Le 12 septembre dernier, Oscar Pistorius échappait à une condamnation pour meurtre. Le verdict, polémique, le reconnaissait coupable d'homicide par négligence de sa compagne Reeva Steenkamp, abattue de quatre balles la nuit de la Saint-Valentin 2013. Si la fin de ce procès a été accueillie avec soulagement par la famille d'Oscar Pistorius, celle de Reeva est loin d'en accepter l'issue, son frère évoquant même une "pantomime".
Colère et incompréhension
Adam Steenkamp, demi-frère de Reeva par leur père Barry, a confié toute son amertume et sa colère au Mail on Sunday. Sa famille et lui se sentent trahis par la justice sud-africaine. Pour lui, Oscar Pistorius n'est rien d'autre qu'un "tueur absolu" qui aurait dû être reconnu coupable de meurtre. "Au fond de mon coeur, je sais qu'il s'en est sorti. Il s'en est sorti après un meurtre. Je ne comprends pas la logique derrière l'acquittement de quelqu'un accusé de meurtre qui tire quatre balles dans de toutes petites toilettes. Ce n'est pas le comportement de quelqu'un qui n'a pas l'intention de tuer", confie ce père de famille installé dans le Suffolk.
Pour lui, il n'y a aucun doute, Oscar Pistorius a délibérément tué sa soeur. Désormais, Adam Steenkamp n'a qu'une envie, "aller là-bas pour hurler et crier à la face du monde", faire quelque chose pour rendre justice à Reeva. "Mais votre tête vous dit que ce n'est pas comme cela qu'il faut résoudre le problème, que ça ne changera rien", poursuit-il, évoquant un cercle de violence sans fin.
Son message à Oscar
Pour lui, difficile de comprendre comment son père Barry et la mère de Reeva, June, ont pu pardonner à Oscar Pistorius. Comme eux, il tente tout de même de voir le bon côté des choses, expliquant que ce meurtre a quelque peu ouvert, dans la société sud-africaine, un débat sur la nécessité ou non de se défendre violemment. Et Adam de s'adresser à l'athlète handicapé : "Que s'est-il passé ? Mais comment as-tu pu être capable d'une telle défaillance ? Il ne peut y avoir que deux raisons : soit une absolue détermination, soit une terrible erreur. (...) Je ne nierai pas que la loi a été appliquée mais peut-être la loi n'est-elle pas en phase avec la réalité, spécialement dans ce pays." Il est convaincu qu'Oscar Pistorius est un homme brisé. Mais que son seul souci était d'éviter de passer ses plus belles années derrière les barreaux...
Comédie
Et de dénoncer la comédie de l'accusé durant son procès, entre vomissements, larmes, malaises, "une grotesque pantomime". "Nos larmes sont bien plus réelles, plus lourdes. Pleurer sur son destin n'allait pas changer grand-chose. C'est un homme et il était temps pour lui de se lever et d'assumer. C'était décevant de ne pas le voir faire ça. C'était comme s'il avait joué la comédie. Le minimum que nous pouvions accepter est le verdict d'homicide par négligence. Cela aurait été fou qu'il soit sorti libre après avoir tué quelqu'un", a-t-il expliqué.
Bien que vivant en Angleterre depuis son enfance, Adam Steenkamp se souvient de ce lien et de l'amour qui les unissaient : "Elle était parfaitement adorable. Nous avions un lien incroyable et nous nous manquions énormément entre les moments où nous nous voyions." Jamais elle ne verra les enfants de son frère, alors qu'elle avait prévu un voyage pour l'Angleterre l'an passé, elle qui leur achetait régulièrement des petits cadeaux. Il se souvient de ces moments où, enfants, ils couraient autour de la ferme familiale, de leurs messages échangés et de leur impatience à se retrouver.
Après avoir dispersé les cendres de sa soeur sur une plage d'Afrique du Sud, il raconte les larmes aux yeux ce moment intense : "C'était vraiment très sobre. Je n'ai rien demandé. On m'a demandé de le faire et j'ai senti que j'aidais mon père et June. Ils étaient si bouleversés, j'ai été touché et je les ai discrètement soutenus. En dispersant les cendres, je me disais : 'À bientôt, Reeva.' "