Le 5 janvier 2016, Charlotte Valandrey sera les planches du Théâtre Edgard dans une comédie, Mon pote est une femme comme les autres, dans laquelle elle incarne un double rôle. C'est un retour au premier plan pour celle dont la séropositivité n'a pas seulement bouleversé la vie, mais aussi une carrière prometteuse. Avec pudeur et une grande sincérité, l'actrice de 47 ans revient sur les épreuves traversées, ce corps marqué par le traitement et ses désirs dans le magazine Gala, pour lequel elle pose avec sa fille de 15 ans, Tara.
Longtemps, j'étais jalouse de Marion Cotillard
Quelle aurait pu être sa carrière ? Dans le magazine Gala, Charlotte Valandrey avoue franchement : "Longtemps, par exemple, j'étais jalouse de Marion Cotillard, de ses rôles, de la chance qu'elle a de pouvoir s'acheter la maison de ses rêves. Je ne le suis plus. Je suis allée la voir dans Macbeth avec plaisir." Les choses ont changé. Après avoir tant écrit sur elle-même, elle écrit un roman. Un signe, sans doute. Et puis, il y a eu ce déclic avant l'été dernier qui lui fait dire qu'il fallait "arrêter d'attendre et refaire confiance à la vie".
Avec un nouvel agent qui lui présente le directeur du Théâtre Edgar, Charlotte Valandrey décroche le rôle du Julien qui, une nuit, se serait transformée en femme, dans Mon pote est une femme comme les autres. L'actrice n'était pas remontée sur les planches depuis 2009. Mieux dans ses baskets, enfin heureuse par elle-même, elle se réconcilie avec un corps changé en raison d'une trithérapie encore lourde : "Onze [médicaments] le matin, onze le soir. Avec cette conséquence : ce corps qui n'est plus celui de mes 20 ans, raconte Charlotte. J'apprends aussi à l'assumer. Ces jambes fines - je me dis que certaines aimeraient bien les avoir ! -, ce torse trop large dû au traitement, mais au moins j'ai des seins !"
Dans les années 1980, Charlotte est repérée par Dominique Besnehard et fait ses débuts à 17 ans dans Rouge Baiser de Véra Belmont. Elle y donne la réplique à Lambert Wilson. Elle décroche un prix d'interprétation à la Berlinale et une nomination au César du meilleur espoir. En 1987, elle apprend sa séropositivité qui lui coûtera le rôle tenu finalement par Vanessa Paradis dans Noce blanche. Ne pas tourner ce film est un grand regret pour l'actrice. En 2005, elle couche son histoire sur le papier dans L'Amour dans le sang. Suivront d'autres livres dans lesquels elle évoque sa greffe du coeur, en 2003, ou sa quête de l'amour.
Aujourd'hui, elle ne désire rien d'autre que poursuivre son métier. Charlotte Valandrey peut compter sur son ange gardien : Dominique Besnehard fut son agent, puis il a produit pour France 3 l'adaptation de L'Amour dans le sang. Désormais, il aimerait la retrouver dans sa série Dix pour cent qui a cartonné sur France 2. "Même en réanimation, je rêvais de retrouver mon métier. Sauf que je ne me rendais pas compte qu'il me faudrait autant de temps pour y revenir. Pour retrouver mes yeux pétillants", conclut-elle.
Gala, en kiosque le 30 décembre.