D'abord directeur de castings, puis agent de stars, et enfin producteur, le mythique Dominique Besnehard exerce avec "les professionnels de la profession" depuis des décennies. L'homme à la bonhomie assumée et au zozotement familier est donc une encyclopédie vivante de toutes les plus croustillantes anecdotes du septième art contemporain.
Âgé aujourd'hui de 56 ans, il a notamment représenté les intérêts de stars comme Isabelle Adjani, Sophie Marceau, Béatrice Dalle, Laetitia Casta, Jeanne Moreau, Nathalie Baye, Sylvie Vartan, Emmanuelle Béart, Charlotte Gainsbourg, Cécile de France, Laura Smet ou Emmanuelle Seigner, avant de créer sa structure de production - Mon Voisin Production -, en 2006. Il termine d'ailleurs actuellement J'enrage de son absence, le premier film derrière la caméra de Sandrine Bonnaire.
Très souvent acteur - Grosse Fatigue, La Cité de la Peur, Pédale Douce... -, nous le retrouverons très prochainement (le 18 mai 2011) dans La Conquête, le film de Xavier Durringer consacré à l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Il joue le rôle du décrié conseiller et ami de Sarkozy, Pierre Charon .
Pour la nouvelle édition française du magazine Vogue, ce n'est pas spécialement de sa propre actualité mais de cinéma et de ses stars que Dominique a décidé de parler. Et comme souvent quand il ouvre la bouche, nous écoutons de toutes nos oreilles et dégustons ses paroles.
Ainsi, Dominique se rappelle le jeune Normand de 11 ans qui se rendait au cinéma du casino d'Houlgate, découvrant "Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse de Minnelli". Un premier choc pour le jeune garçon. S'il avoue que la première star dont il est tombée sous le charme était Sylvie Vartan, les vedettes de cinéma allaient rapidement prendre le relais, comme la ravissante Marlène Jobert.
A propos de ses célèbres découvertes, il confie : "Comme 37°2 Le Matin a été un gros succès et la présence de Béatrice Dalle à l'écran une déflagration, on en a beaucoup parlé. Mais j'ai aussi repéré très tôt Emmanuelle Seigner. Elle devait avoir 15 ou 16 ans, était mannequin à l'époque. Je l'ai présentée à Roman Polanski."
Autre anecdote méconnue lors du casting de L'Été meurtrier : "Gérard Depardieu avait refusé le rôle de Pin-Pon et Isabelle Adjani avait décliné celui de Elle. Je crois que ça a été le casting le plus long de ma carrière. J'ai vu toutes les filles de Paris pendant un an. J'ai même fait faire des essais à Jeanne Mas . (...) Je crois que Jean Becker (qui réalisa L'Été meurtrier, ndlr) attendait en fait de tomber amoureux. (...) Finalement, il a signé avec Valérie Kaprisky. Peu de temps avant le début du tournage, Isabelle a rappelé, elle avait changé d'avis. Un vrai coup dur pour Valérie. J'en ai longtemps voulu à Isabelle, je lui ai même fait la gueule."
Toujours concernant Adjani : "Le problème avec elle, c'est le passage à l'acte. Elle attend la dernière minute pour accepter un projet. (...) Elle, c'est vraiment une star." Puis, Dominique en vient à son pire souvenir. Il concerne cette fois Sophie Marceau, lors de la remise de la Palme d'Or à Rosetta, en 1999 (voir la vidéo ci-dessus) : "L'épisode à Cannes. Un cauchemar. Canal+ avait insisté pour qu'elle vienne à la clôture du Festival afin de remettre la Palme d'Or. Sophie avait refusé mais ils ne la lâchaient pas. Elle a fini par accepter. Elle avait passé la matinée avec des ados en difficulté dans le cadre d'une oeuvre caritative et s'est retrouvée catapultée à Cannes dans un contexte de légèreté et de paillettes. Elle était encore sous le coup de ce qu'elle avait vécu. Pendant son speech, j'étais au premier rang à côté de Johnny Hallyday, je l'ai vue s'enfoncer, je n'en croyais pas mes yeux, j'étais prêt à bondir sur scène pour la sauver." Puis le dîner de clôture où s'est courageusement rendu Sophie : "C'est là que j'ai vu toute l'hypocrisie de ce métier. Tout le monde évitait son regard, tournait la tête comme si elle avait tué quelqu'un. (...) Les gens se sont ensuite déchaînés dans les dîners en ville et je te dis pas les gueulantes que j'ai poussées."
Il achève en donnant une règle de base lorsqu'on s'occupe d'un comédien : "On ne décide pas à la place d'un acteur. La limite, elle est là. C'est comme la drogue au sujet de Béatrice. Je parle de ça il y a quinze ans. J'avais beau lui dire qu'il fallait qu'elle arrête, tant qu'elle ne l'avait pas décidé elle, ça ne servait à rien. Idem pour les rôles. On ne pourra jamais me reprocher d'avoir baissé les bras avec mes acteurs."
Pour découvrir l'interview passionnante de Dominique Besnehard, rendez-vous dans les pages du nouveau numéro de l'édition française du magazine Vogue.
A.I.