A coup sûr, Georges Wilson aurait été fier. Lambert Wilson, son fils, qui pleurait il y a quelques jours à peine la disparition de l'immense homme de théâtre et d'écran (qui avait grandement contribué à enluminer les lettres de noblesse du festival d'Avignon), honore une loi dramatique plus forte que la vie elle-même, qui veut que tout ce qui appartient à l'individu et à la technique s'efface totalement devant la naissance de la création lorsqu'il entre sur les planches. "The show must go on", selon l'expression anglo-saxonne bien connue, au-delà du seul monde du spectacle.
A l'affiche de A Little Night Music au Théâtre du Châtelet du 15 au 20 février, un musical vedette de Broadway que la vénéneuse Catherine Zeta-Jones et Angela Lansbury donnent simultanément outre-Atlantique, Lambert Wilson respecte l'adage avec un brio qui a été salué par une standing ovation lors de la première représentation de cette version revisitée par le metteur en scène anglais Lee Blakeley.
La présence de la légendaire Leslie Caron pour investir l'oeuvre du non moins fameux Stephen Sondheim, pape du genre (auteur précoce des paroles de West Side Story), et le livret de Hugh Wheeler, est en soi un motif d'admiration : la Franco-Américaine découverte par Gene Kelly et avec lui dans le classique des classiques Un Américain à paris, puis adorée dans Gigi (toujours Vincente Minnelli) ou Paris brûle-t-il ?, quelques semaines après avoir inauguré son étoile sur le Hollywood Walk of Fame, scintille, à 78 ans, sur les planches du prestigieux théâtre parisien, épaulée par la belle Milanaise Greta Scacchi.
Mais, comme le soulignait hier leJDD.fr, "le héros de la soirée est cependant Lambert Wilson : avec sa voix de baryton qu'il a longtemps travaillée et son jeu narquois, il est drôle, ombrageux et émouvant". Bravo. Et what a shame que le musical, même lorsqu'il atteint ce degré de qualité, ne tienne, pas en France, le haut de l'affiche plus que quelques malheureux jours...
A Little Night Music au Châtelet, à découvrir sur le site officiel du Théâtre du Châtelet en cliquant ici, et dans le reportage de Yagg visible ci-dessus.