Alain Delon lors de la montée des marches du Festival de Cannes 2010© BestImage
La suite après la publicité
A coeur ouvert, Alain Delon a déjà parlé avec émotion de ses enfants, Anthony, Anouchka et Alain-Fabien, ce dernier étant au Festival de Cannes pour présenter un film cru et onirique, Les Rencontres d'après-minuit. Il a également exprimé ce qu'il pensait du cas Gérard Depardieu tout comme de la polémique du salaires des acteurs. Le monstre sacré du cinéma se confie une nouvelle fois, pour Le Figaro, revenant sur le film qui sera diffusé en sa présence et en version restaurée à Cannes, Plein Soleil.
L'occasion pour lui de revenir sur ce film majeur de sa longue filmographie, dont la projection cannoise sera accompagnée d'un hommage rendu à l'icône du cinéma français. Avec une franchise déconcertante, il parle aussi de Cannes, des présidents et des politiciens qu'il a connus, de ses projets et de ses regrets.
Contrairement à ce que l'on croit parfois, Alain Delon n'a pas été lancé par Rocco et ses frères de Luchino Visconti, puisque ce dernier l'a choisi après avoir vu Plein Soleil en 1960. A l'origine, les producteurs voulaient qu'il joue le rôle de l'héritier dans ce long-métrage tiré du roman de Patricia Highsmith, mais il a osé demander à jouer l'autre tôle, celui de Ripley, l'imposteur séduisant et ambigu. Grâce à l'appui de la femme de René Clément, Bella, il obtiendra le rôle, jouant aux côté de Maurice Ronet et de Marie Laforêt. Seul souci : il a eu un mal de mer terrible et a souffert le martyre pendant le tournage !
Plus de cinquante années après, il a hâte de découvrir le film en version restaurée, mais il ne revoit pas tous ses longs-métrages : "Ça dépend. Par exemple, il y en a un que je ne peux jamais revoir, c'est La Piscine. A cause de Romy, à cause de Ronet, de Deray. Tout le monde est mort. Il y avait trop d'intimité avec Romy. Ça me fait trop mal." Au fil de l'entretien, il apprend que celle qu'il a tant aimée apparaît dans une scène de Plein Soleil : "Ah ils l'ont gardée ? C'est Ronet qui avait voulu ça. Elle était à Rome. On l'a mise sur la via Veneto avec nous. Je ne me souvenais plus. Je vais la revoir, alors ?"
De retour à Cannes, il se souvient de la présentation du film Mr. Klein de Joseph Losey pour lequel il aurait pu être primé, lui qui n'a jamais rien reçu au Festival : "Mon attachée de presse à l'époque m'avait téléphoné de là-bas, quand on passait le film : 'Si tu viens, tu as le prix.' Je lui ai répondu : 'Vous vous êtes gourés, il ne faut pas me dire ça. Il fallait me dire de venir. Mais me dire, si tu viens, tu l'as, ce n'est pas la peine. J'ai le prix ou je ne l'ai pas.' Alors ils l'ont filé à un Espagnol dont je défie quiconque de se souvenir du nom." Après recherche, le voici : en 1976, José Luis Gomez a reçu le prix d'interprétation pour Pascual Duarte, réalisé par Ricardo Franco.
Alain Delon n'aime pas commenter l'actualité, même s'il dira qu'il comprend l'attitude de Gérard Depardieu, et que les acteurs sont bien payés lorsqu'ils ont des intéressements sur les entrées de leur film : "Si le film se plante, ils ne vont pas avoir un rond." Cependant, si certains grands comédiens négociement un pourcentage sur les recettes, ils reçoivent tout de même un cachet. Et tout le monde n'accepte pas de gagner zéro euro pour que des films puissent exister, comme Depardieu avec Mammuth, ou plus récemment Welcome to New York d'Abel Ferrara.
Sur la politique, l'homme de droite affiché qu'il est ne s'étendra pas, préférant se contenter de parler des hommes qu'il connaissait. Son ami Raymond Barre, son admiration pour le général de Gaulle - il a remis à l'institut qui porte son nom le manuscrit de l'appel du 18 juin qu'il avait acheté une fortune -, Nicolas Sarkozy qu'il connaissait bien avant qu'il ne soit président ou bien François Mitterrand qui était tout le temps "branché" astrologie.
Alain Delon a tout vécu, tout connu ou presque. Il a incarné des figures historiques : "Il n'y a que le Christ que je n'ai pas joué." Et s'il regrette de n'avoir jamais réussi à faire L'Homme à cheval de Drieu La Rochelle et Martin Eden de Jack London, il déclare sans détour : "Le cinéma ne me manque pas. J'ai tout eu. Pourquoi voulez-vous que j'aille tout foutre en l'air pour jouer un gardien de la paix chez Kassovitz ? Je veux bien travailler avec Gavras, Besson, Polanski, mais tous les rigolos, là... Je ne m'ennuie pas. Je fais beaucoup de théâtre. Je vais partir en tournée avec ma fille [Anouchka, avec qui il joue dans la pièce Une journée ordinaire]. Je suis fou de joie."
"Plein soleil", dévoilé dans le cadre de Cannes Classics, sera projeté le samedi 25 mai au Festival de Cannes
L'occasion pour lui de revenir sur ce film majeur de sa longue filmographie, dont la projection cannoise sera accompagnée d'un hommage rendu à l'icône du cinéma français. Avec une franchise déconcertante, il parle aussi de Cannes, des présidents et des politiciens qu'il a connus, de ses projets et de ses regrets.
Contrairement à ce que l'on croit parfois, Alain Delon n'a pas été lancé par Rocco et ses frères de Luchino Visconti, puisque ce dernier l'a choisi après avoir vu Plein Soleil en 1960. A l'origine, les producteurs voulaient qu'il joue le rôle de l'héritier dans ce long-métrage tiré du roman de Patricia Highsmith, mais il a osé demander à jouer l'autre tôle, celui de Ripley, l'imposteur séduisant et ambigu. Grâce à l'appui de la femme de René Clément, Bella, il obtiendra le rôle, jouant aux côté de Maurice Ronet et de Marie Laforêt. Seul souci : il a eu un mal de mer terrible et a souffert le martyre pendant le tournage !
Plus de cinquante années après, il a hâte de découvrir le film en version restaurée, mais il ne revoit pas tous ses longs-métrages : "Ça dépend. Par exemple, il y en a un que je ne peux jamais revoir, c'est La Piscine. A cause de Romy, à cause de Ronet, de Deray. Tout le monde est mort. Il y avait trop d'intimité avec Romy. Ça me fait trop mal." Au fil de l'entretien, il apprend que celle qu'il a tant aimée apparaît dans une scène de Plein Soleil : "Ah ils l'ont gardée ? C'est Ronet qui avait voulu ça. Elle était à Rome. On l'a mise sur la via Veneto avec nous. Je ne me souvenais plus. Je vais la revoir, alors ?"
De retour à Cannes, il se souvient de la présentation du film Mr. Klein de Joseph Losey pour lequel il aurait pu être primé, lui qui n'a jamais rien reçu au Festival : "Mon attachée de presse à l'époque m'avait téléphoné de là-bas, quand on passait le film : 'Si tu viens, tu as le prix.' Je lui ai répondu : 'Vous vous êtes gourés, il ne faut pas me dire ça. Il fallait me dire de venir. Mais me dire, si tu viens, tu l'as, ce n'est pas la peine. J'ai le prix ou je ne l'ai pas.' Alors ils l'ont filé à un Espagnol dont je défie quiconque de se souvenir du nom." Après recherche, le voici : en 1976, José Luis Gomez a reçu le prix d'interprétation pour Pascual Duarte, réalisé par Ricardo Franco.
Alain Delon n'aime pas commenter l'actualité, même s'il dira qu'il comprend l'attitude de Gérard Depardieu, et que les acteurs sont bien payés lorsqu'ils ont des intéressements sur les entrées de leur film : "Si le film se plante, ils ne vont pas avoir un rond." Cependant, si certains grands comédiens négociement un pourcentage sur les recettes, ils reçoivent tout de même un cachet. Et tout le monde n'accepte pas de gagner zéro euro pour que des films puissent exister, comme Depardieu avec Mammuth, ou plus récemment Welcome to New York d'Abel Ferrara.
Sur la politique, l'homme de droite affiché qu'il est ne s'étendra pas, préférant se contenter de parler des hommes qu'il connaissait. Son ami Raymond Barre, son admiration pour le général de Gaulle - il a remis à l'institut qui porte son nom le manuscrit de l'appel du 18 juin qu'il avait acheté une fortune -, Nicolas Sarkozy qu'il connaissait bien avant qu'il ne soit président ou bien François Mitterrand qui était tout le temps "branché" astrologie.
Alain Delon a tout vécu, tout connu ou presque. Il a incarné des figures historiques : "Il n'y a que le Christ que je n'ai pas joué." Et s'il regrette de n'avoir jamais réussi à faire L'Homme à cheval de Drieu La Rochelle et Martin Eden de Jack London, il déclare sans détour : "Le cinéma ne me manque pas. J'ai tout eu. Pourquoi voulez-vous que j'aille tout foutre en l'air pour jouer un gardien de la paix chez Kassovitz ? Je veux bien travailler avec Gavras, Besson, Polanski, mais tous les rigolos, là... Je ne m'ennuie pas. Je fais beaucoup de théâtre. Je vais partir en tournée avec ma fille [Anouchka, avec qui il joue dans la pièce Une journée ordinaire]. Je suis fou de joie."
"Plein soleil", dévoilé dans le cadre de Cannes Classics, sera projeté le samedi 25 mai au Festival de Cannes