L'affaire Gérard Depardieu a pris une nouvelle ampleur après la publication d'une autre lettre ouverte, qui remet en cause les soutiens affichés envers l'acteur. Cette contre-tribune a été signée par plus de 2 500 artistes parmi lesquels on retrouve notamment les chanteuses Angèle et Louane, l'actrice Corinne Masiero, le rappeur Médine ou encore les humoristes Waly Dia et Guillaume Meurice.
"Ne vous trompez pas, nous aussi, nous souhaitons que la justice fasse son travail. C'est même ce que les féministes réclament depuis toujours. Mais face à l'absence d'écoute et de prise au sérieux des victimes au sein des institutions policières et judiciaires, il faut refuser la banalisation de propos et d'actes tels que ceux de Gérard Depardieu." Après la tribune publiée en défense de l'acteur, un large collectif d'artistes appelle, contre le silence complice, à "briser l'écho de l'impunité".
C'est ainsi que Le collectif Cerveaux non disponibles, a souhaité répondre au camp pro-Depardieu. Ce dernier a demandé à ne pas effacer le monstre du cinéma français en le lynchant médiatiquement avec un texte paru dans les pages du Figaro. Pour les signataires de la contre-tribune toutefois, "c'est l'illustration sinistre et parfaite du monde d'avant qui refuse que les choses changent".
Gérard Depardieu est mis en examen pour viols depuis 2020 à la suite d'une plainte d'une comédienne d'une vingtaine d'années, Charlotte Arnould, et est depuis visé par trois plaintes au total. Il a été au coeur d'un sujet de Complément d'enquête sur France 2 qui a été diffusé au début du mois et qui montre notamment l'acteur en Corée du Nord proférant des propos très insultants envers les femmes et même une fillette - des images qui ont été authentifiées par un huissier.
Le malaise a été amplifié par le fait que plusieurs des quelque 60 personnalités qui avaient signé la tribune de soutien ont depuis pris leurs distances, dont son ex-compagne Carole Bouquet, Nadine Trintignant et Gérard Darmon. En cause, Yannis Ezziadi, éditorialiste au magazine ultraconservateur Causeur et qui a côtoyé Julie Depardieu, la fille de l'acteur, qui en est à l'initiative. Il a été décrit dans une enquête du Monde comme "proche des sphères identitaires et réactionnaires".
Samedi, l'acteur Charles Berling a dit à son tour sur Instagram ne finalement pas souscrire "à l'ensemble de cette tribune" et combattre "au quotidien les idées d'extrême droite portées par son auteur". "Je regrette d'être associée à l'initiateur de cette tribune dont j'ignorais l'engagement politique", a aussi écrit la réalisatrice Josée Dayan dans un communiqué, tout en précisant ne pas retirer sa signature car elle "reste attachée à la présomption d'innocence".
La télévision publique suisse (RTS) a écarté de sa programmation les films dans lesquels Gérard Depardieu incarne "un des rôles principaux", après la diffusion en France d'un documentaire télé choc, a indiqué un porte-parole dimanche à l'AFP.
"Depuis les dernières révélations au sujet de Gérard Depardieu, la RTS évite de proposer des films où il incarne un des rôles principaux. Un ou deux métrages ont ainsi été mis de côté en cette période de Fêtes", a déclaré à l'AFP Marco Ferrara, confirmant une information de l'hebdomadaire suisse Matin Dimanche.
"Lorsque nous sentons que le public peut se sentir majoritairement heurté par une oeuvre ou une personnalité jusque-là acceptée, nous l'écartons ponctuellement de notre programmation", a-t-il expliqué.
Gérard Depardieu reste présumé innocent des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture définitive de tous les dossiers.