Antonin Chalon et sa mère Zabou Breitman lors de la cérémonie des Lumières le 14 janvier 2011© Abaca
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Sept ans après le drame qui a ébranlé la France, le réalisateur Alexandre Arcady a choisi de porter à l'écran la terrible histoire du jeune Ilan Halimi et ce que sa famille a vécu, à travers le film 24 jours - la vérité sur l'affaire Ilan Halimi. Ce long métrage a été écrit avec l'aide d'Émilie Frêche, coauteure avec Ruth Halimi (la mère de la victime) du livre éponyme, publié en 2009. L'actrice principale, Zabou Breitman (54 ans), défend le film dans une interview pour le magazine Femme actuelle, une oeuvre essentielle selon elle.
Un tournage dans la douleur
Dans 24 Jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi, Zabou Breitman incarne la mère désemparée d'Ilan Halimi. Cependant, elle rappelle qu'à l'origine, le rôle ne lui était pas destiné mais l'était à Valérie Benguigui, décédée le 2 septembre dernier : "L'été dernier, Alexandre Arcady m'a appelée pour me demander si j'acceptais d'être mentionnée au casting pour que le film soit couvert par l'assurance, car Valérie était déjà malade. J'ai évidemment accepté tout de suite pour qu'elle puisse tourner. Dix jours après, il m'a annoncé qu'elle ne ferait pas le film." Sous le choc, Zabou Breitman a dû prendre la relève rapidement, afin de permettre au film d'exister.
Un tournage qui ne s'est pas fait sans mal pour cette mère de deux enfants, nés de son couple avec le sculpteur Fabien Chalon. "Au bout de quatre jours, et toutes les nuits jusqu'à la fin du tournage, j'ai rêvé qu'on torturait mon fils. [...] Ma fille [Anna] a 24 ans, mon fils [Antonin] 20 ans, l'âge d'Ilan. Je pense à sa famille. Quand le film va sortir, cela va être très dur. D'ailleurs, sa mère ne l'a pas vu." Zabou Breitman ajoute qu'elle n'a pas rencontré Ruth Halimi, mais le film étant adapté de son livre, il est au plus près de ce qu'elle a vécu.
Un financement compliqué
Outre le tournage, le financement a été difficile, ce qui scandalise l'actrice. Le Centre national du cinéma et des images animées n'a pas voulu donner d'argent, sous prétexte qu'ils "ne comprenaient pas pourquoi le gang des Barbares imaginait que les juifs avaient de l'argent" et ils reprochaient au film de ne présenter que le point de vue de la mère. Les chaînes de télévision l'ont estimé trop violent : "Ne croyez-vous pas qu'elles diffusent des choses beaucoup plus violentes ? s'insurge la comédienne. Le film est essentiel pour dénoncer la barbarie. Ces institutions devraient être les premières à nous soutenir." Une projection spéciale a été par ailleurs organisée à l'Élysée, et Manuel Valls, à l'époque ministre de l'Intérieur, s'était rendu sur le tournage.
Au Parisien, le réalisateur Alexandre Arcady était également revenu sur la production et ses difficultés : "C'est mon dix-septième film et je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré autant d'embûches, poursuit le metteur en scène. J'ai subi une désaffection totale de la part des télévisions, à commencer par celles du Service public. Si le film existe, c'est grâce au soutien de Studio 37 [filiale d'Orange, NDLR] et du conseil régional d'Ile-de-France."
De Zabou à Zabou Breitman
Au cours de son entretien, Zabou Breitman met l'accent sur le fait que ce film sort dans une société gangrénée par l'antisémitisme notamment. Pour expliquer pourquoi elle a décidé de reprendre son nom de famille comme nom de scène, elle raconte ce que le journaliste et homme politique Jean-Marie Cavada lui avait dit en 1982 : "De toute façon, vous aimez l'argent, ça ne m'étonne pas. C'est quoi votre nom, déjà ?" Stupéfaite, elle décide de s'appeler pour son métier Zabou Breitman, le meilleur hommage qu'elle pouvait rendre à son grand-père, déporté politique qui a survécu à la guerre : "Je me répétais qu'il fallait que je reprenne mon nom, par principe, même si je ne suis pas juive. Mon père [le scénariste Jean-Claude Deret - nom de naissance : Claude Breitman] est fils d'un père juif et d'une mère française du Mans, sans aucune confession juive. Ma mère est québécoise de confession catholique. Mais aujourd'hui, elle est athée comme le reste de ma famille. J'avais le sentiment que l'histoire se répétait."
De son grand-père, Zabou Breitman dira aussi qu'il a été emprisonné dans le même camp que le père deMichel Drucker, le grand-père de Léa : "Quand nous avons travaillé ensemble, nous nous amusions à les imaginer tous les deux là-haut, rigolant de voir leurs petites-filles sur un même plateau."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Femme actuelle du 28 avril
24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi, en salles le 30 avril
Un tournage dans la douleur
Dans 24 Jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi, Zabou Breitman incarne la mère désemparée d'Ilan Halimi. Cependant, elle rappelle qu'à l'origine, le rôle ne lui était pas destiné mais l'était à Valérie Benguigui, décédée le 2 septembre dernier : "L'été dernier, Alexandre Arcady m'a appelée pour me demander si j'acceptais d'être mentionnée au casting pour que le film soit couvert par l'assurance, car Valérie était déjà malade. J'ai évidemment accepté tout de suite pour qu'elle puisse tourner. Dix jours après, il m'a annoncé qu'elle ne ferait pas le film." Sous le choc, Zabou Breitman a dû prendre la relève rapidement, afin de permettre au film d'exister.
Un tournage qui ne s'est pas fait sans mal pour cette mère de deux enfants, nés de son couple avec le sculpteur Fabien Chalon. "Au bout de quatre jours, et toutes les nuits jusqu'à la fin du tournage, j'ai rêvé qu'on torturait mon fils. [...] Ma fille [Anna] a 24 ans, mon fils [Antonin] 20 ans, l'âge d'Ilan. Je pense à sa famille. Quand le film va sortir, cela va être très dur. D'ailleurs, sa mère ne l'a pas vu." Zabou Breitman ajoute qu'elle n'a pas rencontré Ruth Halimi, mais le film étant adapté de son livre, il est au plus près de ce qu'elle a vécu.
Un financement compliqué
Outre le tournage, le financement a été difficile, ce qui scandalise l'actrice. Le Centre national du cinéma et des images animées n'a pas voulu donner d'argent, sous prétexte qu'ils "ne comprenaient pas pourquoi le gang des Barbares imaginait que les juifs avaient de l'argent" et ils reprochaient au film de ne présenter que le point de vue de la mère. Les chaînes de télévision l'ont estimé trop violent : "Ne croyez-vous pas qu'elles diffusent des choses beaucoup plus violentes ? s'insurge la comédienne. Le film est essentiel pour dénoncer la barbarie. Ces institutions devraient être les premières à nous soutenir." Une projection spéciale a été par ailleurs organisée à l'Élysée, et Manuel Valls, à l'époque ministre de l'Intérieur, s'était rendu sur le tournage.
Au Parisien, le réalisateur Alexandre Arcady était également revenu sur la production et ses difficultés : "C'est mon dix-septième film et je n'ai pas souvenir d'avoir rencontré autant d'embûches, poursuit le metteur en scène. J'ai subi une désaffection totale de la part des télévisions, à commencer par celles du Service public. Si le film existe, c'est grâce au soutien de Studio 37 [filiale d'Orange, NDLR] et du conseil régional d'Ile-de-France."
De Zabou à Zabou Breitman
Au cours de son entretien, Zabou Breitman met l'accent sur le fait que ce film sort dans une société gangrénée par l'antisémitisme notamment. Pour expliquer pourquoi elle a décidé de reprendre son nom de famille comme nom de scène, elle raconte ce que le journaliste et homme politique Jean-Marie Cavada lui avait dit en 1982 : "De toute façon, vous aimez l'argent, ça ne m'étonne pas. C'est quoi votre nom, déjà ?" Stupéfaite, elle décide de s'appeler pour son métier Zabou Breitman, le meilleur hommage qu'elle pouvait rendre à son grand-père, déporté politique qui a survécu à la guerre : "Je me répétais qu'il fallait que je reprenne mon nom, par principe, même si je ne suis pas juive. Mon père [le scénariste Jean-Claude Deret - nom de naissance : Claude Breitman] est fils d'un père juif et d'une mère française du Mans, sans aucune confession juive. Ma mère est québécoise de confession catholique. Mais aujourd'hui, elle est athée comme le reste de ma famille. J'avais le sentiment que l'histoire se répétait."
De son grand-père, Zabou Breitman dira aussi qu'il a été emprisonné dans le même camp que le père deMichel Drucker, le grand-père de Léa : "Quand nous avons travaillé ensemble, nous nous amusions à les imaginer tous les deux là-haut, rigolant de voir leurs petites-filles sur un même plateau."
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Femme actuelle du 28 avril
24 jours, la vérité sur l'affaire Ilan Halimi, en salles le 30 avril