Le destin l'a donc encore frappé. Quelques semaines après avoir perdu sa fille, c'est son fils Alexis Vastine qui est décédé il y a plusieurs jours dans le crash d'hélicoptères qui a tué dix personnes sur le tournage du jeu de TF1 Dropped. Inconsolable, Alain Vastine tente de se reconstruire aux côtés de son épouse Sylvie. L'ex-boxeur parle de ce combat difficile et raconte son fils dans les pages de Paris Match.
"J'aurais dû le serrer plus souvent dans mes bras"
C'est l'histoire d'un chagrin. D'un père à qui la vie vole son fils tant aimé. Trop tôt, à 28 ans seulement et tant d'autres belles années à vivre devant soi. "Il était beau comme James Dean, mon fils", se rappelle Alain, fier de son boxeur jusqu'au dernier round. Mais plus qu'un physique, son papa et entraîneur se souvient de son élégance gants aux poings et de la précocité de son enfant "le plus doué". "À 6 ans, Alexis voulait déjà combattre. Je l'ai fait monter sur le ring avec la licence de son frère Adriani [8 ans à l'époque, l'âge minimum requis, NDLR]", raconte le vice-champion de France de boxe amateur.
Alain Vastine, propriétaire d'un club, et toute la famille vivaient alors au rythme de la boxe. Alexis, Adriani, Célie, Cindy - tous sauf Cassie - ont enfilé les gants et parcouru la France dans la voiture du père pour affronter d'autres clubs, décrochant chacun un titre national ou européen. Les quatre enfants, des "compétiteurs incroyables", s'entraînent jusqu'à quatre fois par semaine sous les yeux de leur papa-coach avec "une exigence et une rigueur qu'il m'arrive, avec le recul, parfois de regretter un peu", avoue-t-il. "J'aurais dû aussi le serrer plus souvent dans mes bras", poursuit le papa, les larmes aux yeux. Et si Sylvie, la maman, tente de leur faire oublier un peu la boxe en interdisant les coupes à la maison, Alain garde son obsession pour le ring. "J'avoue : je faisais passer le sport avant les études", confie-t-il, mettant en avant un sport en forme "d'éducation" et de "discipline de vie".
Alcool, espoir et larmes
Le poids de cette discipline, justement, Alexis Vastine ne l'a pas toujours supporté. Non pas par faiblesse, mais à cause de l'injustice dont il a été victime, à deux reprises, aux JO de Pékin puis de Londres, où des arbitres lui voleront ses rêves d'or. Deux échecs qui finiront par faire sombrer Alexis Vastine dans l'alcool, la boulimie et les idées noires. "Je voyais bien sa descente aux enfers. Quand il venait à la maison, je lui faisais remarquer qu'il était en train de devenir une épave. Il repartait de chez nous en pleurant", raconte-t-il.
Heureusement, début 2014, le prodige de la famille se reprend. 8 kilos en moins sur la balance, les excès mis de côté, le brigadier-chef dans le 121e régiment du train "travaille comme un fou" et devient champion du monde militaire. Sauf que la vie lui impose une nouvelle épreuve. Sa soeur Célie meurt à 21 ans seulement, dans la nuit du 2 au 3 janvier 2015, dans un accident de voiture causé par un chauffeur ivre et sous l'emprise de stupéfiants, précise Paris Match. "C'est Alexis qui, à son enterrement, avait pris la parole. Mon fils était un hypersensible. Il était en pleurs quand il a terminé son discours", dit le papa.
"Il voulait fonder un foyer"
La suite, elle devait pourtant être belle pour Alexis. Son but était de prendre enfin sa revanche aux JO de Rio en 2016. "Il aurait décroché l'or. Ensuite, il voulait raccrocher définitivement, fonder un foyer et avoir des enfants. Il pensait déjà à sa reconversion. Il envisageait de faire de la télé ou du cinéma. Il prenait des cours d'art dramatique", raconte Alain Vastine.
Dropped, où il avait décidé de partir pour se changer les idées après la mort de sa soeur, et son terrible crash en décideront autrement. Et c'est un deuxième terrible deuil qu'Alain doit affronter aujourd'hui, perturbé par une mésentente avec la société de production du jeu de TF1, ALP. La cause ? Les familles des victimes se disent "abandonnées" et ont décidé de pousser un coup de gueule dans les médias ce matin, jeudi 19 mars.
Les "promesses non tenues" d'ALP
Sur Europe 1, Alain Vastine s'est ainsi plaint du manque de nouvelles d'ALP. "Je ne trouve pas ça normal, on ne doit pas laisser les parents des victimes attendre... Nous sommes obligés d'appeler la cellule de crise pour avoir des nouvelles. Ce n'est pas permis, on souffre déjà beaucoup, tout ça, ça fait beaucoup de choses", a-t-il lâché dans Le Grand Direct des médias, évoquant des "promesses non tenues". ALP ne l'aurait également pas aidé à se rendre sur les lieux du crash en Argentine alors que les corps seront bientôt rapatriés, comme l'a expliqué sa fille Cassie Vastine dans Le Parisien.
"On a proposé d'y aller par nos propres moyens, mais on nous fait culpabiliser en disant qu'on risque de croiser l'autre avion... Avec toute la médiatisation, les gens ont dû penser qu'on était bien épaulés, qu'on soulagerait notre chagrin des aspects purement matériels. Eh bien pas du tout, on est seuls", avait dit Cassie Vastine dans le journal, où Bénédicte Mei, maman de la journaliste Lucie, décédée dans l'accident, a aussi confié sa colère contre ALP, comme Dominique Guinard, père du producteur de l'émission Volodia lui aussi disparu en Argentine.