En quelques mois, Café de Flore est passé du statut d'étrange objet filmique avec Vanessa Paradis, sans date de sortie, à celui d'oeuvre choc qui sortira entre Dubaï Flamingo et Cornouaille, deux autres films décalés avec l'actrice.
Pour Madame Figaro, Vanessa Paradis en dit plus sur sa transformation en mère célibataire dans le Paris des années 60, coiffée d'une perruque brune et débarrassée de tout maquillage. Encensée pour ce rôle qualifié de contre-emploi par la critique, la chanteuse et comédienne avoue n'attendre plus qu'une chose : retravailler avec la réalisateur Jean-Marc Vallée.
Alors qu'elle entame la dernière ligne droite avant ses quarante ans, Vanessa Paradis ne s'inquiète pas : "Je travaille tout de même depuis vingt-trois ans et j'ai été très gâtée. Je n'ai tourné que dix films, un palmarès bien modeste, je manque d'entraînement mais j'aimerais progresser encore." Particulièrement directe, elle ajoute : "Mon ego est assez brossé ! Je suis très heureuse du chemin parcouru. Mon travail me rassasie. Mon premier amour reste la musique, mais j'aimerais tourner davantage et mieux."
Depuis le succès de L'arnacoeur avec Romain Duris (3,8 millions d'entrées), le nom de Vanessa Paradis est plus glamour que jamais. Comblée d'avoir participé à un tel succès, elle avoue à Première préférer les défis : "Si j'arrive à faire rêver les gens, j'en suis ravie, mais jouer cette mère dans Café de Flore reste malgré tout une expérience plus enrichissante. Ce n'est pas comme si je manquais d'occasions d'être pomponnée, donc j'ai envie de m'échapper le plus possible de ça lorsque je suis sur un plateau."L'autre tournant de sa carrière, c'était La fille sur le pont, une romance de Patrice Leconte sur un lanceur de couteaux et une fille paumée dans un Paris en noir et blanc : "On avait tous conscience qu'un truc exceptionnel était en train de se produire. Je passais mes journées avec Daniel Auteuil, il me lançait des couteaux, on vivait en noir et blanc. C'était fou."
Ces succès lui auront certainement permis de remettre en perspective une carrière commencée très jeune et lancée comme une fusée. Elle se rappelle notamment de sa rencontre avec le réalisateur américain John Boorman (Délivrance), qui n'avait pas hésité à lui expliquer que ses producteurs l'avaient obligé à la rencontrer : "J'avais 16 ans, je n'étais pas armée pour ça. Certains le font avec plus de diplomatie que d'autres, mais lui a vraiment été terrible. Enfin, disons plutôt terriblement honnête."
Mais Vanessa Paradis n'a aucune rancoeur. Alors qu'elle devrait prochainement travailler sur un nouvel album, six ans après Divinidylle, elle rêve encore d'un projet de longue date sur la relation passionnée entre Simone de Beauvoir et l'américain Nelson Algren. Après leur rendez-vous manqué par L'homme de la Mancha de Terry Gilliam, dont le tournage apocalyptique est raconté dans Lost in la Mancha, Vanessa Paradis et Johnny Depp pourraient alors se croiser devant les caméras de cinéma. Elle conclut l'interview de Madame Figaro avec un sourire évocateur : "Si le film devait voir le jour, il résonnerait d'un sens évidemment tout particulier."
Retrouvez les interviews de Vanessa Paradis dans Madame Figaro, en kiosques le 7 janvier, et dans Première, décembre 2011/janvier 2012.