Cannes et Bérénice Bejo, c'est une belle histoire d'amour. Les projecteurs se sont braqués sur elle lors de la présentation de The Artist (2011), elle a été la divine maîtresse de cérémonie en 2012 et elle a remporté le prix d'interprétation pour Le Passé d'Asghar Farhadi l'année suivante. Pour la 69e édition, elle est doublement présente à Cannes, mais dans la section parallèle de la Quinzaine des réalisateurs. Elle défend Fais de beaux rêves de l'Italien Marco Bellocchio et L'Economie du couple. C'est ce dernier qu'elle a présenté sur le pavillon UniFrance de la Croisette puis lors d'une soirée en l'honneur de ce long métrage sur la plage Magnum le 13 mai.
Dans L'Economie du couple du réalisateur des Chevaliers blancs, il est question d'un huis clos conjugal. Bérénice Bejo joue Marie, une femme en colère qui se sépare de Boris (Cédric Kahn), le père de ses deux filles, après quinze ans de vie commune. En attendant le divorce, alors que Boris n'a pas les moyens de déménager, ils sont obligés de cohabiter dans la maison où ils ont vécu ensemble, que Marie a achetée et Boris rénovée. Mais à l'heure des règlements de comptes, aucun des deux ne veut faire de compromis.
Ce film est co-écrit avec la fille du président François Mitterrand, Mazarine Pingeot. L'auteure est d'ailleurs venue à Cannes au bras de son compagnon, Didier Le Bret – qui n'est autre que le coordonnateur national du renseignement français depuis juin 2015 –, puisqu'elle s'est séparée du père de ses enfants, Mohamed Ulad-Mohand. Une oeuvre qui nous expose aux sentiments complexes dans lesquels sont pris Marie et Boris, entre ressentiment et difficulté à se quitter.
Pour La Parisienne, Bérénice Bejo, en couple avec le réalisateur de The Artist, Michel Hazanavicius, a été interrogée sur la situation que vit le personnage qu'elle incarne : "Je n'ai jamais connu ce genre de situation. Comme je l'avais un peu traversée dans Le Passé, je craignais une redite. Finalement, on a exploré autre chose. J'ai un garçon de bientôt 8 ans et une fille de 5 ans. Ce que j'ai voulu accentuer, c'est ce côté femme d'aujourd'hui qui ne lâche rien." Ce qu'elle partage avec l'héroïne, c'est peut-être les difficultés financières qu'elle a connues enfant : "Mes parents ont fui en France de Buenos Aires. Ils ont dû se reconstruire et n'avaient pas beaucoup d'argent. Ils avaient toujours peur de ne pas joindre les deux bouts. J'ai connu ça toute mon enfance puis ensuite dans ma vie personnelle."