Gérard Depardieu et Jacqueline Bisset sur le tournage du film Welcome to New York le 3 mai 2013© BestImage
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Le producteur et distributeur de Wild Bunch, Vincent Maraval, ne fait certainement pas l'unanimité, mais il a le mérite d'avoir jeté un pavé dans la mare en soulevant plusieurs questions dans le cinéma français. Avec sa désormais célèbre tribune, publiée en décembre dernier dans les pages du Monde, il a provoqué un véritable tourbillon. Les réactions se sont succédé, notamment celles des acteurs dont les noms apparaissaient dans le papier de Maraval qui accusait certains comédiens d'être trop payés, comme Dany Boon. Des mois plus tard et alors que commence tout juste la fête du cinéma à Cannes, Vincent Maraval revient en détail sur ses propos et donne des informations sur son projet brûlant : Welcome to New York, librement inspiré de l'affaire DSK, avec Gérard Depardieu.
Annoncé il y a plus d'un an, le projet de tourner un long-métrage qui s'inspire du scandale de Dominique Strauss-Kahn, soupçonné de viol en mai 2011 à New York, a mis du temps à se concrétiser. Isabelle Adjani a préféré se retirer de l'aventure, cédant la place à Jacqueline Bisset, tandis que la recherche de financement n'a pas non plus été simple : "Nous n'avons pas un sou français. C'est pourtant un sujet porteur vu le nombre d'articles qui lui sont consacrés depuis deux ans... L'État français n'a pas eu besoin d'appeler les chaînes de télé pour leur dire de ne pas y aller. Le zèle mal placé des petits décideurs suffit."
Pourtant, le film n'est pas un biopic de Dominique Strauss-Kahn : "Abel Ferrara se fiche de l'affaire DSK. Mais quand il était un cinéaste au sommet, il a fait un film pour la Warner. Les cadres du studio se sont aperçus qu'il était héroïnomane. Ils ont jugé qu'il n'était pas fiable et l'ont blacklisté. [...] Sa femme ne voulait pas savoir qu'il se droguait. Vous voyez l'analogie... [...] C'est un film sur l'affliction et la rédemption, comme tous les films de Ferrara. J'ai bien peur que ceux qui guettent le scandale en soient pour leurs frais."
Interrogé sur le salaire de Gérard Depardieu, Vincent Maraval ne semble pas peu fier de raconter combien il a payé la star du cinéma français : "Zéro euro. Voilà, on dira ce qu'on veut de Gérard, mais il m'appelle le week-end avant le tournage : 'Vincent, tu abuses, j'ai dû me payer mon billet pour New York, tu ne me donnes rien. Ton article m'a fait rire, mais je vais en écrire un à mon tour : 'Les financiers du cinéma sont-ils des rats ?'. Je réponds 'Écoute Gérard, tant pis, je n'ai pas d'argent pour faire ce film, je comprends que tu refuses.' Il me rappelle deux heures après : 'Ok, tu m'emmerdes, mais je le fais gratos.' C'est le panache qu'il pouvait avoir pour Pialat et qu'il a encore pour faire Mammuth ou tourner avec Abel Ferrara."
Un extrait de Welcome to New York sera dévoilé au Festival de Cannes, une manifestation que Vincent Maraval connaît bien, et cette année, neuf de ses films en vente ou en distribution y sont présentés : "C'est un endroit spécial pour nous, qui nous fait rêver. Pendant quinze jours, on peut croire qu'on est important, et pendant le reste des 350 jours restants, Iron Man 3 et ses amis viendront bouffer nos films !" Il dira du bien du délégué général du Festival Thierry Frémaux, qui lui a donné confiance, lui qui pensait ne pas avoir sa place dans ce milieu élitiste. Mais il lui reprochera tout de même de vouloir que tout se passe bien : "J'aime bien parfois quand ça se passe mal. Enfin, surtout pour les films des autres..."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine "Télérama" du 15 mai
Annoncé il y a plus d'un an, le projet de tourner un long-métrage qui s'inspire du scandale de Dominique Strauss-Kahn, soupçonné de viol en mai 2011 à New York, a mis du temps à se concrétiser. Isabelle Adjani a préféré se retirer de l'aventure, cédant la place à Jacqueline Bisset, tandis que la recherche de financement n'a pas non plus été simple : "Nous n'avons pas un sou français. C'est pourtant un sujet porteur vu le nombre d'articles qui lui sont consacrés depuis deux ans... L'État français n'a pas eu besoin d'appeler les chaînes de télé pour leur dire de ne pas y aller. Le zèle mal placé des petits décideurs suffit."
Pourtant, le film n'est pas un biopic de Dominique Strauss-Kahn : "Abel Ferrara se fiche de l'affaire DSK. Mais quand il était un cinéaste au sommet, il a fait un film pour la Warner. Les cadres du studio se sont aperçus qu'il était héroïnomane. Ils ont jugé qu'il n'était pas fiable et l'ont blacklisté. [...] Sa femme ne voulait pas savoir qu'il se droguait. Vous voyez l'analogie... [...] C'est un film sur l'affliction et la rédemption, comme tous les films de Ferrara. J'ai bien peur que ceux qui guettent le scandale en soient pour leurs frais."
Interrogé sur le salaire de Gérard Depardieu, Vincent Maraval ne semble pas peu fier de raconter combien il a payé la star du cinéma français : "Zéro euro. Voilà, on dira ce qu'on veut de Gérard, mais il m'appelle le week-end avant le tournage : 'Vincent, tu abuses, j'ai dû me payer mon billet pour New York, tu ne me donnes rien. Ton article m'a fait rire, mais je vais en écrire un à mon tour : 'Les financiers du cinéma sont-ils des rats ?'. Je réponds 'Écoute Gérard, tant pis, je n'ai pas d'argent pour faire ce film, je comprends que tu refuses.' Il me rappelle deux heures après : 'Ok, tu m'emmerdes, mais je le fais gratos.' C'est le panache qu'il pouvait avoir pour Pialat et qu'il a encore pour faire Mammuth ou tourner avec Abel Ferrara."
Un extrait de Welcome to New York sera dévoilé au Festival de Cannes, une manifestation que Vincent Maraval connaît bien, et cette année, neuf de ses films en vente ou en distribution y sont présentés : "C'est un endroit spécial pour nous, qui nous fait rêver. Pendant quinze jours, on peut croire qu'on est important, et pendant le reste des 350 jours restants, Iron Man 3 et ses amis viendront bouffer nos films !" Il dira du bien du délégué général du Festival Thierry Frémaux, qui lui a donné confiance, lui qui pensait ne pas avoir sa place dans ce milieu élitiste. Mais il lui reprochera tout de même de vouloir que tout se passe bien : "J'aime bien parfois quand ça se passe mal. Enfin, surtout pour les films des autres..."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine "Télérama" du 15 mai