À l'affiche mercredi d'Arrête ton cinéma, le nouveau film de Diane Kurys, Sylvie Testud était l'invitée ce week-end de Thé ou café, l'émission de Catherine Ceylac sur France 2. En revenant sur son parcours, l'actrice de 44 ans, deux fois césarisée, a été amenée à parler de Chantal Akerman, qui s'est suicidée en octobre, à l'âge de 65 ans.
Sylvie Testud a tourné deux films sous la direction de la réalisatrice belge à qui l'on doit des films aussi forts que Je, tu, il, elle (1974) et Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles (1975) : Chantal Akerman a dirigé Sylvie dans La Captive (2000) puis Demain on déménage (2004). Une amitié s'est nouée entre les deux artistes.
Je savais qu'il y avait des choses qui la rendaient terriblement triste
"Que vous inspire le geste de Chantal Akerman ?", demande Catherine Ceylac à Sylvie Testud. "Ça m'a inspiré beaucoup de tristesse et beaucoup de culpabilité, répond l'actrice. Quand on est ami avec quelqu'un, on se dit, j'aurais dû le sentir, j'aurais dû être là. Voilà, ça m'a beaucoup bouleversée. C'est un moment auquel je ne m'attendais pas." Sylvie Testud poursuit en évoquant les difficultés que rencontrait Chantal Akerman : "Je savais qu'il y avait des choses qui la rendaient terriblement triste, la façon dont le monde est organisé en ce moment la rendait triste. Et je pense que la poésie manque en ce moment, et à la façon dont, justement, le cinéma se passait pour elle. Elle commençait à avoir des difficultés à faire ses films alors que tout le monde, dans le monde entier, partout où je me suis baladée avec elle - et sans elle aussi d'ailleurs - avait un respect immense pour son cinéma. Et se dire qu'elle n'arrivait plus à faire ses films... Je me suis dit, mais comment est-ce possible qu'elle décide de ne plus exister ? Ça m'a rendue tellement triste et encore aujourd'hui." À la mort de Chantal Akerman, des artistes étrangers lui ont rendu hommage comme, par exemple, Gus Van Sant dans Libération : "Quand j'ai des films comme Gerry, Elephant et Last Days, cela a constitué pour moi une influence plus qu'essentielle : il y avait pour moi Béla Tarr et Chantal Akerman."
Mercredi, Sylvie Testud retrouve les grands écrans avec Arrête ton cinéma, dont le scénario est inspiré de son livre, C'est le métier qui rentre. Sylvie y racontait les difficultés rencontrées quand on lui a demandé d'écrire un scénario. La réalisatrice Diane Kurys, qui signe le film, raconte à Allociné : "Je savais qu'on lui avait proposé d'écrire un scénario et qu'elle en avait même écrit plusieurs versions. Et puis, trois semaines avant le début du tournage, alors qu'elle était déjà en préparation, avec un casting et une équipe engagés, elle a appris que son film ne se ferait pas. C'est quand même le cauchemar de tous les metteurs en scène ! Je me souviens du moment où elle me l'a annoncé. Elle était effondrée et devant sa détresse je lui ai conseillé d'écrire un livre pour ne pas rester sur cet échec, mais au contraire pour l'exorciser et essayer d'en faire quelque chose..." Un livre qui est aujourd'hui une comédie dans laquelle Sylvie Testud est en proie à deux productrices timbrées incarnées par Josiane Balasko et Zabou Breitman.