Chaque vendredi, Nicolas Bedos provoque un sursaut d'impertinence délirante avec la "Semaine mythomane", sa chronique dans l'émission de Franz-Olivier Giesbert, Semaine Critique. Le fils de Guy Bedos n'a certes pas la langue dans sa poche - on se souvient de quelques dérapages sur Nicolas Sarkozy ou la police - mais il réfute la simple étiquette de chroniqueur sniper, préférant dans ses textes, s'intéresser aux mots justement. Ce souci littéraire, il en parle à merveille dans l'interview fleuve que lui consacre le magazine Technikart... Et comme le bonhomme a une gueule et quelques confidences "de bourgeois" en stock, il décroche la couverture !
Colères de bourgeois et excès...
Et pour cause, quand on lui parle politique, il évoque le mal-être qu'il a connu plus jeune : "J'étais un grand dépressif, jusqu'à l'hospitalisation. De 20 ans à 23 ans, ma vie a été un enfer. J'étais gravement suicidaire (...) Alors, quand les gens de droite me parlent de déterminisme, j'ai envie de sortir un flingue." Nicolas Bedos aura 31 ans au mois d'avril, comme quoi, cela doit aller mieux...
Il évoque ses "colères de bourgeois", comme s'en prendre publiquement aux flics après avoir passé une nuit en cellule de dégrisement : "Je n'ai pas compris pourquoi on nous mettait dans des cellules dégueulasses, avec une lumière constante, de la merde au sol. J'ai même eu droit à un toucher rectal, ce qui m'a surpris. Je me suis demandé comment la société pouvait se mettre si facilement à dos un de ses concitoyens. Imagine si j'avais été noir ou arabe..." Une aventure qui ne l'a pas guéri de quelques excès : "Je n'ai jamais bu avant 22H00. Quant à la drogue, j'ai pas mal essayé, mais ça ne me réussit pas. Je suis déjà trop parano de nature (...) Bref, j'adorais me péter la gueule tout le temps sauf qu'un jour, j'ai réalisé que je préférais être bien le lendemain que bien la veille (...) Vendredi soir, quoi qu'il arrive, je serai ivre mort à 2h00 du matin. Mais les autres jours, j'aime la sobriété, être en forme le matin."
Le Guillon de Giesbert...
On sait désormais ce que fait Nicolas Bedos après sa chronique. Une chronique qui lui prend du temps car sa "démarche est plus littéraire qu'idéologique", ce qui ne l'empêche pas de recevoir des "conseils" de la part de la direction de France 2. "C'est quoi les pressions de France 2 ?", demande Technikart. "Arrêter de parler de Sarko", répond Bedos : "En fait, je ne suis pas censuré, on me 'conseille'. Les gens de France 2 m'ont donné un conseil amical : celui de ne pas devenir le Stéphane Guillon de Franz-Olivier Giesbert. C'est même pas Sarko qui l'exige mais certains chefs qui s'autocensurent par peur de représailles qui, parfois, n'arrivent jamais (...) Critiquer Sarko a quelque chose d'avilissant : tu deviens le bouffon en tapant sur le bouffon." Dans l'un de ses grands moments de délires mythomanes, pas si lointain, il avait pourtant traité le chef de l'État de "VRP surcocaïné".
La télé, pour Nicolas Bedos, reste un exercice exceptionnel qui remédie "un peu" à son "côté acteur frustré". Son vrai boulot, il le répète, c'est l'écriture. Sa pièce Promenade de santé a été adaptée à l'étranger. Il a écrit trois scénarios de téléfilms pour Josée Dayan, dont le dernier Bouquet final, vient d'être tourné avec Jeanne Moreau. Avec les rediffusions, un scénario lui rapporte 80 000 euros. Bref, il "gagne de l'argent tous les jours sans rien faire". Sauf qu'il travaille sur deux scénarios de film : un qui sera produit par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri et Les Infidèles, un film à sketchs que doit réaliser Jean Dujardin (un grand copain à lui) avec Gilles Lellouche devant la caméra.
Retrouvez l'intégralité de cette interview fleuve dans Technikart, en kiosques le 30 mars 2011.