Difficile d'oublier ce regard, celui de Tristane Banon. C'est il y a deux ans que la jeune femme de 33 ans renonçait à poursuivre son combat judiciaire contre Dominique Strauss-Kahn, non sans avoir obtenu ce qu'elle désirait : la reconnaissance de son statut de victime par le parquet de Paris. Les magistrats classaient sans suite sa plainte non sans préciser que "des faits pouvant être qualifiés d'agression sexuelle sont, quant à eux, reconnus". Cette année, Tristane Banon revient sur la scène littéraire et publiait en février dernier Le Début de la tyrannie, un livre dont elle nie le caractère autobiographique, mais comment ne pas y deviner les rapports conflictuels qu'elle a pu entretenir avec sa mère, Anne Mansouret.
Dimanche 9 juin, Tristane Banon présentait son ouvrage au salon du livre de Verneuil-sur-Avre, dans l'Eure. Entourée de plusieurs auteurs comme Grace de Capitani, Antoine Sfeir, Philippe Rochot, Gonzague Saint-Bris et Marc Menant (au bras de sa nouvelle compagne), Tristane Banon a dédicacé ce roman qui raconte le désamour d'une mère pour sa fille... en présence de sa mère, Anne Mansouret, conseillère générale de l'Eure. Devant les photographes, la mère et la fille se sont embrassées et ont pris la pose.
Au moment de la sortie du Début de la tyrannie, en février aux éditions Julliard, la jeune écrivaine avait été pas mal secouée par les chroniqueurs de Laurent Ruquier, Natacha Polony et Aymeric Caron. On passera sur les critiques d'un Caron trop énervé. Polony, elle, reprochait à Tristane d'écrire une nouvelle fois sur sa mère : "Le problème, quand on vous lit, justement, c'est qu'on a l'impression qu'il ne s'agit pas de LA mère mais que vous êtes de retour sur votre mère ou qu'en tout cas vous n'avez pas tellement avancé dans l'universalisation de votre sujet." Tristane Banon a-t-elle été blessée par Anne Mansouret au point d'en faire un sujet récurrent dans ses livres ? Ce n'est pas ce que les intéressées ont donné à voir ce week-end.
Au moment des faits, Anne Mansouret avait dissuadé sa fille de porter plainte. Tristane Banon ne briserait son silence que des années plus tard. En septembre 2011, Tristane manifestait pour le droit des femmes à Paris, et sa mère était là. La plainte de sa fille finalement classée, Anne Mansouret sortait à son tour un livre dans lequel elle assassinait son parti, le PS. Et pour la promotion de cette Chronique d'une victoire avortée (paru en janvier 2012 avant la victoire de François Hollande), elle ne faisait guère de mystère dans la presse, en des termes très crus, de son aventure avec l'ancien directeur du FMI. Dans VSD, elle concluait son anecdote par cette réflexion : "Dominique a bousillé sa vie comme celle de pas mal de monde autour de lui. Il devra régler ça avec sa conscience." Pour l'heure, alors qu'un non-lieu pourrait être requis contre lui à Lille (selon Le Figaro), il s'est affiché tout le week-end au bras de sa nouvelle compagne au tournoi de Roland-Garros.