"Être actrice, c'est obtenir tout ce dont tu as envie." Voilà comment Béatrice Dalle définit ce métier qu'elle exerce depuis 25 ans avec toujours la même exigence et le même franc-parler. Dans une longue interview au supplément Next de Libération, paru ce week-end, l'actrice se confie sans garde-fou, sans minauderie : "Les acteurs qui se disent rebelles, qui 'prennent des risques' : je leur mettrais des patates ! Rebelle quant tu es acteur ? Franchement !"
Un acteur que l'on qualifiait aussi souvent de rebelle, c'est Guillaume Depardieu, disparu en octobre 2008, dont Béatrice Dalle était très proche. Elle en parle une nouvelle fois avec beaucoup d'émotion : "Je ne supporte pas l'idée qu'il y ait plus une seule cellule vivante de Guillaume sur terre, qu'il ait disparu. Si on me disait qu'il est au fin fond de l'Amazonie, qu'on ne se reverra jamais, qu'il me déteste, mais qu'il est vivant - alors je serais heureuse." La journaliste qui a rencontré à plusieurs reprises l'actrice pour ce beau portrait semble déceler un fond de tristesse chez Dalle : "Comment faire autrement si on est un minimum lucide ? (...) Mon premier mari s'est tiré une balle, il est presque mort depuis des années. Puis mon frère de coeur est mort il y a cinq ans, puis Guillaume est mort. Alors vous savez..."
Pas facile non plus l'emprisonnement de son mari Guénaël Méziani qu'elle a épousé en 2005. L'homme purgeait déjà une peine pour "viol avec actes de torture et séquestration" : "On croit que je suis folle, que c'est le syndrome de la femme battue qui protège son mec. Mais je ne supporte pas qu'un type me touche, et quand on s'engueule, et putain je m'engueule souvent, je me suis engueulée avec tous les mecs que j'ai aimés, je suis une vraie furie, pas une victime. Avec Guénaël, bien sûr qu'on a parlé du passé. C'est grave, grave à mort ce qu'il a fait. Mais je sais ce qu'on vit, et je suis amoureuse de lui. Attention, il sait aussi qu'au moindre truc qui déraille, je fous le camp." Béatrice Dalle le visite tous les mardis dans une centre pénitencier près d'Avignon.
Au détour de la conversation, Dalle partage son amour pour la musique classique. Notre consoeur raconte que l'actrice peut rester passer 36 heures sans bouger à écouter de la musique dans l'appartement parisien que lui prête Dominique Besnehard, l'agent qui l'a révélée. Et on revient sur ce fond de tristesse de l'actrice : "[Écouter de la musique] c'est ma manière d'y échapper un peu, j'imagine."
À l'affiche le mois dernier du film Jimmy Rivière de Teddy Lussi-Modeste, Béatrice Dalle enchaîne les projets alléchants. En septembre, elle retrouvera son amour d'adolescence (Emmanuelle Béart) dans Bye Bye Bondie de Virginie Despentes et sera à l'affiche de Notre Paradis de Gaël Morel. En novembre, elle retrouve les réalisateurs Julien Maury et Alexandre Bustillo, qui l'avaient fait tourner dans le sanglant À l'intérieur, pour Livide.
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans Next, en date du 7 mai 2011.