Samedi 15 octobre au soir, Une bouteille à la mer, de Thierry Benesti, a reçu la chistera (panier en osier fixé à la main du joueur de pelote basque par un gant en cuir) du meilleur film, durant la cérémonie de clôture du festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz. Ce long métrage est une adaptation du roman de Valérie Zenatti, Une bouteille dans la mer de Gaza, qui relate le jour où une Française de 17 ans, installée avec sa famille à Jérusalem, assiste à un attentat dans son quartier. Elle décide suite à cet événement d'écrire une lettre à un Palestinien imaginaire, la confiant à son frère qui vit près de Gaza et la jette à la mer dans une bouteille. Quelques semaines plus tard, elle reçoit une réponse d'un Palestinien, avec lequel elle va correspondre...
Selon l'AFP, l'actrice Mélanie Laurent, qui avait présenté mardi dernier son premier long métrage en tant que réalisatrice à l'issue de la cérémonie d'ouverture, a reçu une double récompense : la chistera du jury jeunes et la chistera du public. Son film Les Adoptés nous plonge dans le quotidien de trois femmes formant une famille unie (Mélanie Laurent, Clémentine Célarié et Marie Denarnaud), entre deux soeurs fusionnelles, une mère aimante mais penchée sur l'alcool, et un adorable petit garçon. Lorsque l'une d'elles tombe amoureuse d'un homme (Denis Ménochet), leur équilibre vacille. Puis un terrible accident se produit, et cette tribu d'adoptés va devoir tout réapprendre. Tenter de s'écouter "bien", de s'apprivoiser, d'avancer ensemble, de s'aimer.
"Si on commence à penser à ce qui plairait aux gens, on risque d'oublier d'être soi en cherchant à être ce que les autres espèrent. Alors, j'ai surtout essayer d'être sincère", confiait la maîtresse de cérémonie du dernier festival de Cannes lors de la conférence de presse de la manifestation. Pari relevé pour la pétillante blonde, puisque sa justesse a atteint le coeur du jury, présidé par Catherine Jacob, et des spectateurs, dont les premières critiques sont positives.
Ces récompenses, si elles ne sont pas annonciatrices d'un succès à coup sûr (prudence), doivent quelque peu rassurer la comédienne controversée quant à ce coup d'essai en tant que cinéaste. Attendue au virage par la critique, celle qui agace par son omniprésence - en plus d'avoir été l'étoile leader de Cannes cette année, elle a sorti son premier album en tant que chanteuse, En t'attendant, et été hissée égérie Dior -, prouve avec ce projet qu'elle n'est pas là par hasard.
Si certains accusent l'artiste d'être une amatrice arrivée sous le feu des projecteurs grâce à un coup de chance ou une "pistonnée" au minois juste bien dessiné, il est évident que Mélanie Laurent n'a rien d'une dilettante. Les plans réalisés, l'ambiance, la bande originale (à se procurer d'urgence), le jeu d'acteurs, les décors, les costumes, tout a été pensé avec beaucoup de précision et décidé après de nombreuses heures de travail. Car il ne suffit pas de s'appeler Mélanie Laurent pour débloquer un budget - modeste - de 3 millions d'euros, il faut également que le sujet porte et que les idées concrètes transportent ceux qui lui font confiance. Et pour cela, la comédienne a créé, animé, coloré, échangé. "On fait des films pour soi avec des acteurs, des techniciens... mais le prix du public c'est le plus beau prix", a-t-elle lancé sur scène avec émotion.
Par ailleurs, les jurés ont attribué la chistera du meilleur réalisateur à Michaël R. Roskam pour son premier long métrage Bullhead, évoquant l'histoire d'un éleveur trafiquant d'hormones, associé à un vétérinaire sans scrupules.
Le prix de la meilleure interprétation masculine est d'ailleurs allé à Matthias Schoenaerts pour son rôle dans ce long métrage (il partagera prochainement l'affiche de De rouille et d'os, avec Marion Cotillard), et Sandra Hüller a reçu la chistera de la meilleure interprétation féminine pour sa prestation dans L'amour et rien d'autre, de Jan Schomburg.
Pour rappel, l'an dernier, le jury présidé par Claude Brasseur avait décerné le prix du meilleur film à Nowhere Boy du cinéaste britannique Sam Taylor-Wood.
Laureline Reygner