Il y a quelques mois, dans le magazine LGBT Têtu, Pierre Palmade se confiait comme jamais sur sa sexualité, sans tourner autour du pot, évoquant son mal-être comme son chemin vers l'acceptation. Après avoir si mal vécu son homosexualité, le comédien semblait enfin à l'aise, tout simplement. Sa complice Muriel Robin a connu un parcours similaire sur la question. Elle en parle avec la même sincérité dans Le Monde alors qu'elle s'apprête à monter sur scène dans Les Monologues du vagin, une pièce féministe culte, au côté de sa compagne depuis plusieurs années, Anne Le Nen, et de Carole Bouquet. Cette représentation aura lieu le 8 mars 2018 à Bobino.
Dans ce long entretien paru ce week-end dans Le Monde, Muriel Robin revient sur son enfance, son rapport à ses parents et ses soeurs, le manque d'affection, son malaise avec la féminité, sa première place au concours d'entrée du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris... Des thèmes qu'elle abordait longuement dans son dernier one-woman show, le fantastique Tsoin Tsoin.
Peut-être avais-je l'air d'une femme libre, d'une personne qui fait peur...
Puis elle raconte sa rencontre avec Pierre Palmade, leur collaboration si riche et son succès sur scène qui n'a pourtant pas débouché sur une grande carrière au théâtre ou au cinéma. Comment l'expliquer ? Muriel Robin évoque la misogynie et l'homophobie du milieu, mais se remet également en question : "À force de chercher, j'ai trouvé plusieurs explications. D'abord, ma sexualité différente. Cela peut paraître bizarre, ce que je vais vous dire, mais je connais des acteurs homos qui le cachent, sinon on ne leur mettrait plus une femme dans les bras et ça compliquerait leur carrière. C'est peut-être la même chose pour une femme, surtout avec le physique que j'avais. Aujourd'hui, je suis plus moi-même, j'ai réussi à me trouver. Ensuite, peut-être avais-je l'air d'une femme libre, d'une personne qui fait peur. On a toujours une réputation qui précède. Mais peut-être que, tout simplement, je n'étais pas prête : que ça ne vient pas d'eux mais de moi. Il faut être deux pour dans le tango. Je n'étais peut-être pas bonne danseuse, avant."
Quand on l'entend, la lauréate d'un International Emmy Award de la meilleure actrice pour Marie Besnard, l'empoisonneuse en 2007, on aurait presque du mal à croire qu'elle ait pu un jour être aussi mal ses baskets. On sait qu'elle a traversé des périodes très difficiles, un burn out par exemple.
Muriel Robin révèle qu'on lui avait déjà proposé de jouer Les Monologues du vagin mais qu'elle avait refusé par peur : "Il y a une petite histoire qui compte : (...) comme je n'étais pas très bien dans mon homosexualité, je n'imaginais pas avoir des affiches dans Paris avec mon nom et le mot 'vagin'. Je redoutais qu'en promo on me demande : 'Alors vous, Muriel, en tant qu'homosexuelle, pourquoi Les Monologues du vagin ?' Ça faisait trop ! Quand j'entendais le mot 'homosexualité' je devenais toute rouge, tellement j'étais mal à l'aise. Je le vivais très mal. Maintenant c'est fini, mais ça ne fait pas si longtemps que cela." Et Muriel qui vit une grande histoire d'amour, lesbienne, avec Anne Le Nen et s'engage auprès de l'association Urgence Tchétchénie pour venir en aide aux LGBT harcelés dans ce pays de conclure : "Je vis tranquille : je ne suis pas homo, je suis moi. Je n'ai pas à me justifier de ma vie, d'avoir été avec un homme avant d'être avec Anne. Je dois être bisexuelle, c'est pour cela que je n'ai jamais fait de coming out. C'est ma normalité."
Muriel Robin, une grande interview à retrouver sur LeMonde.fr