Grandir auprès de deux monstres sacrés n'a pas été une chose aisée pour Catherine Allégret. Entre une mère trop distante, Simone Signoret, et un beau-père, Yves Montand, qu'elle admirait par-dessus tout mais dont les empressements déplacés l'ont traumatisée, l'actrice a plus d'une fois - comme en 2004 dans son ouvrage Un monde à l'envers - tenté de mettre des mots sur cette vie hors du commun. Invitée mercredi 23 avril dans la La Parenthèse inattendue (France 2), au côté d'Yvan Le Bolloc'h et d'Axel Kahn, Catherine Allégret a de nouveau évoqué son enfance et plus précisément son amour à sens unique pour Yves Montand.
Catherine Allégret, fille du réalisateur Yves Allégret, n'était âgée que de 3 ans quand sa mère a succombé aux charmes d'Yves Montand. De cette époque, elle garde le souvenir d'une mère froide et bien trop occupée par sa carrière et sa vie amoureuse. Pour résumer sa relation avec Simone Signoret, Catherine Allégret donne l'exemple du coucher, toujours expéditif : "Quand elle venait me dire bonsoir, elle me disait : 'Et maintenant coucouche panier, bibi lolo' comme disent les tout-petits. Elle m'embrassait et elle disparaissait. (...) Elle travaillait beaucoup et quand elle ne travaillait pas, elle faisait beaucoup la groupie de l'artiste [Yves Montand, NDLR]". "C'était chaotique mais c'était marrant", résume-t-elle.
Si l'absence de sa propre mère a beaucoup blessé la mère de Benjamin Castaldi, le manque d'amour et de reconnaissance de son beau-père était finalement encore plus douloureux. "Il était très paternel, très gentil mais il a passé sa vie à me répéter qu'il n'était pas mon père. Et moi, je n'avais qu'un désir, c'était d'avoir un père. C'était donc compliqué pour moi d'avoir un homme en face de moi que j'idolâtrais car c'est l'homme que j'ai connu qui m'a fait le plus rire, le plus pleuré et dont j'admire la réussite bien plus que celle de ma mère parce qu'il est parti de peu."
Il a fallu de très longues années pour entendre, enfin, de la voix d'Yves Montand, la reconnaissance qu'elle recherchait. Comme elle le raconte : "Il a fallu attendre que ma mère soit malade et qu'elle soit au bord de la mort [Catherine Allégret avait près de 40 ans, NDLR] pour que cet homme me dise dans les yeux : 'C'est fini, maintenant je suis ton père." Des mots que l'actrice n'oubliera jamais.
Sarah Rahimipour
La Parenthèse inattendue, mercredi 23 avril à 22h20 sur France 2.