Quel destin que celui de Marisa Borini ! Née à Turin, la pianiste a traversé la guerre puis a connu la vie de château en devenant l'épouse d'Alberto Bruni Tedeschi, compositeur. La menace des Brigades Rouges conduira le couple à l'exil. Virginio vient au monde, puis Valeria et enfin Carla - cette dernière est le fruit d'une passion de Marisa pour Maurizio Remmert. En 1996, Marisa perd son époux. Dix ans plus tard, son fils. À 70 ans passé, elle fait ses débuts de comédienne. Alors qu'elle donne la réplique à sa fille au théâtre, Marisa Borini a rencontré nos confrères de Gala...
C'est en 2003 que Valeria Bruni-Tedeschi met sa maman devant une caméra pour son premier film, Il est plus facile pour un chameau. Elle récidive pour Actrices et Un château en Italie, un film inspiré par la mort de Virginio et qui vaut à Marisa une nomination au César de la meilleure actrice dans un second rôle. "J'ai arrêté de jouer du piano le jour où mon fils m'a annoncé qu'il était malade, confie-t-elle dans Gala. Mon mari, lui aussi, l'a été. J'ai passé énormément de temps dans les hôpitaux. Lorsqu'on perd un enfant, on se demande pourquoi. C'est insupportable. On peut ou mourir ou vivre. Mais se tuer ferait encore plus de mal aux proches." Il lui a fallu quinze longues années avant de se réconcilier avec cet instrument qu'elle pratique désormais deux heures par jour pour entretenir sa concentration et son agilité.
Dans Les larmes amères de Petra von Kant, Marisa Borini fait ses premiers pas sur les planches du Théâtre de l'Oeuvre. Une fois encore, elle est la mère de Valeria, qui tient le rôle titre de cette pièce de Fassbinder. Elle n'apparaît qu'à la fin du spectacle mais arrive tout de même à 19 heures comme les autres comédiens. "Elle a 25 ans dans les loges", observe Valeria avec amusement.
Née un 1er avril, Marisa a 85 ans aujourd'hui. Elle ne fête plus ses anniversaires depuis le jour où, petite fille, elle a été abandonnée par celles qui prétendaient être ses amies. "J'arrive à un moment de la vie où on se dit que c'est peut-être le dernier", observe-t-elle également. Alors Marisa profite, sur les planches comme quand elle est entourée de ses quatre petits-enfants : Aurélien (13 ans) et Giulia (3 ans), du côté de Carla, Céline (6 ans) et Noé pour Valeria. Elle se réjouit d'avoir vu le tout petit dernier, Noé, adopté au Vietnam en novembre, "découvrir la neige en février". Marisa Borini travaille enfin à l'écriture de ses mémoires avec son éditrice Aurélie Ouazan (Robert Laffont). "Je me suis rendu compte que [mes filles] ne savaient pas grand-chose de mon enfance en Italie, je souhaitais témoigner de cette période... et de la suite." L'ouvrage pourra rejoindre plus tard la bibliothèque de la propriété du Cap-Nègre où Marisa aime réunir sa tribu...
Dans ce grand portrait que lui consacre Gala, Marisa Borini évoque aussi quelques anecdotes sur son mariage, l'Elysée, son souhait de voir son gendre Nicolas Sarkozy réussir dans sa reconquête ou son plaisir de jouer sur scène. En kiosques ce 1er avril 2015.