Maïwenn et Johnny Hallyday dans La Gamine
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Si vous demandez à Maïwenn de vous raconter ses premiers pas dans le cinéma, l'actrice et réalisatrice le fait avec enthousiasme, nourrissant son histoire de sa fièvre charismatique. Ecumant les castings dès le plus jeune âge pour essayer d'obtenir l'amour de sa mère, cette jeune femme revient sur son parcours atypique pour le supplément TéléObs du Nouvel Observateur. Extraits.
Dans cette interview, Maïwenn ne s'appesantit par sur ses souffrances d'enfance, mais raconte son expérience précoce d'actrice. Les caméras ont filmé très tôt Maïwenn et, à 7 ans, elle joue le rôle enfant d'Isabelle Adjani dans L'Eté meurtrier. Elle narre un souvenir de tournage dément, quand Isabelle Adjani l'observe : "Et dans le miroir, je vois Adjani avec un peignoir rose au ras des fesses s'approcher comme une gazelle. Elle s'est assise derrière moi et est restée comme ça très longtemps à me dévisager. Elle voulait regarder la petite fille qui allait jouer son personnage. Sur ce tournage, je n'ai vu qu'elle."
En tournant aux côtés des plus grands alors qu'elle n'était qu'une enfant, Maïwenn a vécu des expériences mémorables, pas toujours positives. Dans Larcenaire, elle devait embrasser Jean Poiret. Ce dernier clame pendant la prise : "Dites donc, donnez-lui du zan à la petite !" Tout l'équipe rigole, mais Maïwenn ne comprend rien. "C'était minable de faire rire une équipe sur le dos d'une gamine de 13 ans."
Maïwenn n'aime pas manier la langue de bois et quand elle revient sur le tournage de La Gamine (1991) avec l'icône Johnny Hallyday, elle ne manque pas de livrer ses impressions pleines de sincérité et d'étonnement : "Je ne voyais que Johnny Hallyday. Tout m'impressionnait : les gardes du corps, son manager, le coach qui lui faisait faire de la gymnastique, ses rapports avec sa femme. [...] Un détail m'a choquée, sa façon de consommer les choses et de s'en débarrasser à l'endroit précis où il se trouvait." Cela va de la cigarette qu'il a terminé de fumer à son gobelet vide. Exemple : après lui avoir dit qu'il aimait la mer, elle le voit ainsi jeter mégot et gobelet à la mer.
Emancipée à 16 ans, elle s'inscrit dans un lycée autogéré : "J'avais accumulé tellement de lacunes, que pour les combler toutes, il aurait fallu que je reprenne tout depuis le CM1." C'est à cette époque qu'elle rencontre Luc Besson, avec qui elle aura peu après une fille, Shanna. Mais si Maïwenn fréquentait un réalisateur, pas question pour elle de travailler avec lui : "C'était ma façon de lui dire : Je t'aime pour ce que tu es, pas pour ce que tu peux m'apporter." Elle jouera ainsi uniquement un petit rôle dans le Cinquième élément, "parce que l'actrice qui devait jouer le rôle de la diva a planté Luc au dernier moment".
Quand vient la séparation d'avec Luc Besson, Maïwenn quitte les Etats-Unis et revient en France ; son projet de spectacle autobiographique, Le Pois chiche, se dessine : "Pendant huit mois, j'ai appelé le peu de monde que je connaissais, Dominique Farrugia, Nagui, le directeur de la Gaîté Montparnasse. Personne ne voulait, j'étais l'ex de Besson." Suivant le conseil de monter le spectacle seule, elle bénéficie d'un incroyable bouche-à-oreille jusqu'à ce que Libération lui consacre sa fameuse dernière page : "C'était la carte verte pour devenir légitime aux yeux des gens."
Les débuts de la médiatisation de Maïwenn se font sous le signe de l'exubérance : elle se fait remarquer dans Paris Dernière pour Frédéric Taddéi qui lui avait demandé : "Et si tu te jetais dans la Seine ?" - "j'ai dit OK" ! La scène est passée en boucle pendant un an et demi. Une séquence qui ne passe pas inaperçue auprès de Thierry Ardisson ou encore Laurent Ruquier. De son attitude cathodique à l'époque elle dira : "Je savais qu'il fallait que j'exagère."
Aujourd'hui, très bien accueillie avec son Bal des actrices et auréolée du prix du jury cette année au festival de Cannes pour Polisse (en salles le 19 octobre), Maïwenn, l'écorchée vive talentueuse, n'a plus besoin de se mettre en scène.
Retrouvez l'intégralité de cette interview fleuve dans le supplément TéléObs du Nouvel Observateur du 28 juillet.
Dans cette interview, Maïwenn ne s'appesantit par sur ses souffrances d'enfance, mais raconte son expérience précoce d'actrice. Les caméras ont filmé très tôt Maïwenn et, à 7 ans, elle joue le rôle enfant d'Isabelle Adjani dans L'Eté meurtrier. Elle narre un souvenir de tournage dément, quand Isabelle Adjani l'observe : "Et dans le miroir, je vois Adjani avec un peignoir rose au ras des fesses s'approcher comme une gazelle. Elle s'est assise derrière moi et est restée comme ça très longtemps à me dévisager. Elle voulait regarder la petite fille qui allait jouer son personnage. Sur ce tournage, je n'ai vu qu'elle."
En tournant aux côtés des plus grands alors qu'elle n'était qu'une enfant, Maïwenn a vécu des expériences mémorables, pas toujours positives. Dans Larcenaire, elle devait embrasser Jean Poiret. Ce dernier clame pendant la prise : "Dites donc, donnez-lui du zan à la petite !" Tout l'équipe rigole, mais Maïwenn ne comprend rien. "C'était minable de faire rire une équipe sur le dos d'une gamine de 13 ans."
Maïwenn n'aime pas manier la langue de bois et quand elle revient sur le tournage de La Gamine (1991) avec l'icône Johnny Hallyday, elle ne manque pas de livrer ses impressions pleines de sincérité et d'étonnement : "Je ne voyais que Johnny Hallyday. Tout m'impressionnait : les gardes du corps, son manager, le coach qui lui faisait faire de la gymnastique, ses rapports avec sa femme. [...] Un détail m'a choquée, sa façon de consommer les choses et de s'en débarrasser à l'endroit précis où il se trouvait." Cela va de la cigarette qu'il a terminé de fumer à son gobelet vide. Exemple : après lui avoir dit qu'il aimait la mer, elle le voit ainsi jeter mégot et gobelet à la mer.
Emancipée à 16 ans, elle s'inscrit dans un lycée autogéré : "J'avais accumulé tellement de lacunes, que pour les combler toutes, il aurait fallu que je reprenne tout depuis le CM1." C'est à cette époque qu'elle rencontre Luc Besson, avec qui elle aura peu après une fille, Shanna. Mais si Maïwenn fréquentait un réalisateur, pas question pour elle de travailler avec lui : "C'était ma façon de lui dire : Je t'aime pour ce que tu es, pas pour ce que tu peux m'apporter." Elle jouera ainsi uniquement un petit rôle dans le Cinquième élément, "parce que l'actrice qui devait jouer le rôle de la diva a planté Luc au dernier moment".
Quand vient la séparation d'avec Luc Besson, Maïwenn quitte les Etats-Unis et revient en France ; son projet de spectacle autobiographique, Le Pois chiche, se dessine : "Pendant huit mois, j'ai appelé le peu de monde que je connaissais, Dominique Farrugia, Nagui, le directeur de la Gaîté Montparnasse. Personne ne voulait, j'étais l'ex de Besson." Suivant le conseil de monter le spectacle seule, elle bénéficie d'un incroyable bouche-à-oreille jusqu'à ce que Libération lui consacre sa fameuse dernière page : "C'était la carte verte pour devenir légitime aux yeux des gens."
Les débuts de la médiatisation de Maïwenn se font sous le signe de l'exubérance : elle se fait remarquer dans Paris Dernière pour Frédéric Taddéi qui lui avait demandé : "Et si tu te jetais dans la Seine ?" - "j'ai dit OK" ! La scène est passée en boucle pendant un an et demi. Une séquence qui ne passe pas inaperçue auprès de Thierry Ardisson ou encore Laurent Ruquier. De son attitude cathodique à l'époque elle dira : "Je savais qu'il fallait que j'exagère."
Aujourd'hui, très bien accueillie avec son Bal des actrices et auréolée du prix du jury cette année au festival de Cannes pour Polisse (en salles le 19 octobre), Maïwenn, l'écorchée vive talentueuse, n'a plus besoin de se mettre en scène.
Retrouvez l'intégralité de cette interview fleuve dans le supplément TéléObs du Nouvel Observateur du 28 juillet.