"J'ai eu dix procès pour plagiat, je les ai tous gagnés." Voilà ce que Luc Besson déclarait en 2014 dans un numéro de Complément d'enquête qui lui était dédié. Souvent attaqué, le producteur, réalisateur et scénariste doit à nouveau répondre devant la justice pour Lock Out, un film écrit par James Mathers, Stephen St Leger et lui-même (crédité aussi au générique pour avoir fourni l'idée originale). Les ayants droit de New York 1997, un long métrage de John Carpenter produit en 1981, ont intenté un procès contre les producteurs de Lock Out (dont Luc Besson) pour contrefaçon. La cour a rendu son verdict : Besson et ses acolytes vont devoir payer.
Retour en arrière. En janvier 2014, John Carpenter, son co-scénariste Nick Castle et le détenteur des droits StudioCanal portaient plainte devant le tribunal de grande instance de Paris. Il y a un an, Luc Besson, ses deux co-scénaristes et sa société de production EuropaCorp avaient été condamnés pour contrefaçon à verser 85 000 euros aux plaignants. Dénonçant "une entrave à la liberté artistique", le réalisateur de Lucy, qui sera bientôt à l'affiche avec Valérian, avait fait appel. Aujourd'hui, la cour d'appel, qui a récemment rendu son verdict, a quintuplé les dommages, pour les porter à 465 000 euros - bien moins toutefois que les 2,2 millions d'euros réclamés. "La reprise massive par Lock Out d'éléments essentiels de New York 1997 semblablement agencés est constitutive de contrefaçon", assurent les juges.
L'affaire avait fait grand bruit dans le milieu, notamment parce que StudioCanal avait passé un accord avec une major hollywoodienne, prête à payer 1,75 million de dollars pour lui acheter les droits d'un remake. Mais la sortie de Lock Out avait tout fait capoter.
Dans leur verdict, les juges font état d'une "importante accumulation de reprises de scènes marquantes dans le déroulement de l'action" qui, à leurs yeux, "ne peut être considérée comme fortuite". Dans les deux cas, l'action se passe dans une prison isolée - l'île de Manhattan dans New York 1997, une station spatiale dans Lock Out – et l'intrigue s'étale sur une journée. Dans les deux cas, les prisonniers se mutinent et prennent en otage, soit le président des États-Unis dans le film de John Carpenter, soit la fille du président des États-Unis dans le film écrit par Luc Besson. A chaque fois, pour délivrer l'otage, les autorités hésitent entre donner l'assaut et envoyer un homme seul, option finalement retenue, lequel propose de libérer l'otage contre sa propre liberté avant de se rendre compte que les autorités lui mentent et tentent de le manipuler. Même les surnoms du héros - Snake dans le premier film, Snow dans le second – sont proches, selon les juges. D'autres détails – une injection de la part d'infirmiers, une mallette contenant des informations capitales qui s'avère finalement vide, un ancien comparse prisonnier du héros qui meurt... - sont également pointés du doigt.
"La modicité de la condamnation montre que les tribunaux n'ont finalement retenu que de simples similitudes par rapport à l'importance des sommes demandées par les plaignants. Néanmoins, comme nous l'avons toujours dit, nous ne partageons pas l'interprétation faite par les tribunaux, car nous considérons que les deux oeuvres n'ont rien de similaire dans leur impression d'ensemble, dit-on chez EuropaCorp. C'est pourquoi, en accord avec notre assureur, EuropaCorp a mis en oeuvre son assurance 'erreurs et omissions' pour couvrir cette charge." Le studio de Luc Besson ajoute qu'il ne se pourvoira pas en cassation.