entendu depuis hier, mardi 20 janvier, tout comme son sulfureux ami d'enfance Richard Deruda, ex-figure du grand banditisme local, et de nombreux agents collaborant avec l'équipe phocéenne...
"José, tu es en train de me faire péter la casserole"
Y a-t-il eu des transferts de joueurs frauduleux à l'OM ? La réponse n'est pas encore connue mais c'est ce que la justice soupçonne depuis plusieurs mois déjà, en partant notamment de celui d'André-Pierre Gignac, arrivé de Toulouse en 2010 contre un chèque de 20 millions d'euros. Pour cela, elle vient d'interpeller Richard Deruda, ancien braqueur de 54 ans bien connu du milieu marseillais. Le lien avec le milieu du football ? Son fils Thomas, formé à l'OM - il y avait disputé seulement quelques matchs entre 2005 et 2007 et s'est même fait expulser après dix minutes pour son premier match pro -, est footballeur à Consolat, club de banlieue marseillaise évoluant en National (3e division). Et la PJ veut savoir si papa a fait pression sur José Anigo pour trouver un club à son fils.
Cette thèse est notamment fondée sur des écoutes téléphoniques, celles du portable de José Anigo révélant quelques dialogues folkloriques susceptibles d'en dire long. À l'été 2011, alors que son fils est sans club, Richard Deruda semble très contrarié de voir que son ami n'arrive pas à lui rendre un service. "José, tu es en train de me faire fumer, tu es en train de me faire péter la casserole", lui dit-il selon Le Parisien. José Anigo se retrouve même convoqué en pleine nuit sur le parking d'un McDonald's. Mais l'ancien directeur sportif de l'OM semble surtout se plaindre. "Y a plus personne qui va me tenir par les c*******. Je vais partir de l'OM, et après, son fils, il restera quand même sur le carreau, j'en rien à faire. Quand ils ont besoin de moi, ils sont toujours là à me trouver, hein !", lâche-t-il plus tard à un proche.
José Anigo, "très serein"
José Anigo serait-il victime de ses amitiés ? Ou en a-t-il aussi profité ? Interrogé il y a deux mois sur les nombreuses interpellations à l'OM, lors desquelles le président Vincent Labrune lui-même a été entendu, l'ancien coach de Marseille affichait sa tranquillité. "Le jour où la justice aura besoin de me voir, il n'y aura aucun problème", assurait-il, "très à l'aise" et "très serein" sur le sujet. "Je n'ai jamais touché au dossier Gignac", ajoutait-il avant de faire une nouvelle allusion à sa "mauvaise réputation" : "On ne veut pas me voir comme quelqu'un de normal et de carré. Sous prétexte que j'ai grandi dans des cités. (...) Je n'ai jamais caché certaines amitiés et ça m'a desservi."
Ce jour est donc arrivé pour José Anigo, qui a eu la douleur de perdre son fils Adrien, ex-braqueur tué en pleine rue en 2013, l'une des raisons qui l'ont poussé à s'éloigner de Marseille. Avec peut-être certaines amitiés... D'autant que l'ex-directeur sportif n'est pas le seul à avoir été interpellé. Outre Richard Deruda, donc, et même son fils Thomas (28 ans), qui a tenu à rappeler que son père n'avait pas été entendu par la justice "depuis plus de quinze ans", on compte plusieurs agents très proches du club. Il y a Karim Aklil (agent des joueurs Souleymane Diawara ou Mamadou Niang, passé par l'OM), Didier Girard (agent historique du gardien Cédric Carrasso), Christophe Hutteau (ex-agent de Mathieu Valbuena), Patrick Blondeau (ex-joueur de l'OM qui gère la carrière de Benoît Cheyrou) ou encore Jean-Luc Barresi, attendu ce matin à Marseille en provenance de Londres, où il était hier pour gérer un transfert. En 2014, ce dernier a été condamné dans une affaire d'extorsion de fonds sur le port de Marseille et s'est pourvu en cassation.