En juillet 2010, Yolande Moreau apprend qu'elle a un cancer du sein. Au début de l'année 2011, elle se fait opérer, avant d'enchaîner sur la chimiothérapie. Elle s'en est remise, et à 60 ans (depuis le 27 février dernier), elle croque désormais la vie à pleines dents, restant fidèle à sa philosophie : rester humble et préférer les cabossés de la vie, comme elle.
C'est d'ailleurs le sujet de son film, Henri, en salles depuis le 4 décembre. Son second long métrage, qu'elle présentait en avant-première à Paris le 3 décembre dernier, raconte le destin d'Henri (Pippo Delbono), un homme à la cinquantaine d'origine italienne, qui se retrouve désemparé à la mort de sa femme Rita (jouée par Lio). À la tête d'un restaurant, il se voit proposer par sa fille l'aide d'une résidente d'un foyer pour handicapés mentaux, Rosette (Miss Ming). Elle est joyeuse, bienveillante et ne voit pas le mal, rêve d'amour, de sexualité et de normalité.
Il y a donc de Yolande Moreau dans ce film, pour celle qui dit aimer "filmer les petites fêlures", chose qui, si on s'en tient à ses propos, "n'est pas dans le goût de l'époque, c'est assez lent, mais j'aime cette lenteur". Pour Gala qui est venu à sa rencontre dans sa vieille ferme normande, l'actrice aux trois César (meilleure actrice pour Séraphine, meilleur premier film et meilleure actrice pour Quand la mer monte) revient tout en simplicité sur cette période très particulière où elle a affronté la maladie.
C'est pendant sa chimiothérapie que l'actrice belge, ex-Deschiens a écrit Henri. "J'en ai profité pour travailler mon scénario, confie-t-elle. L'idée, je l'avais depuis 2003." Mais "l'écriture, c'est ardu", assure-t-elle. Le film est habité par la délicatesse, et celle qui "doute beaucoup" a réussi à saisir des portraits d'humains rares. L'écriture n'a pourtant pas été facile : "J'ai bien fait dix-sept versions", confesse la réalisatrice.
Elle s'est donc lancée dans le bain, seule réalisatrice cette fois-ci (Quand la mer monte, en 2004, s'est fait avec Gilles Porte), mais bien entourée. "Ma fille Héloïse, 41 ans, qui est scripte, m'a aidée à me familiariser avec les questions techniques", dit-elle. Quant à son "fils Nils, 40 ans, il joue un petit rôle dedans." Sa famille, Yolande Moreau la garde toujours près d'elle. Jeune mère à la veille de ses 20 ans, Yolande Moreau est aussi grand-mère depuis un certain temps. Ses quatre petits-enfants, âgés de 8 à 18 ans, l'appellent d'ailleurs "mémé". Et Yolande le vit bien, en toute simplicité.
"Henri", en salles depuis le 4 décembre.