Isabelle Adjani se confie longuement cette semaine dans Paris Match. Avec beaucoup de pudeur et de sincérité, la comédienne aux cinq César évoque ses deux fils comme ses déboires amoureux. Elle nous parle aussi avec un certain aplomb du temps qui passe. Dans son prochain film, Sous les jupes des filles d'Audrey Dana, l'actrice est confrontée à dix autres comédiennes : Vanessa Paradis, Alice Taglioni, Géraldine Nakache, Audrey Fleurot... "Je suis peut-être la plus âgée du groupe, reconnaît Adjani. Mais j'ai en moi, et je l'aurai jusqu'à la fin de ma vie, une juvénilité à toute épreuve." Preuve en est la couverture de Paris Match sur laquelle l'actrice se montre en jupe légère et petit haut transparent...
Impitoyable Hollywood
Le temps qui passe serait encore plus cruel pour les actrices. Isabelle Adjani remarque que c'est d'ailleurs l'objet de deux films dont on a beaucoup parlé pendant le dernier Festival de Cannes : dans Maps to the Stars de David Cronenberg et Sils Maria d'Olivier Assayas, Julianne Moore (prix d'interprétation pour le rôle) et Juliette Binoche incarnent toutes deux une actrice confrontée au jeunisme de leur métier, une loi hollywoodienne "impitoyable" selon Isabelle Adjani. "Ne pas faire mon âge n'est pas l'essentiel, confie-t-elle dans Paris Match. Ce qui l'est, en revanche, c'est qu'on ne nous emmerde pas avec ce faux problème et d'avoir la liberté de passer d'un âge à l'autre sans se justifier." Et l'actrice assume de ne pas avoir de discipline physique infaillible : "J'ai eu le courage de faire des films comme La Journée de la jupe [et un cinquième César de la meilleure actrice au passage, NDLR] en étant plus un thon qu'un canon, justement, ou d'aller au Festival de Cannes avec le stress qui vous donne la tête d'un poisson-lune... et pas mince du tout. Mon image en a pris un coup. (...) Et alors ?"
Ignorer le système
L'actrice tient parfois des mots très durs envers les hommes et n'aimerait absolument pas en incarner un, comme Marion Cotillard en a émis le souhait dernièrement à Cannes. "Je détesterais ça, nous dit clairement Isabelle Adjani. (...) Les sublimer en les incarnant au cinéma, je trouve que ça ferait beaucoup de cadeaux aux hommes qui n'en font pas vraiment aux femmes." Cependant il y a la solitude amoureuse et l'espoir de faire la rencontre d'un homme qui y mettrait fin. "Mais honnêtement, je ne le cherche pas et je ne l'attends pas."
Pour Isabelle Adjani, une seule philosophie : "Ignorer le système, les diktats, les salauds, revendiquer le droit à l'imperfection." En témoigne une carrière aussi exigeante qu'unique, faite de rencontres avec de grands rôles et de disparitions. Un luxe. Pour élever ses enfants ou simplement profiter de la vie : "Même si j'aspire à faire de grands films et même si je suis folle de joie quand je reprends le travail, ce qui me plaît le plus, c'est vivre, me sentir libre, l'anonymat, la vie elle-même."
Au programme des prochaines semaines, la sortie d'abord de Sous les jupes des filles (le 4 juin) et les répétitions d'une nouvelle pièce de Carey Perloff, Kinship, en octobre au théâtre de Paris, dans laquelle elle tombe éperdument amoureuse de Niels Schneider. Ce jeune acteur troublant a été repéré en 2010 à Cannes quand il faisait chavirer Xavier Dolan dans son film Les Amours imaginaires. Il a tout récemment impressionné au côté d'Ana Girardot au théâtre de la Porte Saint-Martin dans Roméo et Juliette.
Sa rencontre avec Isabelle Adjani s'annonce magnétique...