Porté par le prestige de ses invités (Scarlett Johansson, Prince, Isabelle Adjani,...), l'humour d'Omar et Fred, l'impertinence de Yann Barthès, Le Grand journal a plutôt bonne réputation, pourtant cette semaine, Télérama publie une longue enquête sur le talk-show qualifié de "machine à promo".
Télérama rappelle les accointances de Michel Denisot, premier journaliste à avoir publié un livre (d'entretiens) sur Nicolas Sarkozy, en 1995, et celles du coproducteur, Renaud Le Van Kim, fidèle ordonnateur des show UMP.
Selon le magazine, si le politique court sur le plateau du grand Journal, "c'est qu'il a intégré qu'ici, il est à l'abri des morsures d'un Guillon." L'humoriste de France Inter peut être très féroce , Eric Besson s'en souvient. "Au Grand journal, on peut poser la question qui fâche, mais une fois, pas deux."
Malgré tout, Yann Barthès épingle régulièrement le président (et ses recyclages de discours) et les politiques, mais il n'a pas de quoi effrayer les hommes politiques. Il "donne l'impression d'ajouter du vide au vide" : "Le politique a appris à retourner en sa faveur ces minutes de solitude télévisuelles. Assumer une bourde avec humour, quel meilleur moyen de paraître cool et branché ?"
Jean-Michel Apathie n'est pas épargné et son amour de la tambouille politique souligné : "Le dérisoire, l'anecdote, les soubresauts de la politique politicienne, Jean-Michel Apathie a beau s'en défendre, il s'en délecte."
Télérama s'intéresse ensuite à la seconde partie de l'émission qui se consacre au divertissement, au cinéma et c'est la pauvre Elise Chassaing qui trinque : "Elle aime tous les films... Pour ne pas contrarier cette bonne nature, la production a délégué le sale boulot à des critiques de presse écrite, hors plateau (dont une journaliste de Télérama). Ce qui revient à confier à des tueurs à gages la liberté d'assassiner des films encensée trois jours plus tôt."
Entre un Michel Denisot "lisse et passe-plat" et des chroniqueurs comme Ariane Massenet, Pauline Lefèvre (bientôt remplacée) Mouloud et Tania Bruna-Rosso qui se "contentent d'être là, béats de contentement", seul Ali Baddou trouve grâce aux yeux de l'hebdo. Il est "méritant" et quand il "n'apprécie pas, il le dit."
Tant mieux ! L'agrégé de philosophie - aussi animateur sur France Culture - est déjà pressenti pour reprendre les rênes du show après le départ de Denisot en 2012.
La seconde partie du Grand journal est selon Télérama le "temple de la promotion" à la mécanique bien huilée ("pas plus de minutes de paroles en continu") et à l'effet garanti.
Retrouvez l'intégralité de cette enquête passionnante, cette semaine dans Télérama.