Christopher Lee, icône du septième art, est mort ce dimanche 7 juin. L'acteur est décédé à 93 ans dans l'enceinte de l'hôpital Chelsea & Westminster à Londres selon le Daily Telegraph, après avoir été admis pour des problèmes respiratoires. L'annonce de son décès a été différée à la demande de sa femme qui a d'abord voulu avertir tous les membres de la famille, a ajouté le quotidien.
L'acteur britannique laisse derrière lui une carrière impressionnante faite de plus de 200 films et de rôles plus qu'emblématiques. Dracula pour les studios de la Hammer, il incarnait à merveille les méchants du cinéma comme dans James Bond, Star Wars et Le Seigneur des Anneaux. Le comédien était marié depuis 1961 au mannequin danois Birgit Krøncke. Il ont eu une fille, Christina Erika Carandini (52 ans).
Descendant lointain de Charlemagne...
Sir Christopher Frank Carandini Lee - il a été anobli en 2001 -, dit Christopher Lee, est originaire du quartier de Belgravia à Londres. Fils d'un lieutenant-colonel dans le 60e régiment d'infanterie royal et de la comtesse Estelle Marie Carandini di Sarzano (qui fait partie d'une des plus anciennes familles italiennes, les Carrandini, dont la lignée remonte à Charlemagne), il a une soeur de cinq ans son aînée, Xandra, future mère de l'actrice Harriet Walter. Il est également le cousin par alliance de Ian Fleming, auteur de James Bond. Il jouera d'ailleurs le méchant Scaramanga de L'Homme au pistolet d'or, l'un des épisodes de la saga.
Abandonnant ses études pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, il se porte d'abord volontaire pour combattre l'Union soviétique aux côtés de la Finlande lors de la guerre d'Hiver ou guerre soviéto-finlandaise. En 1941, l'année même du décès de son père, militaire en retraite, il s'engage enfin dans la Royal Air Force en espérant devenir pilote, mais devra changer de projet pour raisons de de santé (une défaillance du nerf optique). Il sera alors muté au service des renseignements dans l'encadrement de pilotes et se hissera au grade de flight lieutenant ("capitaine") avant sa démobilisation en 1946.
Un physique inquiétant qui deviendra son atout
Après la Seconde Guerre mondiale, il tente une carrière d'acteur pour se trouver un avenir, obtenant un contrat de sept ans avec la firme cinématographique Rank. Il débute au cinéma en 1948 dans la romance fantastique L'Étrange Rendez-vous de Terence Young. La même année, il joue aux côtés de Sir Laurence Olivier dans une adaptation cinématographique d'une pièce de Shakespeare, Hamlet. Mais il rencontre des difficultés pour décrocher des rôles, du fait de son physique atypique - sa taille (1,92 m) et ses traits latins - qui l'empêche d'obtenir des rôles standards face aux stars de l'époque. La télévision lui permettra de se faire une place.
Son allure imposante et inquiétante finira par être attirer les regards en 1957. Il est alors appelé pour jouer le rôle de la créature du baron Frankenstein, incarné par Peter Cushing dans le film d'horreur Frankenstein s'est échappé de Terence Fisher. Christopher Lee entre alors dans les studios de la Hammer, le film est un succès. Le début d'une collaboration fructueuse qui démarre véritablement avec Le Cauchemar de Dracula (1958). L'acteur anglais prend la relève de Bela Lugosi dans le rôle du comte vampire et deviendra l'un des visages les plus emblématiques de la Hammer. Il incarnera le comte dans dix films de Dracula (comme Dracula, prince des ténèbres de Terence Fisher en 1966, Dracula et les femmes de Freddie Francis en 1968 ou encore Les Cicatrices de Dracula de Roy Ward Baker en 1970. Les studios de la Hammer se lancent dans d'autres films d'horreur, et Christopher Lee est engagé dans La Malédiction des pharaons et Le Chien des Baskerville.
Le méchant par excellence
Figure de Dracula, Christopher Lee se voit donc proposer une foule de rôles machiavéliques. Il se plaît dans le registre de l'horreur dans les années 1960 avec des longs métrages aux titres évocateurs, comme Hurler de peur ou encore Les Vierges de Satan. Sa capacité à parler différentes langues (anglais, allemand, italien, français, russe, espagnol, suédois, hébreu et grec !) lui permettent de tourner dans des productions étrangères et l'on citera ainsi Le Corps et le Fouet de Mario Bava en 1963.
Comment se sortir de la case du méchant de service ? En multipliant des rôles plus variés, ce à quoi Christopher Lee s'emploie à partir des années 1970. Ainsi, après avoir été Sir Henry de Baskerville dans un opus de Sherlock Holmes, il incarnera le célèbre détective dans La Vie privée de Sherlock Holmes de Billy Wilder en 1970. Mais ce sera en vilain qu'il figurera au casting du James Bond L'Homme au pistolet d'or avec Roger Moore, en 1974, en se glissant dans la peau de Scaramanga. La légende veut que l'auteur de la série d'espionnage, Ian Fleming, ait pensé à son cousin Christopher Lee pour le rôle de l'agent au service de Sa Majesté, avant que Sean Connery ne l'obtienne. Par ailleurs, ironie du sort, alors qu'alors qu'il a fait la guerre, voilà qu'il se retrouve dans le costume d'un commandant allemand dans le film 1941 de Steven Spielberg.
Infatigable et aux multiples talents
L'infatigable Christopher Lee poursuit sa carrière dans les années 1980 en alternant entre télévision et cinéma. Il joue dans des films télévisés comme La Salamandre de Peter Zinner en 1981, où il côtoie des acteurs tels que Franco Nero, Anthony Quinn et Claudia Cardinale ou encore Le Tour du monde en 80 jours de Buzz Kulik en 1989 où il retrouve ses compatriotes Eric Idle, Peter Ustinov et Robert Morley. Le doublage ne lui fait pas peur et il est la voix du roi Haggard dans le film d'animation La Dernière Licorne. Cette décennie ne saura en tout cas pas mettre en valeur le talent de Christopher Lee qui s'amusera d'apparitions, comme dans Gremlins 2 en 1990 par exemple, sans trouver de performance à sa mesure.
C'est Tim Burton, grand amateur de films de genre, qui ira chercher le comédien pour lui offrir un rôle court mais mémorable dans Sleeply Hollow en 1999. Le cinéaste le fera travailler ensuite dans Charlie et la Chocolaterie où il interprète un dentiste inquiétant puis dans le film d'animation Les Noces funèbres dans lequel il prête sa voix à un pasteur loufoque. Il retrouve le cinéaste américain, en 2012, pour incarner le pêcheur Silas Clarney, dans Dark Shadows.
Fan du Seigneur des Anneaux, l'acteur avait envoyé une lettre à Peter Jackson pour lui demander de lui trouver une place dans son film. Ce dernier a accepté, et il n'a pas eu à regretter son choix : Lee est le meilleur Saroumane qu'on pouvait imaginer face à Gandalf/Ian McKellen. Inscrit dans l'univers de Tolkien - il apparaît également dans Le Hobbit -, le comédien devient désormais une figure emblématique pour une nouvelle génération. Et ce n'est pas fini puisqu'il est le comte Dooku dans une autre saga, celle de Star Wars (L'Attaque des clones et La Revanche des Sith). Il acquiert alors le statut de légende. Il aurait même pu jouer Dumbledore dans Harry Potter pour succéder à Richard Harris, mort en 2002, mais c'est Michel Gambon qui prendra finalement la relève.
Homme aux multiples talents - producteur, orateur, musicien, chanteur et photographe -, Christopher Lee a prêté sa voix comme narrateur du groupe de metal symphonique italien Rhapsody of Fire pour l'album Symphony of Enchanted Lands II: The Dark Secret ! Une fonction qu'il a aussi assurée pour le groupe de Heavy Metal américain Manowar toujours pour trois titres de leur nouvel album Gods of War (sorti en mars 2007). En 2010, il avait sorti un album solo By the Sword and the Cross sous le nom de Charlemagne dans un style opéra metal symphonique.