Plus femme ? Plus princesse ? De plus en plus épanouie en tout cas, Charlene de Monaco... Démonstration en 23 pages dans la revue espagnole Hola!, qui lui consacre la couverture de son numéro 3 638 (en date du 23 avril 2014) spécial 70e anniversaire, à la faveur d'un portrait qui a la force des icônes et semble destiné à rester dans les annales.
Femme aux pieds nus et naturelle il y a quelques semaines dans les pages de l'édition italienne de Vanity Fair, qu'elle recevait dans l'intimité de ses appartements privés pour quelques confidences très personnelles sur sa vie de couple avec le prince Albert, l'ex-nageuse sud-africaine devenue altesse monégasque s'impose cette fois avec une grâce toute princière qui a des allures de révélation. Bientôt trois ans après son mariage avec le prince Albert, Charlene n'est plus celle qu'elle était alors : cette jeune femme taiseuse, fuyante, apparemment apeurée par l'envergure de sa nouvelle vie et le poids (médiatique, en particulier) de son destin, au point de se voir reprocher son inconsistance et de prêter le flanc à la rumeur, à toutes les rumeurs...
Magnifique bras et épaules nus, drapée de soie argent, couronnée pour la première fois du somptueux diadème Océan que son époux lui a offert à l'occasion de leurs noces, le regard assuré sans perdre pour autant de sa délicatesse naturelle, la bouche entr'ouverte comme un gage de son désir d'être une princesse qui parle, Charlene de Monaco se révèle. Plus que jamais. Elle "s'incarne" enfin. Elle parle. Elle accueille des étrangers dans sa sphère intime. Elle leur livre qui elle est. Elle n'a plus peur. Grâce à l'amour d'Albert, son rocher, grâce aussi à sa mise en action via la fondation qu'elle a créée et qui s'est fixé pour premier enjeu de combattre la mortalité infantile liée aux noyades.
État de grâce, quelle icône !
Hola!, qui s'est offert avec cette exclusivité mondiale un très beau cadeau pour son 70e anniversaire, soixante ans après s'être enamouré d'une certaine Grace Kelly, ne s'y est pas trompé : en manchette, l'hebdomadaire ne vante pas seulement l'accès inédit au décor du palais princier, il exalte l'entretien "unique" qui permet de "découvrir l'histoire émouvante d'une femme authentique et d'une battante". Une histoire richement illustrée par un photoreportage signé Vanessa von Zitzewitz qui, page après page et look après look (Dior, Akris, ses chouchous, et Stéphanie Renoma sont à l'honneur), semble écrire un conte de fées : en ouverture du dossier spécial, en double page, la princesse Charlene de Monaco pose devant un décor extérieur jour, telle une madone en robe bustier noir, toujours coiffée de cette tiare de 850 diamants, 359 saphirs aux teintes changeantes représentant l'écume de mer et 11 diamants de quatre carats formant des gouttes d'eau, que le prince Albert avait commandée au joaillier Van Cleef and Arpels.
Les images et les situations s'enchaînent ensuite avec une sorte de magie : Charlene impériale, debout sur un Rocher au bord de la Méditerranée, lumineuse en robe bustier crème devant les murs du Musée océanographique à flanc de falaise et sur fond de ciel d'orage ; Charlene esquissant une oeillade impertinente en montant le grand escalier en marbre de Carrare du palais princier, en total look black ; toute une série en intérieur dans la même tenue, et idem avec les draps de soie argent ; Charlene en femme d'action, chemisier blanc ouvert et jupe camel, appuyée sur son bureau et stylo à la main devant des visuels Louis Vuitton sur une double page, puis en combinaison néoprène intégrale en pleine baignade sur une autre ; une page patchwork compilant des moments d'amour avec Albert (en rando autant qu'en gala) ; une autre où Charlene apparaît aux côtés de son idole Nelson Mandela et d'enfants dans le cadre des actions de sa fondation ; et enfin, un gros plan de profil, accompagnant des propos sur ses engagements philanthropiques, où la princesse, devant la mer, regarde au loin vers la droite - l'avenir.
"Quand je suis avec des enfants, je craque complètement"
La vie de couple, la vie d'altesse, la vie (future) de maman, les thèmes sont toujours les mêmes, et Charlene de Monaco, qu'on voyait rayonnante le week-end dernier au Rolex Masters de Monte-Carlo, ne craint plus de les aborder avec sincérité, elle qui, dans les premiers temps de sa vie de princesse, se réfugiait volontiers derrière la parole de son époux. Un époux qui, elle le répète, est son "meilleur soutien", la personne à laquelle elle se fie et qui la "connaît mieux que quiconque" ; un époux dont elle admire et adore "sa passion pour la vie, pour les personnes, ses valeurs humaines, son humilité et son caractère, compatible avec le sien".
À nouveau, comme avec le Vanity Fair italien récemment, Charlene se remémore de bon coeur cette enfance heureuse qui fut la sienne, marquée par une grande liberté et une totale insouciance jusqu'à ses dix ans au Zimbabwe, où elle est née, puis par l'expérience brutale et incompréhensible de la ségrégation, lorsque sa famille dut s'installer en Afrique du Sud, en plein Apartheid.
Elle parle aussi de la matinée qu'elle vient alors de passer avec des adolescents japonais venus de Fukushima et fascinés par les couleurs de la principauté, en fleur. "Quand je suis avec des enfants, je craque complètement", confie-t-elle, ne faisant que mettre des mots sur une vérité qu'on a pu voir à l'oeuvre tant lors de ses sorties pour la Fondation Princesse Charlene (comme à Capbreton l'an dernier) que ses missions sur le Rocher (comme sa récente visite à la crèche monégasque L'Ile aux bambins, le 8 avril dernier).
Elle évoque les missions de sa fondation : "Sauver des vies", comme elle l'a résumé lorsque le pape Benoît XVI l'a interrogée à ce sujet. Soulignant que les chiffres officiels sur les décès par noyade sont en-deçà de la vérité et énumérant les pays où son organisme développe des projets (Inde, Thaïlande, Mauritanie, Maroc, Afrique du Sud, Canada, Californie, France), elle remarque : "Il y a des enfants qui croient qu'une princesse est toujours habillée comme pour aller au bal et avec une couronne, et n'arrivent pas à croire qu'elle sache nager, qu'elle puisse se mettre à l'eau avec eux. Une fois, une fillette était tellement surprise de me voir dans le bain que, dans l'eau, elle s'est approchée en douce et m'a touchée du doigt pour voir si j'étais réelle."
Les séquelles de l'apprentissage princier
Revenant aussi sur son passé de nageuse de haut niveau, depuis la naissance de sa vocation, en regardant en 1992 les JO de Barcelone et en promettant à sa mère de disputer un jour les olympiades, à son retrait des bassins en 2008, faisant une croix sur les Jeux de Pékin, en passant par sa rencontre avec le prince Albert de Monaco en 2000 lors du meeting Mare Nostrum, elle commente son changement de vie : "Mon mari est celui qui me comprend le mieux, parce que lui aussi a fait du sport en compétition au haut niveau (en particulier en bobsleigh, même s'il pratique de nombreuses disciplines). Si on me demande quelle a été la plus grande épreuve que j'ai eu à affronter dans ma vie, j'avoue que ce fut de prendre ma retraite de nageuse professionnelle. (...) Le prince sait combien c'est dur et les conséquences personnelles qui vont avec. C'est lui qui m'a apporté le plus grand soutien, le meilleur réconfort."
Comme pour Vanity Fair, à qui elle parlait de barbecues entre amis et de soirées télé, Charlene passe en revue leurs loisirs de couple : "La plongée sous-marine, la randonnée en montagne, explorer, admirer la nature... Je me souviens avec une émotion particulière des voyages que nous avons faits au Népal, en Nouvelle-Zélande et dans les Iles Fidji. C'était merveilleux. Mais ce n'est pas facile de se détendre et de se reposer quand on devient une personnalité publique. Vous savez quand une relation devient vraiment sérieuse ? Quand les paparazzi commencent à vous suivre. J'aime les grandes promenades. Je peux profiter de moments de détente et de tranquillité."
Elle n'évite pas non plus à une question sur les rumeurs qui ont terni son mariage : "Au dernier moment, ma mère me demande de l'accompagner à Paris pour récupérer les chaussures qu'elle avait commandées pour le mariage. (...) On a écrit que j'avais fui Monaco. Mes amis m'envoyaient des messages affolés, et je leur répondais : 'Comment ça, j'ai fui ? Où ça ?'"
La fin de la conversation s'oriente vers ses actions avec sa fondation, son rôle de présidente d'honneur de MONAA (Monaco Against Autism) et son intérêt pour la mode. En revanche, elle échappe exceptionnellement à la plus inévitable des interrogations - celle portant sur son désir de maternité, qu'elle a déjà dit avoir placé "entre les mains de Dieu".