S'il était venu parler de son livre, une autobiographie remise à jour, Roman Polanski a également été sollicité pour réagir sur Europe 1 le 11 juin à la sortie du maître de cérémonie du Festival de Cannes, Laurent Lafitte, lors de l'ouverture des festivités.
"Je pense que la tirade de Laurent Lafitte était minable, pas seulement vis-à-vis de moi, mais surtout vis-à-vis de Woody Allen qui était invité pour faire l'ouverture du Festival avec son nouveau film [Café Society]. C'était d'extrêmement mauvais goût", a déclaré le réalisateur du Pianiste au micro d'Anne Sinclair.
Lors de son discours d'ouverture à Cannes, Laurent Lafitte s'était amusé du fait que le réalisateur de Manhattan tournait beaucoup en Europe ces dernières années : "Alors que vous n'êtes même pas condamné pour viol aux États-Unis." Un peu partout dans le monde, nombreux sont ceux qui ont vu là une attaque visant le réalisateur Roman Polanski, accusé de viol sur mineure en 1977 aux États-Unis. Incarcéré 47 jours pour passer des expertises psychiatriques, il avait ensuite été libéré sous caution : il avait plaidé coupable de rapports sexuels illégaux avec une mineur en échange de l'abandon des charges plus graves. Mais le juge change d'idée, et Polanski quitte les États-Unis pour se réfugier en France. En 2009, coup de tonnerre lors de son arrestation à Zurich où il était allé recevoir un prix. Assigné à résidence en Suisse pendant quelques mois, il n'avait finalement pas été extradé vers l'Amérique. Une plaisanterie qui n'a pas du tout plu à l'épouse du réalisateur du Pianiste, Emmanuelle Seigner, et elle l'a même traité de "gros blaireau" sur Instagram.
Pourtant, il l'assure, ce n'est pas le cinéaste qu'il visait, mais le "puritanisme américain" : "Quand j'ai écrit cette blague, c'était plutôt une blague sur l'Europe, et sur le fait que [Roman Polanski], l'un des plus grands réalisateurs américains, avait dû passer des années en Europe, alors que Woody Allen n'y était pas obligé, puisqu'il n'était pas accusé de viol dans son propre pays justement. À l'inverse de Polanski. C'était censé être une blague sur le puritanisme américain et le fait qu'il est surprenant qu'un réalisateur américain veuille faire autant de films en Europe."
Laurent Lafitte ne voulait donc pas blesser Roman Polanski, ni Woody Allen d'ailleurs. Car le présentateur cannois n'était pas au courant de la tribune de son fils Ronan Farrow : "Après la soirée, on m'a dit qu'il y avait eu des réactions fortes. Ce que je n'ai appris que ce matin, c'est que le fils de Woody Allen avait fait la veille une déclaration, l'accusant de viol. Je ne le savais pas." S'il avait su, il se serait bien gardé de faire cette blague, a-t-il affirmé. Trop tard, pas sûr que le comédien français tournera pour Polanski de si tôt. N'empêche, il y a d'autres grands cinéastes et il a déjà tourné avec l'un d'eux : Paul Verhoeven dans Elle.