Fabrice Luchini lors de la soirée GQ ' l'Homme de l'Année 2012' à Paris le 16 janvier 2013© BestImage
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Sur scène où il reprend Le Voyage au bout de la nuit de Céline et prochainement dans Gemma Bovery d'Anne Fontaine, qui revisite l'oeuvre de Flaubert, Fabrice Luchini est un homme de 62 ans qui se veut plus tranquille et apaisé, loin de ses ennuis de santé d'il y a un an. C'est en tout cas ce qui ressort du portrait que lui a consacré Le Journal du dimanche du 5 janvier. Croisant ses propos avec ceux de sa fille, la réalisatrice Emma Luchini (Sweet Valentine), l'article nous dévoile un Luchini intime comme on le voit rarement.
"J'ai mis des années à comprendre que ce mot, 'normal', n'était pas péjoratif. Toute sa vie, 'Fabrice' a été un homme de l'extérieur qui sortait comme un hystérique et ne pouvait se fixer. Il avait besoin de se greffer, à des bandes, des couples, des soirées. L'idée de se retrouver à deux l'angoissait. Puis, tout a changé", raconte sa fille Emma Luchini.
Le changement, c'est la mort, il y a cinq ans, de celle qu'il considérait comme "la vrai femme de sa vie", indique le JDD. Fabrice Luchini, oiseau bavard des nuits, trouve à présent du plaisir dans une soirée tranquille en compagnie de sa bien-aimée. Mais on ne saura rien de la personne qui partage avec lui ces moments, il dira seulement : "Je mène une vie de préretraité, comme dirait Flaubert, une vie morne et tranquille, où les phrases sont des aventures."
Fabrice Luchini s'est installé près de la mairie du 18e, dans un quartier mixte, populaire : "un ilot - allez, on va le dire - qui te donnerait presque envie d'être de gauche." L'artiste est retourné dans le quartier de son enfance : "Depuis la mort de ses parents, mon père s'inscrit clairement dans un retour aux sources. Sa vie renoue avec le populaire, plus proche de ce que furent ses parents. Les livres et le cinéma l'avaient un peu extrait de son milieu, mais il n'avait jamais fait une croix sur son passé. Chez lui, le tiraillement est resté constant."
Qui était le petit Fabrice ? Il s'appelait Robert Luchini, son vrai prénom. Frère d'Alain et Michel, il est issu d'une famille d'immigrés italiens, marchands de fruits et légumes. Pas très bon à l'école, il devient apprenti coiffeur à 13 ans avenue Montaigne, "chez les bourgeois", et choisit un nouveau prénom "Fabrice", pour "plaire aux riches" ? Il sera ensuite coursier, et se baladant de la Goutte-d'Or aux beaux quartiers : "[Les classes sociales] me sont toujours apparues comme un matériau romanesque. Moi, ce que j'aimais, c'est être dans le déplacement. C'est pour cette raison que je ne conçois pas la lutte des classes et leur destruction comme un projet euphorisant."
Sa fille révèle alors comment Fabrice Luchini a abandonné sa gouaille d'antan pour son inimitable et chic façon de parler actuelle. C'est en fréquentant sa nouvelle bande, trois "grands bourgeois délirants, parfois homos, toujours intellos", qu'il s'est forgé cette image qui lui vaut parfois des malentendus comme le fait d'être souvent pris pour un gay : le scénariste Jacques Fieschi et les écrivains Claude Arnaud et Bernard Minoret, ce dernier est aujourd'hui décédé. "C'est trois-là ont fondé mon père. Ayant dû se forger si loin de son milieu, il a dû procéder par mimétisme. [...] En quelque sorte, il a réalisé le rêve de ses parents. Mes grands-parents, trop modestes, n'éprouvaient aucune forme de révolte contre la bourgeoisie, ils la vénéraient, la sacralisaient comme un socle inatteignable."
"J'ai mis des années à comprendre que ce mot, 'normal', n'était pas péjoratif. Toute sa vie, 'Fabrice' a été un homme de l'extérieur qui sortait comme un hystérique et ne pouvait se fixer. Il avait besoin de se greffer, à des bandes, des couples, des soirées. L'idée de se retrouver à deux l'angoissait. Puis, tout a changé", raconte sa fille Emma Luchini.
Le changement, c'est la mort, il y a cinq ans, de celle qu'il considérait comme "la vrai femme de sa vie", indique le JDD. Fabrice Luchini, oiseau bavard des nuits, trouve à présent du plaisir dans une soirée tranquille en compagnie de sa bien-aimée. Mais on ne saura rien de la personne qui partage avec lui ces moments, il dira seulement : "Je mène une vie de préretraité, comme dirait Flaubert, une vie morne et tranquille, où les phrases sont des aventures."
Fabrice Luchini s'est installé près de la mairie du 18e, dans un quartier mixte, populaire : "un ilot - allez, on va le dire - qui te donnerait presque envie d'être de gauche." L'artiste est retourné dans le quartier de son enfance : "Depuis la mort de ses parents, mon père s'inscrit clairement dans un retour aux sources. Sa vie renoue avec le populaire, plus proche de ce que furent ses parents. Les livres et le cinéma l'avaient un peu extrait de son milieu, mais il n'avait jamais fait une croix sur son passé. Chez lui, le tiraillement est resté constant."
Qui était le petit Fabrice ? Il s'appelait Robert Luchini, son vrai prénom. Frère d'Alain et Michel, il est issu d'une famille d'immigrés italiens, marchands de fruits et légumes. Pas très bon à l'école, il devient apprenti coiffeur à 13 ans avenue Montaigne, "chez les bourgeois", et choisit un nouveau prénom "Fabrice", pour "plaire aux riches" ? Il sera ensuite coursier, et se baladant de la Goutte-d'Or aux beaux quartiers : "[Les classes sociales] me sont toujours apparues comme un matériau romanesque. Moi, ce que j'aimais, c'est être dans le déplacement. C'est pour cette raison que je ne conçois pas la lutte des classes et leur destruction comme un projet euphorisant."
Sa fille révèle alors comment Fabrice Luchini a abandonné sa gouaille d'antan pour son inimitable et chic façon de parler actuelle. C'est en fréquentant sa nouvelle bande, trois "grands bourgeois délirants, parfois homos, toujours intellos", qu'il s'est forgé cette image qui lui vaut parfois des malentendus comme le fait d'être souvent pris pour un gay : le scénariste Jacques Fieschi et les écrivains Claude Arnaud et Bernard Minoret, ce dernier est aujourd'hui décédé. "C'est trois-là ont fondé mon père. Ayant dû se forger si loin de son milieu, il a dû procéder par mimétisme. [...] En quelque sorte, il a réalisé le rêve de ses parents. Mes grands-parents, trop modestes, n'éprouvaient aucune forme de révolte contre la bourgeoisie, ils la vénéraient, la sacralisaient comme un socle inatteignable."